Alors que La Réunion panse petit à petit ses plaies après le passage du cyclone Garance le 28 février 2025, le temps est venu de se demander quelle responsabilité porte les gouvernements successifs dans la catastrophe qui vient de s’abattre sur l’île. Entre bétonisation à outrance, constructions inadaptées aux conditions climatiques, et non-respect des zones inondables, la question du logement se retrouve – encore – au cœur des questionnements. Après 50 ans de beaux discours, il faut en terminer avec les "y'a qu'à, faut qu'on" (Photo : rb/www.imazpress.com)
La Réunion connaît les cyclones. Dans cette région où la saison cyclonique revient tous les ans, les montées d'eau, les vents violents, cela n'a rien d'exceptionnel. Sauf quand on atteint des rafales aussi violentes que lors de Garance, qui a soufflé jusqu'à 234 km/h à Piton Sainte-Rose.
Mais, alors que l'on sait depuis plusieurs années maintenant que les systèmes vont devenir de plus en plus violents en raison du dérèglement climatique, on ne peut que se demander pourquoi, en 2025, tant de constructions ne répondent pas aux exigences que les conditions météorologiques extrêmes que nous connaissons nous imposent.
Les constructions en bord de ravines, les toits qui s’envolent, la bétonnisation à outrance qui empêche les eaux de s’écouler, tout ça, ce n’est pas nouveau. La question est donc : pourquoi reste-t-il toujours autant à faire ?
Depuis le passage de Garance, les promesses se multiplient pour une meilleure prise en considération du risque cyclonique. Cela fait pourtant 50 ans que les discours se suivent et se répètent, avec, certes, une certaine amélioration, mais bien loin d'être suffisante.
Car si la gestion de crise est aujourd’hui maîtrisée, et que la réponse des autorités face aux cyclones s’est nettement améliorée ces dernières années, c’est l’état général de La Réunion qui doit interroger.
- Imperméabilisation -
Les rapports alertent depuis longtemps sur les conséquences du dérèglement climatique sur les systèmes. Comme le rappelait en juillet 2024 l'ONG Oxfam France, le pays n’est pas "prêt pour protéger sa population des effets du changement climatique tandis que les alertes sur les impacts du changement climatique se multiplient depuis des décennies".
"La Réunion, Mayotte et l’ensemble des Outre-mer sont non seulement particulièrement exposés aux aléas climatiques mais, selon les territoires, leurs populations sont aussi extrêmement vulnérables, car les inégalités y sont encore plus criantes que dans l’Hexagone", rappelait Baptiste Filloux, responsable du pôle solidarités internationales d’Oxfam France.
Pour Elise Naccarato, responsable du pôle inégalités climatiques d’Oxfam France , "la désimperméabilisation des sols constitue un levier important pour y parvenir et permet en plus de lutter contre les îlots de chaleur urbains", alertait-elle.
Un engagement qui ne serait pas compatible avec la course à la construction de logements, alors que la population réunionnaise ne cesse d'augmenter et devrait atteindre le million dans les années à venir et que l'appât du gain semble trop important, surtout en ces temps.
On le voit partout : les immeubles poussent, les maisons et la nature sont rasées pour faire de la place à plus de logements, et ce malgré les risques naturels.
- Le BTP s'empare du sujet -
Côté construction, en 2015 déjà, un audit sur la mise en œuvre de la politique nationale de prévention des risques naturels et technologiques à La Réunion, estimait que" la prise en compte du risque cyclonique" restait "largement perfectible pour ce qui est du respect des règles de construction paracycloniques".
Aujourd'hui, la filière BTP estime que "notre modèle de construction relevait de l'absurde : des matériaux produits en métropole traversaient les océans pour bâtir nos logements alors qu’ils n’ont pas été éprouvés pour nos climats".
Une critique raisonnée, mais qui interroge : pourquoi a-t-il fallu attendre 2025 pour que le gouvernement se penche réellement sur la question ? Pourquoi, dans une île cyclonique, faut-il attendre 2025 pour qu'on s'engage enfin à faire de son mieux pour s'adapter à l'environnement local ?
Détenir des territoires ultra-marins, cela a un coût. Cela ne se limite pas qu'à étendre sa zone économique exclusive et sa présence militaire.
Mais quand chaque gouvernement successif répète à qui veut l'entendre que "les Outre-mer, c'est la France", et que les Ultra-marins sont tout aussi considérés que le reste des Français, peut-être est-il temps d'investir pour garantir un accès aux nécessités tout aussi qualitatif.
