Sans grande surprise, le Conseil constitutionnel a rejeté ce mercredi 3 mai 2023 la deuxième demande de référendum d'initiative partagée sur la réforme des retraites. Malgré la mobilisation continue des organisations syndicales et d'une partie de la population, les Sages ont refusé, une nouvelle fois, de donner la possibilité aux Français.es de s'exprimer sur ce texte profondément controversé. Une décision qui n'a malheureusement rien de surprenant, quand on jette un œil à qui compose le Conseil constitutionnel.
Comme le révélait Médiapart ce lundi, "plusieurs (Sages ; ndlr) ont discrètement bénéficié de situations extrêmement avantageuses". Laurent Fabius, par exemple, a bénéficié d'une retraite anticipée à seulement 50 ans. Alain Juppé, lui, a fait valoir ses droits à la retraite à 57 ans…après "avoir cotisé 38 ans et trois mois" rappelle le média.
Il est tout de même cocasse de savoir que ces deux personnes, qui ont cumulé tout au long de leur carrière différents postes – cotisant donc de façon exponentielle et leur permettant de toucher une retraite plus que confortable, soient en charge de décider si oui ou non cette réforme devrait être soumise au vote du peuple.
Comme l'indique aussi justement Médiapart, ils ne sont pas les seuls au sein du Conseil constitutionnel à bénéficier d'avantages : Jacqueline Gourault et Jacques Mézard ont tous les deux fait partie du Sénat. Un mandat qui permet de bénéficier d'une retraite extrêmement avantageuse, bien qu'il soit toujours impossible de quantifier le montant de ces pensions.
Dans ce contexte, où les avantages coulent à flot et où les membres du Conseil constitutionnel ont pour la plupart des affinités avec Emmanuel Macron, personne ne devrait être surpris du résultat.
C'est finalement toujours la même problématique qui se pose : ceux qui n'auront jamais à se soucier du confort de leur retraite sont les mêmes qui décident de raboter de deux ans encore celle des Français.es.
Pour autant, la partie n'est pas encore complètement jouée : le 8 juin, l'Assemblée nationale examinera une proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites.
Déposé par le groupe indépendant Liot (Libertés, Indépendants, Outre-mer, Territoires) dans le cadre de sa journée réservée ("niche"), le texte inquiète le camp présidentiel.
Un vote favorable ne serait que le début d'un parcours parlementaire, mais la gauche prévoit de demander en pareil cas la suspension de la réforme.
Les syndicats ont donné rendez-vous le 6 juin pour une nouvelle journée d'action, pour "se faire entendre" des députés en amont. Il ne reste plus qu'à patienter pendant un mois pour avoir – enfin – le fin mot de l'histoire.
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