[PHOTOS/VIDÉOS] Plébiscité sur les réseaux sociaux

MMA : Big Morel, le gladiateur tendance

  • Publié le 21 avril 2024 à 08:59
  • Actualisé le 21 avril 2024 à 09:00

Big Morel est l’une des attractions réunionnaises du moment sur les réseaux sociaux. Le combattant de MMA plaît à la jeune génération autant pour ses exploits spectaculaires dans la cage que par la simplicité dont il fait preuve en dehors. Invaincu en quatre combats, il espère défier bientôt le champion d’Hexagone MMA Prince Aounallah, motivé par une communauté de fans qui ne cesse de grossir sur son île (Photos : sly/www.imazpress.com)

La vidéo de son terrifiant "spinning back elbow", un coup de coude retourné imparable contre le Sénégalais Diop, a fait le tour du monde, en 2023. Des youtubeurs américains l’ont même contacté pour l’interviewer sur ce KO spectaculaire.

Lorsqu’il s’est déplacé en Afrique du Sud, pour son troisième combat de MMA chez les pros, les Sud’Af l’ont vite reconnu, à l’instar des forces de police et de gendarmerie à la Réunion, qui n’hésitent pas à l’arrêter parfois, "pour prendre une simple photo", avoue- t-il à moitié interloqué.

Le mois dernier encore, une centaine de personnes s’était massée en un instant autour de sa grosse carcasse, rien que pour le saluer, lors de son quatrième et dernier combat, à l’Arena Futuroscope de Poitiers.

A 31 ans, Anthony Big Morel est victime de son succès. Invaincu en quatre combats chez les poids lourds, dans les deux organisations professionnelles avec lesquelles il est sous contrat (Hexagone MMA et Extreme Fighting Championship), il est en passe de venir un phénomène, dont on ne veut surtout pas manquer les fulgurances dans la cage et à propos duquel on se partage sans modération toutes les vidéos circulant sur la toile. Lui évoque non sans fierté les 210.000 interactions autour de son nom sur les
réseaux sociaux, lors des jours qui précèdent ou suivent ses combats, "dont 89 % venant de la Réunion" se félicite-t-il.

- "Je suis le sportif réunionnais le plus médiatisé" -

Dans sa salle d’entraînement de Grandbois, entouré de Gérard Maillot, son mentor, le natif de Saint- Joseph ne se départit pourtant pas de sa bonhomie joviale au moment d’évoquer cet engouement autour de son nom. "Je reste naturel, dit-il avec un large sourire. Tant mieux si les gens viennent vers moi, si j’intéresse les médias et que je suis le sportif réunionnais le plus médiatisé."

C’est ce qu’il pense et il le balance sans détours. tant, estime-t-il sûr de lui, les coupures de presse à sa gloire, les invitations sur les plateaux de télévision et le dernier objet en date de son ascension médiatique, un documentaire inédit "La Réunion, nouveau berceau des champions de MMA" diffusé dans Archipels sur Réunion La 1re, dans lequel il intervient en compagnie de Gaël Grimaud, sont la preuve du fort intérêt qu’il suscite. "Même sur le site RMC, ma vidéo est présente entre celles de Ciryl Gane et de Benoît Saint-
Denis, deux légendes du MMA français", enchérit-il à peine étonné par cette mise en lumière.

En fait, Big Morel vit un rêve éveillé. Alors qu’il n’était qu’un bon lutteur, multiple champion de France, tout de même, mais maintenu dans un relatif anonymat, sa rencontre avec le MMA a changé sa vie en même temps qu’elle attirait à lui un début de renommée.

Sûrement parce que cette discipline autorisée en France depuis 2020, est un véritable phénomène de société, autour duquel gravite une énorme communauté de suiveurs, capable de se lever en pleine nuit pour regarder un combat dantesque, comme l’on savourait naguère en boxe anglaise un Hagler-Hearns d’anthologie ou le si célèbre "No Mas" entre Ray Sugar Léonard et Roberto Duran.

- "Je me sens comme un gladiateur des temps modernes !" -

La jeune génération est littéralement fascinée, par ses héros contemporains du MMA, auxquels elle s’identifie, en célébrant leur force bestiale et leur courage. "Je me sens comme un gladiateur des temps modernes !", glisse d’ailleurs convaincu notre Big Morel péi. "Il faut savoir en effet que les gladiateurs combattaient déjà en 1050, à l’Arène Antique d’Orange, où je me suis produit lors mon premier combat !"

"Donc quasi mille ans après, je n’ai fait que leur succéder en affrontant un énorme Sénégalais avec une grosse balafre en travers du visage."