Il n'y a qu'à regarder Mayotte aujourd'hui : où en sommes-nous réellement trois mois après Chido ? Deux ans après la sécheresse qui a coupé l'eau aux robinets, et qui n'est toujours pas revenue, où en sommes-nous ? Pourrait-on seulement imaginer la même situation dans l'Hexagone ?
Garance a laissé dans son sillon cinq décès. Cela aurait pu être plus, mais c'est déjà trop. Il est largement temps qu'un sursaut collectif se passe pour rénover plus, construire mieux, et surtout écouter la nature quand elle nous parle.
www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
La bétonisation aveugle étouffe nos sols, empêchant l’eau de s’infiltrer et aggravant les risques d’inondation. Pourtant, il existe des solutions adaptées à notre île : des constructions pensées en fonction des cours d’eau, des matériaux locaux, et l’intégration de plantes tropicales qui stabilisent les sols et nourrissent la terre. Recycler les bois coupés en paillage, restaurer un équilibre naturel entre urbanisation et environnement, c’est possible. Mais l’éthique de la construction doit primer sur la rentabilité à court terme. Construire vite et à bas coût ne peut pas justifier de mettre en péril la sécurité de la population.
Quand on voit des immeubles neufs devenus inhabitables au bout de deux ans, sans que les cyclones y soient pour quoi que ce soit, l'importation des matériaux de la métropole a bon dos !
Le BTP réunionnais compte des brebis galeuses qu'il serait temps d'exclure des appels d'offre.
C’est l’Etat qui autorise des constructions de particuliers sur des zones protégées et interdites peut être?
l'état , toujours l'état!!!!!!!
et les collectivités , région, département et les maires qui donnent les permis de construire???????
La bétonnisation crée un triple tort à la Réunion:
- imperméabilisation des sols qui a pour conséquence la multiplication de torrents destructeurs et mortels pour la population
- nous vivons dans un milieu tropical chaud, or la bétonnisation est combiné avec la disparition des espaces verts qui ont un rôle de régulateur thermique. A l'inverse, il y a un effet d'emballement thermique avec le béton; et surtout il restitue la chaleur la nuit; ce qui a pour conséquence d'augmenter significativement la température; face à cela on installe toujours plus de clim et c'est le serpent qui se mord la queue
- problème de mobilité: j'habite une zone qui était auparavant plutôt résidentiel, et la commune de St Paul a autorisé le remplacement de maisons individuelles en résidences de 10, 15 ou 20 logements. Au delà des 2 premiers problèmes (bétonisation du sol, arbres abattus, chaleur ...); on construit ces résidences sans réflexion sur la mobilité et sans mettre en place des solutions alternatives et pérennes pour la population.
Donc on affiche comme quoi on a construit des logements (hors de prix soit dit en passant), ce qui est utile; mais là où on avait un logement avec 1 voire 2 véhicules; on se retrouve après quelques mois avec 15, 20 ou 40 véhicules. C'est de la circulation en plus dans une zone déjà saturée; et il y a maintenant des bouchons dans des endroits où il n'y en avait pas avant, et ça n'ira qu'en s'aggravant au fur et à mesure que les chantiers en cours seront terminés; aussi parce qu'à la Réunion, on a toujours le réflexe de prendre sa voiture pour tout déplacement.
En conclusion, on met la pression à tous les niveaux pour construire, construire, construire ... mais ça manque terriblement de vision globale qui malheureusement risque de transformer très rapidement nos villes en enfer à vivre au quotidien, et pire encore en cas d'évènements comme un cyclone ou pluies torrentielles!
Bien vu malheureusement cela nous ramène au problème crucial de la surpopulation ; à défaut de place et de temps quelquefois on construit un peu partout et n'importe comment. Le problème embouteillages aussi ne peut aller qu'en s'empirant car très peu de secteurs sont correctement desservis par les transports en commun et l'important flux de touristes et des voitures de locations n'arrange rien. Nos dirigeants sont malheureusement pieds et poings liés face à Paris et Bruxelles .
Cette vérité là il faudra bien qu'un jour quelqu'un l'entende car le surpeuplement entraînant de facto une surexploitation des ressources ,l'île continue à foncer droit dans le mur. Il faudrait très vite enlever les œillères car "Garance" représente un sérieux avertissement. Pour information je suis de l'est, le secteur sur lequel des milliers de personnes devront être relogées, nous avons vu la mort en face...
