Lutte contre l'immigration

Mayotte : Wuambushu, une opération qui inquiète

  • Publié le 7 avril 2023 à 17:01

Alors que l’opération d’expulsion massive se rapproche à Mayotte, des associations s’inquiètent de l’impact et du déroulement de cette opération spéciale. Baptisée « Wuambushu » ("reprise", en shimaoré, la langue de Mayotte), elle a été décidée par le ministère de l’Intérieur et devrait débuter le 20 avril. Des soignants de Mayotte, des magistrats, des associations des droits humains mais aussi des citoyens sont aujourd’hui préoccupés et dénoncent « des répercussions dramatiques » pour la population concernée.

Risque sanitaire, peur d’un embrasement, atteintes aux droits humains…Les préoccupations sont nombreuses sur le terrain.

Dans une tribune libre publiée ce jeudi, une centaine de soignants locaux alertent les autorités sur les risques sanitaires que l’opération pourrait engendrer. « Le bilan des précédentes interventions de grande ampleur en matière de lutte contre l’immigration ou l’insécurité impliquait des conséquences dramatiques » affirment-ils.

Ils citent notamment la  « génération de situations à risque infectieux épidémique dans les zones d’hébergement d’urgence », la « limitation de l’accès aux soins, soit à cause de la destruction de leur habitat, soit à cause des contrôles d’identité exacerbés, soit par l’effet indirect des blocages et des violences », ou le «  retentissement structurel sur la société civile : surcharge des infrastructures sanitaires (…) déficit d’hébergements avec précarisation secondaire, surrisque épidémique, violences (…) ».

En février déjà, la section régionale du Syndicat de la magistrature dénonçait « un amalgame entre immigration et délinquance ainsi que l’instrumentalisation dont fait l’objet l’institution judiciaire qui se retrouve mise au service d’une politique pénale décidée par le ministère de l’intérieur ».

Les magistrats craignent notamment « que les magistrats n’aient d’autres choix que d’être au service d’une politique pénale du tout répressif et expéditive, dans une ambiance de chasse aux sans-papiers et de potentielles émeutes ».

« Ces choix se font au mépris d’enquêtes pénales plus approfondies qui permettraient de lutter plus activement contre les atteintes à la probité et d’une montée en puissance de la justice civile, seul vecteur d’accès au droit pour tous, et pourtant parent pauvre de la justice mahoraise » ajoutent-ils.

Le projet est aussi dénoncé par la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), qui demande l’annulation pure et simple de l’opération. Dans une lettre ouverte au ministère de l’Intérieur, elle s’inquiète d’une « aggravation des fractures et des tensions sociales dans un contexte déjà très fragilisé » et d’une « atteinte au respect des droits fondamentaux des personnes étrangères dans le cadre d'expulsions massives ».

- Colère aux Comores, avis mitigés à Mayotte -

Aux Comores, les médias s'inquiètent des répercussions de l'opération, notamment en matière de relations diplomatiques. D'après Comores infos, "une délégation conjointe de haut-niveau conduite par les ministères français des Affaires étrangères et de l'Intérieur a
été reçue par le ministre des Affaires étrangères comorien".

"Au cours de cet entretien, plusieurs sujets ont été abordés, notamment les échanges économiques et humains, la sécurité maritime et les migrations régionales, les liens avec Mayotte, la coopération dans l'océan Indien et la présidence de l'Union Africaine" détaille le média.

Sur place, les avis semblent mitigés. Le député Mansour Kamardine par exemple, soutient le projet du gouvernement. « Vivement le temps de l’action pour que nous retrouvions un peu de sérénité à Mayotte » a-t-il en effet réagi sur Twitter.

Mais plus que tout, c’est le résultat de cette opération qui interroge. Après destruction des habitats, où seront logés les personnes en situation irrégulière ? Les places d’hébergement manquent cruellement.

Une fois les forces de l’ordre reparties, qu’est-ce qui empêchera les personnes expulsées de revenir ? Car là réside tout le problème : les expulsions ne fonctionnent pas. Preuve en est que la situation actuelle n’existerait pas si les mesures d’éloignements avaient un quelconque effet.

Dans ce contexte, le timing de l’opération interroge. La nouvelle loi immigration devrait être présentée sous peu. Gérald Darmanin semble de moins en moins cacher ses ambitions présidentielles. Alors, vraie préoccupation pour les Mahorais ou opportunisme ? Telle est la question

Lire aussi : Expulsions massives en préparation à Mayotte : détails et dessous d'une opération hors normes


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1 Commentaires
Didier Naze
Didier Naze
11 mois

Personnellement....je n en ai que faire des répercussions 😤😠....la RÉCUPÉRATION ET LE GRAND ...NETTOYAGE DOIVENT S EFFECTUER.....SANS AUCUNE COMPASSION ET AUCUN ÉTAT D AME😈😡...il y en a marre de ces problèmes...qui impacte et ....qui POURRISSE la vie notre île...la Réunion....mon rêve c est chacun chez soi !! 😬😐....