Danger invisible

Quand les ondes ravagent des vies : la souffrance incomprise des électrosensibles

  • Publié le 3 janvier 2024 à 11:57
  • Actualisé le 4 janvier 2024 à 14:25

Pourtant invisibles à l'œil nu, les ondes électromagnétiques sont omniprésentes autour de nous : téléphones mobiles, wifi, micro-ondes... notre vie est entourée d'ondes ! Les antennes relais, notamment nécessaires pour surfer en 4 voire 5G, envahissent elles aussi le paysage urbain. Mais toutes ces ondes sont-elles dangereuses pour la santé ? S’il est pour l’instant impossible de démontrer les effets néfastes des ondes électromagnétiques sur la santé, il est tout aussi impossible d’en démontrer l’absence de danger. À défaut d’une réponse claire, le principe de précaution prévaut, notamment pour les personnes électrosensibles (Photos : www.imazpress.com)

"L’estimation du nombre de personnes se déclarant électrosensibles à La Réunion n’est pas connue de l’ARS. Seulement quelques signalements sont parvenus depuis une dizaine d’années", indique l'Agence régionale de santé.

Parmi ces personnes, Françoise Abraham, 49 ans, électrosensible depuis plus de dix ans. Sa pathologie – pas encore officiellement reconnue – la mère de famille s'en est rendue compte alors qu'elle enchaînait les maux de tête, les vertiges et les nausées.

"Cela devenait de plus en plus lourd, j'ai fait des examens, j'ai vu des neurologiques, des spécialistes et tous me disaient que c'était psychologique."

Un jour, en 2014, alors qu'elle attend son fils à l'aéroport, ses maux sont de plus en plus fort. C'est là que son mari lui dit que peut-être tout cela a un lien avec les ondes. Le couple se lance alors dans des recherches sur les ondes.

Un an plus tard, le couple résidant à Petite-Île, part rencontrer le professeur Belpomme à Paris. Médecin en cancérologie, il est connu pour ses prises de positions sur l'électrosensibilité. C'est là que Françoise est diagnostiquée électrosensible sévère. "Cela m'a rassuré, je me dis que je n'étais pas folle."

Pour s'assurer que les ondes étaient bien en jeu, son mari Frantz Abraham faisait des tests, sans prévenir sa compagne. "Mon mari arrêtait les appareils sans me dire puis les remettait. Et dès qu'il les remettait ça allait moins bien."

"Une fois, nos enfants avaient mis le wifi pendant notre absence. Sauf qu'ils ont oublié de l'éteindre" Dès lors, Françoise s'est sentie mal.

Une pathologie qui impacte fortement sa vie personnelle et professionnelle. "Quand je fais les courses dès que je reviens chez moi je vomis, je suis obligée de m'allonger. Je suis aussi obligée de refuser des invitations".

Le plus difficile pour le couple, "c'est que les autres personnes ne nous prennent pas au sérieux mais ça c'est parce qu'ils ne sont pas touchés".

Pour Françoise en parler, "c'est permettre à d'autres personnes qui souffrent de la même chose de se sentir moins seuls".

- Une maison (presque) sous cloche -

Dans la maison du couple, tout est pensé pour atténuer les douleurs de Françoise. Plaques sur les murs, cage de Faraday (pour ne pas laisser les ondes passer), tout connecté par câble, appareils de détection…

Frantz Abraham, le mari, a tout réorganisé. "J'ai entouré notre lit avec cette cage de Fadaray – qui coûte près de 1.000 euros - faite sur mesure à base de fil d'argent. Cela permet d'empêcher les ondes d'entrer dans les lieux où l'on dort."

D'autant plus que le couple habite non loin d'une antenne relai.

À cela, Frantz a ajouté des plaques d'aluminium pour mettre sur ses fenêtres.

Le mari de Françoise a également investi dans du matériel de détection des ondes. "Grâce à ces appareils je me suis rendu compte que tout cela permettait de diminuer les ondes pour favoriser la qualité de la santé de ma femme". Voyez un peu :

Une santé altérée par les appareils hautes fréquences (routeurs, wifi, téléphones…) mais également basses fréquences (micro-ondes, machines à laver…)

Mais comment soigner ces personnes qui souffrent ? À La Réunion, "les personnes se déclarant électrosensibles sont orientées vers le centre de consultation des pathologies professionnelles et environnementales accueillies par le CHU. La suppression/réduction de l’exposition (éloignement, protection, suppression…) ainsi qu’un travail d’accompagnement et de soutien psychologique peuvent être mis en place", précise l'ARS.