Les constructeurs de maison à la Réunion ont bien besoin de se faire recycler avant de ce dire constructeur de maison, ils ne savent pas qu'un toit doit bien être fixé pour résister aux cyclones, depuis Firinga aucune amélioration des constructions de toit à la Réunion, il y a même un constructeur qui avait proposé un toit en tuile à la Réunion et au premier cyclone le toit est parti comme un château de carte et c'était une maison bien connue dans la pente de la 4 voies de Saint Pierre le Tampon.
Je pense que toutes les toits des maisons de la Réunion sont à revoir rapidement, je pense qu'il y en a qui sont parfaitement bien construits mais cela fait l'exception parmi tous les toits.
De toutes les façons il y aura encore d'autres toits qui partiront dans les cyclones à venir.
L'avenir nous le dira.
C'est facile de taper sur les gouvernements successifs, mais il faudrait poser la question de la responsabilité de chaque citoyen...
Dans mon quartier le PLU impose de laisser 50% de sol perméable : en pratique tous mes voisins ou presque ont bétonné l'intégralité de leur cour en toute illégalité ou ajouté des extensions non déclarées etc. Résultat à la moindre pluie c'est la catastrophe.
C'est comme pour les déchets dans la ravine, a un moment le "c'est la faute des responsables politiques" a ses limites. tout le monde doit se prendre en main pour que la société avance
Et oui Tib, mais Marimar te répondra que c'est la faute de l'étranger....
Pardon mais depuis les années 68/70 on hurlait presque suf la seule radio de l'époque que les femmes reunionnaises faisaient beaucoup trop d'enfants alors que l'île était surpeuplée. C'était l'époque de la "creuse" et du " Bumidom" une jeune fille de mon quartier est morte sous les ponts de Paris (sans travail et sans logement =suicide). Ses parents n'avaient pas les moyens de payer son billet retour. De nos jours cela donne la vague impression que l'île est devenue extensible. Désolée mais cela fait longtemps qu'on m'a enlevé
mes œillères et après tout il n'y a que la vérité qui blesse . En tout cas au rythme auquel on est obligé de construire d'autres catastrophes nous pendent aux nez ; mais "CHUT"
A chaque cyclone ... la même rengaine ... "revoir les normes de construction"... mais on peut avoir les meilleures normes ... si le travail est bâclé... non contrôlé... les toits continuerons de s'envoler !!!!
Pour faire duite à mon premier commentaire, l'europeanisation et la mondialisation de ce petit grain de sable que représente la Réunion ont fait oublier la préservation de la nature tout simplement et bitume et béton ne sont pas prêts à être freinés
Enfin on dit les choses telles qu'elles sont. Nous sommes tous responsables citoyens comme responsables politiques.
Excellente analyse, à un détail près, l'île est surpeuplée, en voie de surexploitation touristique. Les 2512 km2 ne sont plus suffisants, accueillir oui mais pas à n'importe quel prix.
Certains politiciens ont déjà mis le doigt sur ce problème et il faudrait des mesures concrètes.
Nous ne pouvons pas être un copier coller de la France hexagonale.
Je suis quasi certain que pour cfe qui concerne les gros marchés, publics, il y a magouille....
Comment, si l'on ne rogne pas sur les dépenses en missouk, expliquer que le toit d'un hôpital s'envole? Même chose pour (à Mayotte) celui de la tout de contrôle.
Et tous ces appartements destinés à louer aux plus démunis, qui sont quasi neufs et déjà à refaire?
En plus de la magouille, il y aurait du travail "gros doigts"? (Sur ce point, nul ne sera surpris...°
S'il est des endroits où les normes se doivent d'être draconiennes et respectées......
Mais c'est ça la construction, les grands chantiers.....
De la magouille à la Réunion ou en France? C'est un pléonasme. Hé oui la corruption commence à se voir. Combien de vies et de projets nous coutent le clientélisme et la corruption? A un moment on ne peut plus cacher les faits: tous les derniers gouvernements ont au moins un ministre ou président condamné. Quel parti politique n'a pas de membre de la direction condamnés. Nous avons même des futures candidat(e)s qui vont être condamné(e)s. Quant aux élus locaux le ratio condamné élus est allucinant. A un moment on ne peut plus acheter la paix sociale et on va droit dans le mur.
Une seule réponse à ces questions : la corruption.
Tout à fait d'accord. Ils ne font même plus semblant de s'en cacher.
Taper en permanence sur les gouvernements successifs ça fait aussi des années que cela dure. Ils ont certainement une part mais en vérité laquelle ? A quoi servent nos Présidents de région et du département ? Et nos nombreux élus ici ils font quoi ?
Rien de sérieux n’est fait pour prévenir ce genre de drame.