Coût des obsèques

Entre inhumation et crémation, à La Réunion mourir coûte cher

  • Publié le 5 février 2025 à 11:23

Être confronté au décès d’un proche est une épreuve difficile, souvent déchirante. Mais au-delà de la douleur, les familles réunionnaises doivent aussi faire face à des frais parfois exorbitants. Entre inhumation, crémation et concessions funéraires, le coût des obsèques peut atteindre plusieurs milliers d’euros, mettant certains ménages en difficulté. Si des aides existent, l'anticipation reste souvent un sujet tabou dans les familles. (Photos: sly/www.imazpress.com)

Organiser des obsèques à La Réunion représente une dépense lourde. En moyenne, un enterrement ou une crémation coûte environ 1.500 euros sur l'île, un montant qui inclut le cercueil ou l’urne, le transport du défunt et la cérémonie d’adieu.

Mais ce tarif peut grimper en fonction des prestations choisies. Les familles doivent souvent ajouter des frais supplémentaires pour la concession funéraire, les soins de conservation, la marbrerie ou encore les fleurs.

Pour une cérémonie plus élaborée, la facture peut d'ailleurs facilement atteindre 7.000 euros, voire plus. Des coûts élevés qui s'expliquent par plusieurs facteurs… qui dérangent. Aucun professionnel du secteur contacté n'a ainsi souhaité réagir à ce sujet du coût de la mort.

- Un sujet tabou -

C'est en se renseignant de façon anonyme qu'il a été possible de mieux comprendre la constitution des coûts. Il en ressort que les obsèques coûtent cher car elles nécessitent des matériaux spécifiques, des services spécialisés et des démarches administratives incompressibles.

Le tout est souvent facturé à un prix élevé, notamment à La Réunion, où les coûts de transport et d’importation de certains matériaux augmentent encore la note. Le cercueil représente une part importante de la note. Un modèle en chêne ou en acajou avec des finitions travaillées peut dépasser les 3.000 euros.

La marbrerie funéraire (stèles, plaques, caveaux) peut également coûter plusieurs milliers d’euros en fonction du matériau choisi (granit, pierre…). En outre, les tarifs des pompes funèbres varient selon le niveau de prestation et l’urgence du décès.

Ils peuvent comprendre l’organisation des obsèques, le transport du corps, la mise en bière et les formalités administratives.

La mise en bière et la présentation du défunt en chambre funéraire impliquent parfois des soins de conservation, réalisés par des thanatopracteurs. Ces soins peuvent coûter plusieurs centaines d’euros.

Par ailleurs, une inhumation nécessite l’achat ou le renouvellement d’une concession funéraire auprès de la mairie.

- Démarches et droits funéraires -

Sébastien Gustavin, responsable des affaires funéraires à la mairie de Saint-Denis, rappelle les règles en la matière : "À Saint-Denis, la durée standard d’une concession est de 15 ans et son coût est fixé à 250 euros. Cela simplifie la gestion des dossiers administratifs et permet un suivi efficace des renouvellements "

Contrairement à l’achat d’un terrain, il s’agit d’un droit d’usage, temporaire ou perpétuel, accordé par la mairie. Le concessionnaire reçoit un acte officialisant son droit d’usage. Il est responsable de l’entretien du lieu et doit veiller à maintenir le monument funéraire en bon état.

En cas de dégradation ou d’abandon, la commune peut intervenir. Pour déclarer une concession en état d’abandon, plusieurs vérifications sont effectuées. La concession doit exister depuis plus de 30 ans et la dernière inhumation doit dater de plus de 10 ans.

Si ces critères sont remplis, une procédure d’un an est enclenchée par la collectivité, pouvant aboutir à la reprise de l’espace par la mairie. "En l’absence de renouvellement, la commune peut réattribuer l’espace, mais toujours après avoir informé les familles concernées", explique Sébastien Gustavin.

- Des aides existent, mais elles restent limitées -

Face à ces coûts élevés, plusieurs dispositifs permettent d’alléger la charge financière des familles. Certaines mutuelles proposent des contrats spécifiques, qui prennent en charge une partie des frais ou offre un capital allant jusqu'à une certaine somme pour couvrir les obsèques.

