Une situation qui se dégrade d'année en année

Logement insalubre : Karine Lebon interpelle le gouvernement à l’Assemblée nationale

  • Publié le 13 février 2024 à 18:33
  • Actualisé le 13 février 2024 à 18:36

Ce mardi 13 février 2024, Karine Lebon, députée de la deuxième circonscription de La Réunion, a interrogé le gouvernement "sur le désengagement de l’Etat dans les programmes de résorption de l’habitat insalubre sur notre île, notamment le non-respect de ses engagements dans le projet de RHI de Sans Souci à Saint-Paul". Nous publions ci-dessous son communiqué (Photo d'illustration : www.imazpress.com)

Tout comme la vie chère, la problématique de l’accès au logement est structurelle sur le territoire réunionnais et la situation se dégrade d'année en année.

En raison d'un niveau de pauvreté bien supérieur à l'Hexagone, 80% de la population réunionnaise est éligible au logement social, dont 70% éligible au logement très social. Or, les retards de livraison et la diminution drastique du nombre de projets ont entraîné une accumulation de plus de 40.000 demandes de logements en attente sur l'ensemble du territoire.

À ce manque cruel de logements sociaux s’ajoutent tous les problèmes d'insalubrité et de manque d'entretien des logements existants de la part des bailleurs. La Fondation Abbé Pierre, qui réalise un travail remarquable sur notre île et qui vient de présenter son 29e rapport sur le mal-logement en France, estime à plus de 100.000 le nombre de personnes mal-logées à La Réunion, soit 12% de la population. Beaucoup de personnes se voient contraintes de vivre dans des conditions particulièrement dégradantes et souffrent de pathologies spécifiquement liées à cette insalubrité.

Le vieillissement rapide des matériaux lié au climat réunionnais explique en partie l’insalubrité précoce des bâtiments. L'essentiel de l’habitat étant construit sur la bande côtière, l'agressivité du climat et la corrosion entraînent une dégradation bien plus rapide des logements.

La lutte contre le mal-logement doit être une priorité et nous ne pouvons pas nous contenter de quelques effets d’annonce qui ne sont jamais suivis d’actes concrets.

"Madame la Ministre, 70 ans après l’appel de l’Abbé Pierre, ses mots résonnent encore en nous comme une urgence. Une urgence sociale. Une urgence humaine. Combien de personnes dorment aujourd’hui encore dans la rue ? Combien de femmes, d’hommes et d’enfants vivent dans une pauvreté et précarité tellement extrêmes qu'ils ne peuvent se contenter que d’un logement complètement insalubre", interpelle la députée.

"C’est à l’Etat de mener à bien cette politique de protection et de donner les moyens aux différentes parties prenantes de mettre fin au mal-logement.

Les collectivités territoriales assument leurs parts du travail avec volonté et détermination. C’est le cas de la commune de Saint-Paul, dans la 2e circonscription de La Réunion, qui mènent à bien de nombreux projets de créations et de réhabilitations de logements sur son territoire.

Mais malgré l’engagement sans faille des équipes municipales, la responsabilité qui incombe aux services de l’Etat n’est pas respectée.

Ainsi, lorsque la mairie de Saint-Paul en 2011 a lancé le programme de résorption de l’habitat insalubre du quartier de Sans-Souci, la règle d’un financement de 20% par la commune et de 80% par l’Etat a été respectée les premières années.

Depuis 2020, la posture de la DEAL a changé, leur investissement dans le projet a reculé et la finalisation de cette RHI s'est vue largement retardée. Déjà 13 ans, 13 ans que ce projet a éclos. Il est grand temps d’accélérer. Plusieurs dizaines de personnes sont toujours hébergées en zone de transit attendant désespérément de revenir sur leur terre.

Alors que la DEAL avait donné son aval pour un financement à hauteur de 40 millions d’euros, son désengagement progressif a fait chuter ce montant à 11 millions, soit uniquement 1/4 de ce qui était initialement prévu. De quoi déstabiliser grandement les finances de la collectivité. Car le chantier, lui, a bien débuté et la commune a déjà engagé d’importantes dépenses, plus de 11 millions d’euros à ce jour. La participation de l’Etat, au lieu de respecter le financement à 80%, a donc chuté à 50%.

À la demande de l’Etat, la ville de Saint-Paul a donc fait détruire certaines habitations insalubres afin de mieux reconstruire. Une fois la démolition effectuée, l’Etat a décidé de diminuer sa participation au prétexte que l’insalubrité n’existait plus puisque les logements insalubres avaient été détruits. Cette explication scandaleuse laisse donc plusieurs familles aux oubliettes.

En suivant l’ensemble des nouvelles demandes capricieuses de la DEAL, que ce soit la division du projet en différents lots ou la baisse du coût de production par logement, la commune pensait que l’Etat respecterait les termes de son engagement. Force est de constater qu’elle s’est fourvoyée.

Différentes instances, telle que le comité d’accélération du logement, présidé par Le Préfet, se limitent à des énoncés de bonnes intentions qui ne se traduisent pas dans les faits alors que la situation est très dégradée pour le logement.

A l’heure actuelle, afin de terminer ce projet et de respecter au mieux son objectif initial, la ville de Saint-Paul est dans l’attente de 21 millions d’euros de la part de l’Etat. Plusieurs avis défavorables ont déjà été prononcés sur différentes demandes adressées par la commune. C’est incompréhensible.

Pour permettre à 242 familles d’accéder à un logement décent, ce sont 7 millions d’euros qui sont attendus de la part de l’Etat en 2024.

Madame la Ministre, le constat est clair : quand l’Etat se désengage, ce n’est plus tenable pour les collectivités. Que l’Etat et votre gouvernement prennent enfin à bras le corps la problématique du mal-logement. Ce phénomène extrêmement grave n'est pas irréversible. Le courage politique ne doit pas manquer à une politique du logement juste et efficace. Mais surtout Madame la Ministre, que l’Etat respecte ses engagements, sans quoi rien ne sera plus possible."

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1 Commentaires
kabal
kabal
5 mois

il faudrait que les élus (grande gueule) fasse un peu la part des choses, quand elle dit que la collectivité a fait sa part, laquelle? les collectivités ont une appétence pour les situations qui pourrissent chez SOLIHA (avec des demandeurs qui finissent par mourir avant le passage du technicien SOLIHA)... Quand on appelle la mairie pour savoir qui est en charge de faire appliquer la police du Maire sur l'Habitat, n'a point personne.... même le maire lé pas au courant que lu na ce pouvoir ! A côté de ça pourquoi y fini pas ces RHI? parce que les familles concernés n'arrêtent pas d'évoluer et de changer de souhait tous les 4 matins, si la grande fille lé enceinte, ben faut prévoir un logement en plus, il y a aussi les propriétaires des fonciers qui refusent aujourd'hui de vendre le terrain pour faire les logements sociaux car la spéculation n'aide pas et aussi par manipulation politicienne. Pour que ça marche bien il faudrait que toute la maitrise repasse à l'Etat, du moment que les politiciens locaux y bourre le nez dedans y gate toute! autre exemple la NRL