Comores : Mission parlementaire française dans l'archipel

Réguler le flux migratoire

  • Publié le 17 décembre 2005 à 00:00

Moroni, jeudi 15 décembre 2005 (HZK-Presse) - Annoncée depuis quelques jours dans la presse, une mission parlementaire française a effectué à Moroni ce jeudi un bref escale de quelques heures, durant lequel elle a pu s'entretenir avec le ministre des relations extérieures avant d'être reçue à Beit-Salam, siège de la présidence de l'Union des Comores, par le président Azali Assoumani, pour ensuite gagner l'île d'Anjouan à la découverte de ce qui est considéré par Paris comme la source d'une émigration clandestine vers Mayotte.

L'objet de cette mission composée de cinq élus, conduite par le député René Dosière est de venir s'enquérir de la situation de "l'émigration clandestine" à Mayotte, en se rendant sur le terrain pour constater de visu et recueillir les avis des uns et des autres, dit-on dans les milieux diplomatiques français de la capitale comorienne.

Un dossier pour moins brûlant, si l'on observe les récents événements survenus à Mayotte, la quatrième île de l'archipel restée sous administration française, malgré la revendication comorienne réitérée depuis 30 ans d'indépendance au sein de toutes les instances internationales.

La mission parlementaire a entrepris ses travaux d'abord à Mayotte où elle est arrivée lundi, à la rencontre de la classe dirigeante locale et des différents acteurs concernés par la gestion du dossier des "sans papiers" originaires des trois autres îles de l'archipel. Du constat et surtout des échanges que les membres de la délégation parisienne auront eus à l'issue de cette délicate mission, sortira un rapport qui devrait éclairer les autorités françaises sur les multiples enjeux de la situation de l'émigration clandestine à Mayotte.

Si rien n'a encore filtré du contenu des nombreux entretiens qu'ils ont déjà eu, les parlementaires français affichent un "sentiment à la fois de sérénité et de perplexité", face à une réalité complexe Devant la presse, à Beit-Salam, René Dosière n'a pu s'empêcher de qualifier cette situation "d'inédite et compliquée", eu égard à l'histoire, aux traditions et aux liens familiaux qui existent entre Mayotte et le reste de l'archipel, reconnaît-il.

Mais, le député français semble privilégier une approche tournée "vers l'avenir" plutôt que vers le passé, un langage diplomatique suggérant d'éviter le débat du statut politique et juridique de l'île, rejoignant ainsi le président Azali qui a lui-même déclaré ce jeudi avoir proposé au président Chirac "de laisser de côté les termes qui fâchent de part et d'autre".Le député français a même "apprécié la position pragmatique" du chef de l'Etat comorien, qui serait selon lui "moins idéologique".

Le ministre des relations extérieures, Abdou Soefo, affirmait après ses entretiens avec la délégation française, qu'il s'agit de trouver "un cadre de coopération avec la France qui puisse résoudre les problèmes qui se posent entre Mayotte et les autres îles, en analysant les causes qui poussent les gens à émigrer".

Pour Abdou Soefo toute solution visant à stopper cette forte poussée migratoire vers Mayotte devra tenir compte des difficultés sociales et économiques des autres îles, surtout Anjouan, ce genre de flux migratoire étant "le propre des territoires en crise partout dans le monde". Le comorien est "un grand voyageur", mais il reste toujours "profondément attaché à sa terre", assure le chef de la diplomatie comorienne, qui avait déjà déclaré sur la question de Mayotte que tout était négociable avec la France.

Rappelons que la périlleuse traversée par voie de Kwassa-kwassas entre Anjouan et Mayotte coûte la vie à plusieurs centaines de comoriens chaque année, faisant de ce bras de mer long de 75 km de distance "le plus grand cimetière de l'archipel", selon de nombreuses associations humanitaires qui dénoncent "une hécatombe".

Le chef de l'Etat comorien estime que le contentieux franco-comorien sur le statut de Mayotte ne doit pas empêcher de "trouver des solutions à des problèmes humains", une position qui ne déplait pas le chef de la mission française, pour qui "ces déplacements migratoires doivent être régulés de part et d'autre", tout en créant à Anjouan "des conditions sanitaires et d'éducation satisfaisantes" susceptibles de retenir les populations, croit-il savoir.

D'où cette promesse de la France d'apporter à l'archipel un "appui financier conséquent" (près de 80 millions de dollars) à son programme de développement, présenté à la conférence des donateurs réunis le 8 décembre dernier à l'île Maurice, pour les quatre prochaines années.

El-Had Said Omar
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