Big Morel est un showman. Il sait par conséquent comment capter l’attention de son public. En laissant planer l’image d’un homme indestructible. "Je n’ai pas 100 % confiant en mes capacités au départ mais je me sens malgré tout invincible quand je rentre dans la cage sinon je ne rentrerais pas", dit-il. "Je suis toujours sûr que je vais gagner. J’ai ça en moi depuis que je suis tout petit. Je n’ai jamais eu peur. Je me suis toujours dit dans ma tête que j’étais le plus fort du monde alors que je sais très bien théoriquement
que ce n’est pas le cas. Mais j’arrive à m’en persuader."

- "J’ai envie d’éteindre mon adversaire" -

Par réflexe de survie, sûrement. "Je suis enfermé dans une cage avec un monsieur, rigole-t-il encore. C’est lui ou moi alors je dois être agressif à l’extrême pendant les trois rounds de cinq minutes. Je ne dirai pas que je déteste mon adversaire. Mais c’est sûr que j’ai envie de le détruire, l’éteindre. C’est le jeu !"

Mais si les Réunionnais aiment autant ce personnage volubile, ce n’est pas uniquement parce qu’il met le feu aux poudres avec des déclarations tonitruantes ou qu’il provoque l’étincelle chez son supporter en désintégrant son adversaire sur un coup de genou ou une souplesse parfaitement exécutée comme lors de deux de ses combats remportés. C’est aussi parce qu’ils reconnaissent en lui, au-delà du masque du showman, la simplicité d’un mec qui redevient normal, sociable, quand il sort de l’octogone. Un gars la kour, qui n’oublie jamais ses savates deux doigts et son drapeau de La Réunion, avant d’entrer dans l’arène.

Un homme qui a œuvré auprès d’enfants mineurs emprisonnés dans le nord de la France, où il habitait il y a quelques années, quand il était éducateur sportif, pour les remettre dans le droit chemin. "J’ai même écrit un truc sur la réinsertion sociale par le sport", avoue-t-il avant de développer.

"Je pense que le MMA peut être utilisé comme une pratique éducative afin de canaliser la violence et fixer un cadre avec des règles. Beaucoup de jeunes rêvent en effet d’être champions du monde de MMA, aujourd’hui. Mais il faut leur faire passer le message que pour y prétendre, il faut commencer par se lever tôt, se coucher tôt, faire preuve de respect, de discipline. Tout ce que tu apprends de règles de vie sociale dans le MMA doit être transférable dans ta vie quotidienne."

- "J’ai envie de poser mes fesses sur son trône" -

Big Morel c’est aussi le garçon qui ne se contente pas seulement d’être un cadre qui manage une équipe de trente agents de médiation sur le réseau car jaune "pour lutter contre la fraude et l’insécurité", mais sert la collectivité, dès qu’il peut, en tant que pompier volontaire attaché au service du public. "Je pense que le fait de ne pas me prendre au sérieux, de prendre avec une bonne dose de légèreté ce qu’il m’arrive, est un bon cocktail, définit-il. Les gens voient bien que je suis accessible, que je parle avec tout le monde
et que je ne me prends pas pour un autre."

L’autre jour, l’un de ses fans a demandé à le rencontrer. "J’ai accepté, bien sûr. Il est descendu exprès de Saint-Benoît pour me voir, raconte notre gladiateur. J’étais tranquillement en train de pique-niquer à Grande-Anse. Ça s’est fait spontanément. On a passé un bon moment à discuter. Je crois que les mecs d’ici s’identifient à moi parce que je leur ressemble. Ils voient en effet un gars qui n’a pas d’abdos, boit volontiers une bière avec eux, mange un bon sarcive pork sur la plage, écoute le maloya tout en pratiquant un sport qu’ils aiment. Forcément, ça leur parle. C’est à cela je crois que je dois ma popularité. Mais attention, qu’ils ne se trompent pas. Je m’entraîne jusqu’à huit fois par semaine, quand même, pour pouvoir avoir les résultats que j’ai !"

Un vrai sacerdoce pour ce champion ambitieux qui n’attend plus qu’un signe désormais de la part d’Hexagone MMA, pour continuer à rêver de KO. "A la sortie de ma dernière victoire contre le Brésilien Brandao, j’ai défié au micro le champion Hexagone Prince Aounallah, qui a accepté le principe d’un combat contre moi, conclut-il toujours aussi offensif dans le discours. Pour l’instant, j’attends car il sort d’un KO et je ne sais pas quand il sera prêt à m’affronter. Mais ce qui est sûr, c’est que j’ai envie de poser mes fesses sur son trône !" Et de planter le drapeau de La Réunion au sommet de sa discipline.

fp/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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