Sommet mondial

G7 des jeunes : Mathilde Lebon, militante réunionnaise, a représenté la France

  • Publié le 23 avril 2023 à 10:35
  • Actualisé le 23 avril 2023 à 15:33

Le Youth 7 est un groupe d’engagement qui rassemble des jeunes issus des pays du G7 qui souhaitent s’investir sur des questions relatives à la gouvernance mondiale. Mathilde Lebon, une jeune réunionnaise militante, a été sélectionnée parmi 300 candidats pour porter les recommandations de la délégation française avec trois de ses camarades français. Le but ? Faire entendre la voix de la jeunesse avant le prochain G7, présidé cette année par le Japon, qui se tiendra du 19 au 21 mai 2023 à Hiroshima.

Au terme de plusieurs semaines de négociations et de rencontres avec des experts, des associations et des jeunes, les délégués du Y7 se sont rassemblés à Tokyo du 7 au 13 avril 2023 pour finaliser leurs recommandations. Mathilde Lebon, qui y a participé livre son témoignage sur cette expérience.

• Quels étaient les enjeux de votre présence au sein de ce sommet Youth 7 ?

- Le but de notre présence était de proposer des recommandations aux dirigeants du G7 (l'Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l'Italie, le Japon, le Royaume-Uni) qui se réuniront mi-mai. Les sujets sont divers : climat et environnement, transformation digitale, résilience économique, santé globale et bonheur - dont je portais les recommandations - ainsi que paix et sécurité. 

On travaille ensemble, avec les délégations étrangères,  à co-construire des pistes de réflexions sur différents sujets portés par les intérêts de nos différents pays. Le but final est la rédaction d'un communiqué qui comprend 44 propositions fortes adressées aux dirigents du G7. 

Il s'agit aussi de poser les bases pour nos camarades du Youth 20 (équivalent du Y7 mais pour le G20) qui se tiendra en Inde prochainement.

• Comment se passent les sélections pour participer à un tel événement ?

- La mission est proposée par l'institut Open Diplomacy, un "think tank" (groupe de réflexion) qui met en place des délégations nationales de jeunes afin de les envoyer dans différentes instances internationales. J'avais déjà candidaté il y a deux ans mais je n'avais pas été sélectionnée.

Les exercices pour y accéder sont compliqués : il faut écrire un post sur LinkedIn traitant d'une proposition défendable au G20 ou bien simuler des négociations pour la rédaction d'un communiqué. Dans cet exercice, j'ai dû représenter les intérêts des Etats-Unis. 

Et puis on est évalué sur notre capacité à défendre nos positions, à négocier, mais aussi sur notre maîtrise de l'anglais tout en prenant en compte les défis intrinsèques au pays représenté et internationaux.

- "Une image la diplomatie internationale au plus haut niveau" -

• Que faites-vous concrètement une fois les délégations réunies pour le sommet ? 

- On avait une semaine pour la rédaction du communiqué avec nos recommandations. Notre planning était millimétré, découverte de la culture japonaise, visites culturelles et notamment le mémorial de paix d'Hiroshima.

Ensuite nous avons eu trois jours de négociations qui étaient très difficiles. On est autour d'une table, et on n'arrive pas toujours à un consensus. Par exemple, on a débattu de longues heures pour savoir si oui ou non, on condamnait unanimement l'invasion Russe en Ukraine.
Certains ont une vision différente de la notre, ça se joue au mot près. C'est un milieu assez adverse qui donne une image assez précise de ce qu'est la diplomatie internationale au plus haut niveau.
 
L'exercice est aussi très fatiguant car il faut absolument communiquer en anglais. Et puis on ne dort pas beaucoup, on débat jusque tard dans la nuit. Défendre des sujets qui nous sont chers peut aussi ne pas être compris par tout le monde.
 
Par exemple, j'ai voulu aborder la pornographie comme un sujet de santé publique. Ma position défendait les atteintes à l'éducation sexuelle, à la santé mentale et aux violences faîtes aux femmes. Là où d'autre pays y voyaient un jugement moral de ma part.
 
• Quelle est la suite désormais ?
 
- Ça ne fait que commencer ! Ces propositions ont été remises, le 13 avril, par l’ensemble des délégations au premier ministre japonais Fumio Kishida lors d’une cérémonie officielle au Sōri Kantei en amont du sommet du G7.

Ça ne paraît qu'"un communiqué" comme ça mais c'est pour que les sujets dont nous nous sommes emparés, puissent faire leur chemin à l'oreille des dirigeants, notre travail ça sera de le répéter, encore et encore.

Le problème de la santé mentale chez les jeunes est sypotamique des causes que nous défendons : combien de jeunes dirigeants siègent au G7 ? Aucun, c'est donc un bon moyen de plaidoyer, pour les jeunes, sur des problématiques inhérentes à notre âge. 

On ira aussi au ministère des affaires étrangères pour faire un rapport cette expérience et surtout pour porter ces propositions qui sont maintenant rédigées. Pour ma part, ça renforce mon idée de militer en faveur des droits des femmes.

J'ai pu rencontrer au cours de la préparation de ce sommet, de nombreux experts, d'associations et une sénatrice, Laurence Rossignol, mais aussi un expert de One Heath Environnement, une association qui reconnaît que la bonne santé des personnes est aussi liée à celle des animaux et de la Terre.

Des rencontres dont je me suis nourrie et qui me donnent envie de continuer à défendre ces causes qui me sont chères.  

hd/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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