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Saison cyclonique : entre cinq et huit systèmes attendus

  • Publié le 6 décembre 2023 à 02:59
  • Actualisé le 6 décembre 2023 à 13:35

À La Réunion, la menace cyclonique s’étend des mois de novembre à avril. Mais cette année, la saison qui aurait déjà dû commencer n'a pas encore débuté en ce mercredi 6 décembre 2023. Un démarrage tardif qui avait été anticipé par Météo France dès la fin du mois d'octobre. Malgré tout l'activité cyclonique finira par se développer sur le bassin courant janvier. Une activité qui sera moindre avec le développement de cinq à huit systèmes contre une dizaine habituellement. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut baisser sa garde.

"En général au 15 novembre on a déjà observé la première tempête sur le bassin au moins une année sur deux" affirme Sébastien Langlade, responsable de la prévision cyclonique chez Météo France Réunion. Cependant le début tardif pourra officiellement être qualifié comme tel passé le 10 décembre. "Ne pas avoir observé de première tempête à cette date arrive une année sur quatre ce qui commence à devenir peu fréquent" ajoute-t-il.

Mais le démarrage tardif de cette saison n'a rien de surprenant pour Météo France qui l'avait déjà annoncé à la fin du mois d'octobre à l'occasion de ses prévisions saisonnières publiées en ligne.

"On s'attendait à ce que l'activité ait du mal à démarrer puisque dans la zone où se forme de manière privilégiée les cyclones, qui se situe loin au nord-est des Mascareignes, les conditions atmosphériques ont du mal à se mettre en place cette année" précise l'ingénieur. Et pour se développer, un cyclone a besoin non seulement d'un océan chaud mais aussi de conditions favorables dans l'atmosphère.

Dans les cinq prochains jours, le risque est donc toujours inexistant. Sur les prochaines semaines, une prévision datant de fin novembre, estimait qu'un risque faible existerait courant décembre au nord-est de Madagascar. Mais pas de quoi s'alarmer sur le court termes. "Un risque faible ça veut dire qu'il y a plus de chance qu'il ne se passe pas grand-chose plutôt qu'il se passe quelque chose d'ici noël" développe Sébastien Langlade.

- Rester prudents -

Si le démarrage est tardif, l'activité cyclonique va quand même réussir à se développer sur le bassin courant janvier. "On s'attend à ce qu'elle se développe de façon privilégié au nord-est de Madagascar et donc au nord ou nord-est des Mascareignes" indique le prévisionniste.

À noter qu'avec ce retard au démarrage, l'activité globale de la saison devrait être en-dessous de la normale. "Si habituellement on observe une dizaine de phénomènes qui atteignent le stade de tempête tropicale sur notre bassin, cette année on s'attend à ce qu'il y en ait sensiblement moins. On table sur cinq à huit systèmes dont à peu près deux à quatre d'entre eux qui arriveraient jusqu'au stade de cyclone" poursuit-il.

Une activité globalement moindre à l'échelle du bassin, mais pas sans danger. "Cela ne doit pas appeler à moins de vigilance. Il faut rester prêt quoi qu'il arrive. Il suffit d'un seul système pour qu'une catastrophe arrive dans un lieu impacté".

Les météorologues restent donc mobilisés et particulièrement attentifs aux zones suspectes qui se développeront notamment au plein nord de l'île.

- Changement de trajectoire - 

Une vigilance dû entre autres à une tendance très nette par rapport à l'année dernière, le changement de typologie de trajectoire.

"On ne s'attend pas à ce que les phénomènes comme Freddy traversent le bassin d'est en ouest. On aura plutôt des systèmes qui vont descendre assez rapidement vers le sud voir même orienter leur trajectoire vers le sud-est. On sera donc particulièrement attentifs cette année aux systèmes qui se développeront plutôt au nord de La Réunion puisqu'ils risquent de descendre en direction des Mascareignes" détaille Sébastien Langlade.

Et si Météo France arrive à anticiper ces changements de trajectoires, c'est qu'ils sont en lien avec des phénomènes climatiques plus prévisibles de nos jours comme "El Niño".

"Il s'agit de phénomènes climatiques qui font partie de la variabilité naturelle du climat de la planète. "El Niño" par exemple est un phénomène tout à fait naturel qui se passe dans l'océan Pacifique, une anomalie de la circulation atmosphérique et océanique qui a des répercussions partout ailleurs sur le globe notamment dans notre région" expose le responsable de la prévision cyclonique.

"Les années "El Niño" sont associées à un anticyclone des Mascareignes qui est beaucoup moins puissant que la normale ce qui favorise des trajectoires de cyclone qui descendent plus facilement vers le sud alors qu'en contexte inverse "La Niña", les anticyclones subtropicaux sont un peu plus costauds que la normale durant l'été, ce qui favorise les trajectoires vers l'ouest" note-t-il.

- Des cyclones plus intenses à l'échelle de plusieurs décennies -

Concernant l'évolution de l'activité cyclonique sur le long termes, des cyclones plus intenses pourraient être observés "quand on regarde ce qui risque de se passer d'ici la fin du siècle dans le contexte du réchauffement climatique".

"Il faut souligner que les prévisions de l'évolution de l'activité cyclonique sont encore entachées d'une certaine incertitude. Ce sont des phénomènes complexes" prévient Sébastien Langlade.

Malgré tout, les travaux qui ont été fait jusqu'à présent vont dans le même sens. "Ils expliquent que dans un climat plus chaud il n'y aura pas forcément plus de cyclones sur la planète, peut-être même un peu moins, par contre ceux qui réussiraient à se développer pourraient atteindre des intensités très significatives" dévoile-t-il.

En effet, la chaleur des océans est le carburant des cyclones, ce qui lui permet de fabriquer des vents forts et des fortes pluies. Avec la hausse de température des océans, les cyclones arriveraient à faire des pluies plus intenses et des vents plus destructeurs. "C'est une des conséquences du changement climatique à laquelle on peut s'attendre à l'échelle de plusieurs décennies" annonce le prévisionniste. Un point d'inquiétude pour La Réunion.

De plus, "actuellement la zone où les cyclones atteignent leur maximum d'intensité se trouve un peu au nord des Mascareignes ce qui veut dire que quand ils arrivent à notre niveau ils sont un peu moins fort en intensité. Avec le réchauffement climatique, cette zone pourrait s'étendre vers le sud, ce qui engendrerait un peu plus de risques d'avoir des systèmes qui passent à proximité de l'île en étant à leur pleine puissance". Conséquence, plus de pluies, des vents plus intenses et des impacts sur la mer plus importants.

"Ces éléments interpellent. Il faut absolument que les décideurs entreprennent les actions nécessaires pour éviter qu'un climat plus chaud permette de tels scénarios" conclut Sébastien Langlade.

ks/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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