- Les ondes, un sujet qui fait débat -

"Il y a plusieurs sortes d'ondes", indique Sophie Pelletier, présidente de Priartem, association des électrosensibles de France. "Cela peut aller des ondes radio, jusqu'aux ondes de téléphone, d'antennes relais, le wifi, le bluetooth…"

Des ondes controversées comme dernièrement avec l'Iphone 12, un temps retiré de la vente car celui-ci émettait des ondes trop puissantes.

 

Est-ce dangereux ou pas ? "Sur ce sujet il y a une controverse assez forte", note Sophie Pelletier.

"Aujourd'hui les normes sont censées nous protéger sur la base des effets d'échauffement. On a des normes recommandées par l'UE, reprises dans la règlementation par décret". Mais ces valeurs nous protègent-elles vraiment ?

Dans un rapport, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) se questionne sur les effets à long terme des ondes, notamment concernant les risques de cancer, de fertilité ou encore de cognition des enfants.

Raison pour laquelle le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé les radiofréquences comme "cancérogènes possible".

"Les ondes et leur activité électrique peuvent perturber le nôtre cerveau", note Sophie Pelletier. "Et même en-dessous des règlementations, il y a un risque préoccupant", ajoute la présidente des électrosensibles de France.

Sophie Pelletier précise d'ailleurs que l'Anses a été saisie par le ministère de la santé pour effectuer une expertise sur ces normes qui s'appliquent aujourd'hui. Et ce, "afin de redéfinir les méthodes pour élaborer ces valeurs limites protectrices".

"En France, il y a des personnes avec des maux de tête, de gros problèmes de santé, des douleurs, des acouphènes qui ne sont pas prises au sérieux", alerte Sophie Pelletier.

Et même si "aujourd'hui le lien entre ces troubles de santé et les ondes électromagnétiques n'est pas officiellement reconnu, les gens font le lien, les symptômes ne trompent pas".

Sophie Pelletier évoque pour exemple son propre combat. "Moi ça m'est tombé dessus du jour au lendemain. Au début vous ne comprenez pas pourquoi vous êtes si mal et en faisant l'expérience au quotidien vous faites le lien".

"Quand je suis sur l'ordinateur avec le wifi je deviens un vrai poisson rouge", dit-elle.

Si l'électrosensibilité concerne les adultes majoritairement, Sophie Pelletier voit aussi des enfants dans son association. "Des enfants avec des difficultés pour être scolarisés".

- Une réglementation pour limiter le niveau d’exposition du public -

Des valeurs limites d’exposition aux champs électromagnétiques émis par les équipements utilisés dans les réseaux de télécommunications ou par les installations radioélectriques, sont définies par la recommandation européenne du 12 juillet 1999 et par le décret n°2002-775 du 3 mai 2002. Ainsi, la valeur limite d’exposition pour le téléphone portable, dont le paramètre de mesure est le DAS (Débit d’absorption spécifique) exprimé en Watts par kilogramme (W/kg), est 2 W/kg.

Toutefois, les valeurs limites d’exposition aux ondes, définies il y a plus de vingt ans, font aujourd’hui débat. 

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), "rien n’indique pour l’instant que l’exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité soit dangereuse pour la santé humaine". Il existe en effet peu de liens avérés entre des problèmes de santé et l’exposition aux radiofréquences, soit les ondes électromagnétiques émises par les téléphones ou d’autres appareils comme les bornes Wi-Fi.

À condition que les smartphones utilisés respectent les réglementations. Les constructeurs sont en effet tenus de limiter la puissance de leurs smartphones et doivent fournir des mesures de DAS : le débit d’absorption spécifique. Il s’agit de la quantité de puissance absorbée par le corps. Comme on utilise le portable de différentes façons, il existe différents types de DAS : le DAS tête à proximité de la tête, le DAS tronc proche du buste, et, enfin, le DAS membre proche des jambes ou des bras.

Sauf que parfois, l'affichage de ce débit d'absorption spécifique n'est pas respecté.

