Emmanuel Macron, muet depuis le second tour, est sorti de son silence: le chef de l'Etat, qui s'est envolĂ© pour Washington ce mercredi 10 juillet pour participer Ă un sommet de l'Otan, s'est adressĂ©e aux Français dans une lettre publiĂ©e dans la presse rĂ©gionale. Refusant la victoire du NFP, il appelle lâensemble des forces politiques Ă "bĂątir une majoritĂ© solide" pour gouverner, un appel au "compromis" et Ă la poursuite du "front rĂ©publicain" relayĂ© par ses troupes en quĂȘte dâune large coalition au Parlement.
Sortant de son silence trois jours aprĂšs le second tour des Ă©lections lĂ©gislatives anticipĂ©es, le prĂ©sident de la RĂ©publique sâest adressĂ© aux Français dans une lettre publiĂ©e par la presse quotidienne rĂ©gionale.
Non seulement "personne ne lâa emportĂ©" dimanche, selon lui, mais il faut "inventer une nouvelle culture politique" face Ă la coexistence inĂ©dite de trois blocs dans lâhĂ©micycle: le Nouveau Front populaire, le bloc macroniste et le Rassemblement national.
Le chef de lâEtat, en dĂ©placement Ă Washington pour un sommet de lâOtan, demande ainsi Ă "lâensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions rĂ©publicaines, lâEtat de droit, le parlementarisme, une orientation europĂ©enne et la dĂ©fense de lâindĂ©pendance française, dâengager un dialogue sincĂšre et loyal pour bĂątir une majoritĂ© solide, nĂ©cessairement plurielle, pour le pays".
Il espÚre voir se former "un projet pragmatique et lisible" et exhorte les partis à "concrétiser par les actes" le front républicain qui a permis de contrer le RN, arrivé troisiÚme dimanche soir avec 143 députés en comptant ses alliés.
Mais toutes ces tractations prendront "un peu de temps", une pĂ©riode Ă lâissue de laquelle Emmanuel Macron "dĂ©cidera de la nomination du Premier ministre".
Allant à l'encontre de ce que prévoit les institutions, Emmanuel Macron s'obstine à refuser de nommer un Premier ministre issu du bloc majoritaire de l'Assemblée nationale. S'il n'attaque aucun parti dans cette sortie bien plus mesurée qu'à son habitude, son refus de travailler avec une partie de la gauche se traduit dans le comportement de certains de ses soldats les plus fidÚles.
Gérald Darmanin, Aurore Bergé, Edouard Philippe : tous appellent à un rapprochement avec les partis de droite pour gouverner, excluant de facto toute une partie de la gauche.
AprĂšs avoir de lui-mĂȘme dĂ©cidĂ© de provoquer le chaos dans le pays en prononçant une dissolution prĂ©cipitĂ©e, qui se termine dĂ©sormais d'une façon qui ne lui convient pas, le PrĂ©sident laisse aujourd'hui aux Ă©lu.es la dĂ©licate tĂąche de trouver un terrain d'entente apaisĂ©. Le tout aprĂšs trois jours de silence et un dĂ©part pour Washington.
- Tollé -
Une lettre qui a créé - sans surprise - un tollĂ©. A gauche, Jean-Luc MĂ©lenchon a estimĂ© que le PrĂ©sident "refuse de reconnaĂźtre le rĂ©sultat des urnes qui a placĂ© le Nouveau Front Populaire en tĂȘte des votes et des siĂšges Ă l'AssemblĂ©e". "C'est le retour du droit de veto royal sur le suffrage universel. Il prĂ©tend donner du temps pour former une autre coalition par magouilles aprĂšs les Ă©lections" a-t-il dĂ©noncĂ©.
ClĂ©mence GuettĂ©, une des dĂ©putĂ©es mises en avant par LFI pour un Ă©ventuel poste de PremiĂšre ministre, a fustigĂ© un PrĂ©sident "plus seul que jamais" qui "brutalise". "Il avait jetĂ© la France dans les bras de l'extrĂȘme droite, nous lâavons Ă©vitĂ©. Maintenant, le Nouveau Front populaire doit gouverner", Ă©crit-elle sur X.
"Emmanuel Macron aussi, en 2022, 'ne l'a pas emporté'", "il a été élu pour faire barrage", a rappelé de son cÎté député de la Somme François Ruffin, qui a rompu avec LFI.
"Cela ne l'a pas empĂȘchĂ© de faire la retraite Ă 64 ans, de brutaliser les citoyens et les institutions", a-t-il soulignĂ©. "Cette maniĂšre de gouverner, avec arrogance et toute puissance, personne Ă gauche ne souhaite la reproduire".
"Ăa fait 7 ans quâon nous sert le âen mĂȘme tempsâ Ă toutes les sauces. Mais on ne peut pas perdre et gagner en mĂȘme temps. Il faut accepter le verdict des urnes du 1er et du 2nd tour de lâĂ©lection", a rĂ©agi la secrĂ©taire nationale des Ăcologistes Marine Tondelier sur X.
"La logique institutionnelle lui dicte dâappeler les chefs de parti du Nouveau Front populaire pour nous demander de lui proposer le nom dâun Premier ministre et un gouvernement", a-t-elle ajoutĂ©.
A l'extrĂȘme-droite, Jordan Bardella a estimĂ© qu'Emmanuel Macron "organise la paralysie du pays en positionnant lâextrĂȘme gauche aux portes du pouvoir, aprĂšs d'indignes arrangements". "Et son message est dĂ©sormais: dĂ©brouillez-vous. Irresponsable!", s'est indignĂ© le prĂ©sident du Rassemblement national.
