Ce jeudi 28 novembre 2024, dans le cadre de l’examen de la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites, Karine Lebon, la députée de La Réunion, a prononcé un discours. Nous le publions en intégralité ci-dessous. (Photo photo RB/www.imazpress.com)
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Chers collègues,
Lorsque le camp gouvernemental, pourtant minoritaire, est prêt, seul contre tous, à s’élever contre l’intérêt général, le seul résultat possible est un affaiblissement de la confiance de nos concitoyens à l’égard de la politique.
En 2023, notre vote a été interdit. En 2023, vous avez imposé avec la plus grande brutalité une réforme des retraites qui faisait pourtant l’unanimité contre elle. En 2023, la faiblesse de votre gouvernement vous a contraint à utiliser la force comme unique recours.
À la majorité de l’Assemblée nationale vous avez répondu 49-3. Aux mobilisations citoyennes et syndicales vous avez répondu compagnies de CRS. Et tout cela dans quel intérêt ? Afin de nous garantir la confiance des marchés financiers nous dit-on ! De sécuriser le financement de notre système de retraites par répartition.
Et pour ce faire, rien de tel qu’un détricotage minutieux de tout ce qui fait le cœur même de notre système de protection sociale. Évidemment, il est toujours plus aisé de céder au chant des sirènes du malheur qu’aux chants de l’espoir.
Il est plus aisé de mettre une si lourde responsabilité sur le dos des travailleuses et des travailleurs que sur ceux qui, grâce à vos dispositifs, échappent à la contribution collective.
Prétendre que sans une cotisation supplémentaire de deux ans notre système de retraites s’écroulerait, c’est choisir le scénario le plus catastrophiste de tous ceux exposés par le Conseil d’orientation des retraites.
Le présenter comme le seul scénario possible, cela relève de la manipulation la plus décomplexée. Après avoir passé plus des deux tiers de leur vie à majoritairement servir les intérêts de quelqu’un d’autre, toutes ces femmes et tous ces hommes mériteraient de profiter de leur nouvelle jeunesse.
Vous, au contraire, préférez les condamner. Le passage sans escale du travail au cercueil ne peut pas être un projet politique. En faisant fi de la pénibilité, des réalités ultramarines, des carrières hachées et de toutes les inégalités qui touchent les femmes, vous faites le choix, avec constance il faut l’admettre, de cibler une nouvelle fois votre meilleure proie : les plus défavorisés.
Les territoires qui souffrent des montants de retraite les plus faibles sont Les territoires ultramarins. Et pourtant les territoires les plus impactés défavorablement par votre réforme des retraites sont aussi Les territoires ultramarins.
La Réunion est le département français après Mayotte dans lequel les pensions sont les plus basses, en moyenne 28% inférieures à celles de l’Hexagone. Avec 37% de la population vivant sous le seuil de pauvreté et un chômage structurel qui s’élève à 18%, la moitié des retraités touchent aujourd’hui moins de 850€ bruts par mois.
Mais plutôt que d’améliorer la situation sociale de nos gramounes, votre réforme ne fait qu’enfermer un nombre toujours plus important de personnes dans la pauvreté et la précarité.
Par votre rhétorique, vous avez tenté de légitimer l’illégitime. Aujourd’hui, nous comptons mettre fin à cet enlisement qui ne crée que colère, souffrance et désespoir.
Collègues du camp gouvernemental, ayez le courage de reconnaître vos erreurs et rejoignez enfin le camp de la justice sociale. Ignorez les consignes qui vous ont été données par vos grands chefs.
L’obstruction que vous comptez mettre en œuvre aujourd’hui ne vise qu’à préserver l’égo d’une poignée de personnalités politiques pourtant responsables de cette situation. Pour la toute première fois, n’ayez plus peur. Désobéissez et allons au vote ! Laissez la représentation nationale s’exprimer et retirez vos amendements d’obstruction.
La grande majorité d’entre nous a été élue sur la promesse d’abroger vôtre infâme réforme des retraites. Car au-delà du microcosme de l’Assemblée nationale, ce sont bien les Françaises et les Français qui s’élèvent contre cette injustice.
À gauche, nous nous sommes toujours battus contre la retraite à 64 ans. Nos travaux en commission la semaine dernière l’ont démontré une fois de plus, seuls les députés du NFP sont capables de faire respecter l’intérêt général et de représenter au mieux nos
concitoyens.
La vie de nos concitoyens n’est pas un jouet avec lequel vous pouvez vous amuser comme bon vous semble. Il est grand temps de jeter votre réforme des retraites à 64 ans aux oubliettes avant qu’il ne soit trop tard. Et aujourd’hui, les députés du NFP se tiennent unis pour mener à bien cette mission.
La représentation nationale ne doit plus être empêchée. Nous n’avons jamais rien lâché et nous n’abandonnerons jamais. Quelle que soit la stratégie d’empêchement que vous adopterez, nous reviendrons, à chaque fois, renforcés par la ferveur citoyenne. Jusqu’à la victoire.
Non tyinbo, nou larg pa !
Karine Lebon, députée de La Réunion
Rien, Michel, si t es retraité avec belle retraite et tout pour ta gueule!
Mais qu'est qu'on a foudre.