Par ailleurs, des aides publiques peuvent être sollicitées. Le Département de La Réunion prévoit un soutien financier de 3.000 à 5.000 euros pour les Réunionnais décédés à l’étranger afin que le corps du défunt puisse être rapatrié.

Les centres communaux d’action sociale (CCAS) attribuent également des aides selon la situation des familles endeuillées. Mais ces dispositifs restent insuffisants pour couvrir la totalité des frais.

Aurélien Centon, président de l’association Pti Cœur, alerte sur la détresse des familles : "Dans la précipitation, certaines personnes signent des devis très élevés. Nous conseillons toujours de comparer les prix et de ne pas hésiter à solliciter les aides disponibles."

- Un fardeau supplémentaire pour les familles -

Au-delà de la charge financière, la gestion administrative d’un décès représente un véritable parcours du combattant. De nombreuses familles se retrouvent perdues face aux démarches à accomplir.

"Si on a la chance d’avoir une personne qui connaît les procédures, ça va. Sinon, c’est une épreuve très compliquée", déplore Aurélien Centon.

Entre la tristesse et la pression financière, certaines familles vivent un véritable calvaire. C’est pourquoi les associations et les professionnels du funéraire encouragent à anticiper ces questions de son vivant, malgré le tabou qui entoure encore la mort à La Réunion.

"Il faut en parler, discuter de l’après avec ses proches, prévoir un contrat obsèques si possible", insiste le président de Pti Cœur.

- Anticiper pour alléger la charge des proches -

Si mourir coûte cher, se préparer à cette éventualité permet d’éviter à ses proches un poids supplémentaire dans un moment déjà éprouvant. Les mutuelles, les aides sociales et les conseils des professionnels peuvent aider à limiter l’impact financier des obsèques.

Mais pour de nombreuses familles réunionnaises, le deuil reste aussi une affaire de solidarité. Trouver du soutien auprès d’associations, se renseigner sur les aides disponibles et comparer les devis permettent d’alléger la douleur, au moins sur le plan matériel.

pb/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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7 Commentaires
Reunionnais
Reunionnais
1 mois

Le minimum syndical est largement suffisant, on doit honorer nos vivant pendant qu'ils sont vivant, une fois de l'autre côté, le corps n'est plus qu'une vulgaire carcasse inutile...

Pierrot 974
Pierrot 974
1 mois

@GRAMOUNE TAMBY
Je comprends votre désarroi et le partage.
Le travail au black est une véritable institution sur notre île. Aucun contrôle n'est effectué par les services compétents.
Le secteur de la mort n'y échappe malheureusement pas.

Mondon
Mondon
1 mois

Quelle HONTE de se faire du pognon sur les morts et tirer profit du dérarroi de la famille meurtrie !
Et pourquoi payer si cher pour des vers de terre ? Pour une enveloppe charnelle ?

Gramoune Tamby
Gramoune Tamby
1 mois

Lors de la cérémonie d'un DC d'un Tamoul pratiquant la religion, malgré la souffrance des familles endeuillées de la perte d'un être cher, le coût demandé par l'officiant est de 3 à 5 000 euros payés en liquide donc sans déclaration fiscale, sans cotisation sociale...etc. j'adresse ce message au président de la communauté tamoule, pourquoi qu'aucune réglementation n'est prévue pour cette cérémonie ? Pourquoi autant de business sur la mort ? Que font les contrôleurs de la SS sur ce travail au noir ? A quand une mutuelle tamoule pour encadrer tout ça ? Comment éviter que ces voleurs utilisent les obsèques pour s'enrichir alors que la SS est en grande difficulté ?Des contrôles SVP.

Francis Benveniste
Francis Benveniste
1 mois

La-dessus, imaginez les frais de succession, tres eleves s'il n'y a pas de filitation directe. La encore, en prevention, les conseils d'un notaire sont precieux. PS : je ne suis pas notaire :)

Daniel
Daniel
1 mois

il faut des contrôles sur l'arrosage des Tombes l'entretien

Francis Benveniste
Francis Benveniste
1 mois

Juste, il faut des controles.