- Visions diverses -
Cette prise de parole dĂ©cisive intervient au moment oĂč le camp prĂ©sidentiel se dĂ©multiplie Ă lâAssemblĂ©e nationale pour dĂ©gager une majoritĂ©.
Les macronistes tentent ainsi de convaincre que le Nouveau Front populaire, arrivĂ© en tĂȘte des lĂ©gislatives de dimanche avec 190 Ă 195 dĂ©putĂ©s, et tout particuliĂšrement La France insoumise, ne sont pas lĂ©gitimes pour gouverner seuls.
Dans un communiquĂ©, les dĂ©putĂ©s Renaissance ont ainsi plaidĂ© pour "des alliances programmatiques" au sein dâune "coalition de projet allant des sociaux-dĂ©mocrates Ă la droite de gouvernement", sans LFI.
Mais dans le détail, plusieurs lignes se chevauchent dans les rangs macronistes sur la stratégie à adopter.
Certains, menĂ©s notamment par GĂ©rald Darmanin, lorgnent essentiellement la droite pour trouver des alliĂ©s. "Il peut y avoir un Premier ministre de droite, ça ne me gĂȘnerait en rien", a ainsi dĂ©clarĂ© le ministre de lâIntĂ©rieur sur CNews et Europe 1.
Cela rejoint la posture de lâancien Premier ministre Edouard Philippe, qui plaide lui pour la signature dâun "accord technique" avec Les RĂ©publicains, en vue "dâavancer et de gĂ©rer les affaires du pays pendant au moins un an".
- Groupe Renaissance fragilisé ? -
Mais une autre frange du camp prĂ©sidentiel, notamment son aile gauche, voit plus large. Sacha HouliĂ©, marcheur de la premiĂšre heure et ex-prĂ©sident de la commission des Lois, a annoncĂ© quâil ne "siĂ©gera pas" au groupe Renaissance, prĂ©fĂ©rant tenter de crĂ©er un groupe "qui aille de la droite sociale Ă la gauche socialiste".
Dans la mĂȘme veine, la prise de position du patron du MoDem François Bayrou risque de ne pas passer inaperçue.
Ce proche alliĂ© dâEmmanuel Macron a martelĂ© auprĂšs de lâAFP quâon "ne peut pas faire un gouvernement dâunion nationale avec un seul camp", plaidant pour la dĂ©signation dâun Premier ministre capable de "rassembler", sans sâexclure lui-mĂȘme de ce scĂ©nario.
Les mains tendues peuvent-elle aboutir ? Certains responsables de la droite semblent sâouvrir Ă lâidĂ©e, dâautres sont plus sceptiques.
"Nous ne participerons pas Ă des coalitions gouvernementales", a affirmĂ© le prĂ©sident fraĂźchement Ă©lu du groupe LR rebaptisĂ© « Droite rĂ©publicaine », Laurent Wauquiez. Mais il nâĂ©carte pas un "pacte lĂ©gislatif" pour la "revalorisation de la France qui travaille".
A gauche, plusieurs responsables ont dĂ©plorĂ© que le chef de lâEtat, selon eux, ne respecte pas le rĂ©sultat des Ă©lections.
"Sa majoritĂ© a perdu (...) Il y a une force politique qui est en tĂȘte, donc elle a gagnĂ©", a dĂ©clarĂ© le dĂ©putĂ© insoumis Eric Coquerel, prĂ©sident de la commission des finances sous la prĂ©cĂ©dente lĂ©gislature. Le chef de lâEtat "doit rendre service Ă ce pays en arrĂȘtant de biaiser pour essayer de garder le pouvoir", a-t-il ajoutĂ© sur franceinfo.
La gauche, qui continue de revendiquer Matignon mais nâa toujours pas proposĂ© son Ă©quipe gouvernementale, dĂ©nonce les "manigances" du camp prĂ©sidentiel.
Le NFP bataille aussi en interne entre ses deux principales composantes, des Insoumis à peu prÚs stables entre 70 et 80 élus, et un Parti socialiste (PS) revigoré qui espÚre faire au moins jeu égal pour proposer un Premier ministre issu de ses rangs, comme son premier secrétaire Olivier Faure.
www.imazpress.com avec l'AFP

Déni de démocratie ... il avait eu moins de députés que le Nouveau Front Populaire la derniÚre fois et avait gagné selon lui !! Alon Sobat !!
Deni démocratique
C'est quand mĂȘme la gauche et l'extrĂȘme gauche qui ont appelĂ© Ă voter pour lui, il ne faut pas changer l'histoire.
Macron, avec l'aide de ses complices de Droite et d'extrĂȘme-Droite, a fait de ce pays une dictature !
Le gamin Ă lâ ElysĂ©e a dĂ©cidĂ© de prendre la parole sur la situation politique en France aprĂšs les Ă©lections lĂ©gislatives.
Un intéressant de premiÚre a déjà publié trois aux lettres aux Français depuis sa premiÚre élection en 2017.
Que faut-il retenir de la lettre aux Français ?
Le gamin Ă lâ ElysĂ©e ne se laissera dicter par personne, en lâespĂšce par aucun groupe politique, le choix du prochain Premier ministre. Câest lui et lui seul qui dĂ©cidera le moment venu.
Rien dans le slip, il laisse filer, avec un gouvernement « continuera dâexercer ses responsabilitĂ©s, puis sera en charge des affaires courantes », comme le veut la tradition rĂ©publicaine.