"La valeur du débit d'absorption spécifique (DAS) des équipements radioélectriques mis en vente, y compris dans le cadre de la vente à distance, mis en location ou distribués à titre gratuit doit faire l'objet d'un affichage. La valeur du DAS fait donc partie de l’obligation d’information des consommateurs avant tout acte d’achat ou de location", précise la préfecture.

"Le rôle du service concurrence, consommation et répression des fraudes (CCRF) est de s’assurer de l’affichage des mentions obligatoires concernant ces produits dans les points de vente, sur Internet et dans les publicités. La non-conformité de cet affichage prive ainsi les consommateurs d’une information attendue leur permettant de comparer les appareils entre eux avant de faire leur choix".

En 2021, 27 contrôles au sein de magasins spécialisés ont été réalisés à La Réunion. Lors de ces contrôles, plusieurs manquements ont été constatés : absence d’affichage ou affichage incomplet des valeurs DAS des produits exposés, non affichage des mentions générales indiquant les valeurs maximales autorisées. Les contrôles effectués dans ce secteur montrent un taux d’anomalies taux d'anomalie important donnant lieu à des injonctions, avertissements et procès-verbaux.

Un effet, toutefois, est clairement établi : à fortes doses, ces ondes peuvent augmenter la température corporelle, soit de l’ensemble de l’organisme, soit des membres en contact avec l’appareil. C’est principalement pour limiter cet effet, dont les risques pour la santé restent eux-mêmes incertains, que les autorités fixent des seuils à ne pas dépasser.

Mais alors, comment limiter son exposition ? Par mesure de précaution, il vaut toujours mieux limiter son exposition aux ondes électromagnétiques. Pour cela, il existe quelques astuces simples à mettre en œuvre - par exemple, l'utilisation d'un kit mains libres lors des conversations téléphoniques permet de diminuer l'impact sur le cerveau des ondes émises par le téléphone portable.

Il est également recommandé de limiter l'utilisation des téléphones portables chez les enfants. Leur cerveau en formation pourrait être plus sensible aux ondes électromagnétiques.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
L'ignorant qui se soigne
L'ignorant qui se soigne
1 an

Merci pour cet article qui a le mérite de parler d'un fait quasiment censuré de nos jours par la plupart des médias et le monde politique. Contrairement à l'idée reçu la science est extrêmement riche sur ce sujet et les effets des OEM sont connue depuis 150 ans. La science dispose d'au moins 1 millier d'étude sur les effets néfastes des ondes et bien au delà de la croyance selon laquelle seul les effets thermique cause des PB de santé. En outre, les seuils considère par la réglementation sont complètement obsolète (c'est a se demandé si c'est les opérateurs qui les ont créé a leur avantage 😄).
En résumé, la connaissance ne s'acquiert jamais en n'étant un simple respectable de l'information, elle necessite de la curiosité et du travail. Ce dont manque profondément les personnes portés par la société Dee consommation et le confort d'une existence sans responsabilité.
J'attends votre prochain article sur le lien entre les ondes mobile (et leur nouveau réseau 5g) et l'état de maladie chronique qui touche la population ces dernières années.
Pour info et si par inadvertance vous vous égareriez a mettre en lien les vagues de maladies respiratoires de novembre décembre 2023 et les antennes 5g nouvellement mises en route sur l'île en octobre 2023, prenez de nous partager vos suspicions.
Conseil de lecture pour les curieux : l'arc en ciel invisible de Arthur Firstenberg
Le mythe de la contagion de Thomas Cowan,
Virus mania
L'homme électromagnétique
Etc...
Bonnes recherches !

Morand
Morand
1 an

Merci pour la qualité de cet article. M. Sceptique travaille sans doute chez un opérateur de téléphonie mobile ou est tellement accro qu'il ne veut pas s'interroger sur les outils qu'il utilise. Dommage pour lui car on ne nait pas électrosensible mais on peut le devenir !

sceptique
sceptique
1 an

vous devriez avoir honte de faire un article sur cette soi-disant maladie, qui n'existe que dans la tête de ces conspirationnistes. Pseudoscience. A quand un article sur l'ivermectine ? manque de sérieux ce journal (Bonjour, nous vous invitons à lire les articles avant de les commenter, bonne nuit - modérateur)

Mallarte
Mallarte
4 semaines

"Il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre". Quand vous ou l'un des vôtres serez touchés, vous vous réveillerez. Cependant, il sera peut-être trop tard.