Depuis le début du mois de janvier, l’ensemble des récifs coralliens de La Réunion est touché par un phénomène de blanchissement intense, causé par les fortes températures de l’eau de l’océan. (Photo sly: www.imazpress.com)
"Le phénomène, qui a atteint son paroxysme vers fin mars, correspond à un état de stress du corail", précise la préfecture. Le corail est donc encore vivant, mais peut mourir si la température de l’eau ne baisse pas ou s’ils subissent d’autres agressions. Les colonies coralliennes blanchies sont donc particulièrement vulnérables.
Afin d'évaluer l’ampleur du phénomène de blanchissement et sa mortalité associée, ainsi que les impacts directs du cyclone Garance sur les récifs coralliens, l’État, avec l’Ifrecor (Initiative française pour les récifs coralliens), et en lien la Réserve naturelle nationale marine de La Réunion et d’autres structures et experts en milieu récifal, finance et pilote une étude.
"Les suivis sont réalisés sur l’ensemble des récifs coralliens frangeants de l’île", explique la préfecture. "Notamment sur les récifs de Grand-Bois et de Grande-Anse qui sont les récifs réunionnais en meilleure santé et peu étudiés". Mais aussi sur les platiers coralliens (« lagons ») et les pentes externes (récifs situés derrière la « barrière de corail » coté large).
- 60 % du recouvrement corallien touché par le blanchissement intense -
Et les premiers résultats ne sont pas bons. Ils indiquent que le blanchissement corallien 2025 est intense sur tous les platiers et les pentes externes des récifs de La Réunion :
- Un blanchissement intense avec environ 60 % du recouvrement corallien touché ;
- Une mortalité faible à ce stade qui touche 3 % du recouvrement corallien ;
- Les pentes externes sont plus sévèrement touchées (environ 78 % du recouvrement corallien) que les platiers (environ 54 %) ;
- Tous les secteurs sont fortement touchés, mais on note une variation spatiale : les platiers les plus touchés sont ceux de Saint-Gilles (76 % du recouvrement) et les pentes externes les plus touchées sont celles de Grand-Bois et de Grande Anse (92 % du recouvrement corallien) ;
- Le récif de l’Étang Salé, surtout son platier, est le moins impacté, mais tout de même à hauteur de 40 % environ ;
- Les Acropores, coraux qui abritent de nombreux organismes sont parmi les plus touchés.
"La mortalité corallienne totale associée au blanchissement sera évaluée dans un second temps, lorsque les températures de l’eau auront baissé, au début de l’hiver austral", annonce la préfecture.
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Le cyclone Garance, qui a touché l’île de La Réunion le 28 février 2025, a surpris par l’intensité des débits des ravines qui ont charrié d’importants volumes d’eau douce chargée de déchets, de terres, de divers sédiments et de polluants sur les récifs. Des déchets qui stagnent encore aujourd’hui, plus d’un mois après le passage du cyclone. "Des dépôts de terre et de vase se sont formés et atteignent près de 40 cm dans certains secteurs", assure la préfecture. "Ces rejets provenant des bassins versants constituent des pressions importantes pour les récifs qui sont déjà fragilisés par les hautes températures de l’eau, et augmentent le risque de mortalité des colonies coralliennes".
L’épisode de blanchissement en cours a ainsi rendu les coraux plus sensibles à la pression de Garance. Il faut savoir que les cyclones cassent habituellement des coraux par l’effet mécanique de la houle. Un effet qui peut être amplifié par l’arrivée massive d’eau douce et des apports associés provenant des ravines et bassins versants. D'après la préfecture, l’aménagement, la gestion du littoral et des bassins versants (imperméabilisation des sols, cultures dans le sens de la pente, mise à nu des sols, défrichement des zones naturelles…) favorisent le ruissellement et la perte de sol qui se retrouvent dans les lagons. "Des initiatives sont à poursuivre, telles que la convention de partenariat signée entre l’État, le Département, le Territoire de l’Ouest et la commune de Saint-Leu pour maîtriser le risque d’érosion des sols".
Sans oublier que la dégradation de l’état de santé des récifs pourrait avoir également des conséquences importantes sur les services qu’ils rendent à la population réunionnaise tels que la pêche, le développement du tourisme, ou la prévention contre les risques naturels grâce au rôle de "brise-lames" naturels. La valeur économique des services rendus par les récifs réunionnais est estimée à 49 millions d’euros par an par l’Ifrecor.
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