Dans son bulletin hebdomadaire, Santé Publique France rappelle qu'une épidémie de grippe est en cours. Les hospitalisations pour un motif de bronchiolite chez les moins de deux ans continuent par ailleurs de progresser. La coqueluche a, elle, un impact sanitaire limité qui touche essentiellement les nourrissons et les jeunes enfants. Pas de nouveau cas de chikungunya détecté. Nous publions le bilan ci-dessous (Photo d’illustration rb/www.imazpress.com)
• Infection respiratoire aigüe et virus grippaux
Les passages aux urgences pour motif de syndrome grippal malgré une baisse restaient à un niveau élevé en S40. En S40, les urgences ont enregistré 62 passages pour ce motif versus 73 en S39. Le nombre d’hospitalisations a fortement baissé avec seulement 5 hospitalisations versus 17 la semaine précédente. 60% des passages sont attribuables à la classe d’âge des moins de 15 ans.
La part d’activité des urgences pour un motif de syndrome grippal restait stable et représentait 1,5% de l’activité totale versus 1,7% la semaine précédente.
En médecine de ville, les Infections Respiratoires Aigües (IRA) augmentait avec 5,1% de part d’activité versus 4,6% en S39. La part d’activité pour IRA se situait au-dessus de la moyenne 2013-2023.
• Bronchiolite (chez les enfants de moins de 2 ans)
Les passages aux urgences pour motif de bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans ont baissé modérément en S40 comparés à la semaine précédente. En S40, 43 enfants âgés de moins de 2 ans ont consulté aux urgences pour une bronchiolite contre 47 en S39.
Les nouvelles hospitalisations continuaient de progresser (n=20) par rapport à la semaine précédente (n=16). La part de passages aux urgences pour bronchiolite parmi l’ensemble des passages d’enfants de moins de 2 ans restait stable avec 11,0% de l’activité en S40 contre 11,5% pour la S39
• Chikungunya
Depuis le 23/08, plusieurs cas confirmés de chikungunya autochtones ont été signalés à la Réunion. A ce jour, 9 cas ont été confirmés par PCR tous confirmés par le CNR. Parmi ces cas, 7 sont regroupés en un foyer de Saint Gilles les Bains. A l’Ermitage, 2 cas ont été signalés dans un même quartier. Ces 2 cas ne sont pas liés à ce foyer.
Les agents de la lutte anti-vectorielle de l’ARS ont entrepris autour de chacun de ces cas des mesures de prospection de gîtes larvaires, de traitement insecticide, de sensibilisation et de recherche de cas suspects dans le périmètre concerné afin de réduire le risque d’installation d’une circulation autochtone.
Des informations ciblées ont été également adressées à l’ensemble des professionnels de santé.
La période actuelle, fin d’hiver austral, est caractérisée par une densité vectorielle encore limitée, mais l'arrivée de conditions plus favorables à l'activité vectorielle incite l’ensemble des acteurs à la plus grande vigilance.
Dans ce contexte, nous invitons le personnel médical à prescrire une biologie permettant la confirmation ou l’infirmation du diagnostic chez tout patient qui présenterait un syndrome pseudo-grippal avec douleurs articulaires.
La stratégie diagnostique recommandée est la suivante :
La PCR, à réaliser dans les 8 premiers jours, est le test diagnostic de référence. Ainsi, il convient d’inciter le patient à aller réaliser une biologie de confirmation le plus tôt possible après l’apparition des symptômes. En effet, la séroconversion (apparition d’IgG dans un second prélèvement réalisé à plus de 10 jours du premier) permet également de confirmer l’infection mais à distance du début des symptômes.
Pour rappel :
Entre 2005 et 2006, la Réunion a connu 2 vagues épidémiques successives d’infections à virus chikungunya, dont une d’ampleur massive à l’été 2006. Les données de l’époque estimaient que 38% de la population réunionnaise avait été touchée par cette épidémie (soit plus de 250 000 cas sur une population de 700 000 habitants à l’époque).
La circulation avait touché l’entièreté de l’île – à l’exception de Cilaos et des communes de Ste Rose et St Benoit touchées plus modestement.
L’infection étant considérée comme immunisante, il est raisonnable de penser qu’une immunité résiduelle mais non quantifiée existe dans la population. La prudence est cependant de mise : étant donné le remplacement naturel (décès, naissances & migrations) d’une partie de la population en 18 ans, le territoire reste vulnérable à une épidémie potentielle.
• Coqueluche
- La hausse du nombre de signalements à l’ARS La Réunion par les professionnels de santé de cas isolés ou de cas groupés de coqueluche se poursuit avec un total, de 29 signalements depuis le début de l’année 2024.
- Augmentation des prélèvements positifs à Bordella Pertussis en milieu hospitalier (uniquement pour le CHU) avec un total de 13 PCR positives en 2024 versus 3 en 2023.
- Pour laboratoires de ville, il est identifié une recrudescence depuis mai des PCR positives à Bordella Pertussis. Les nourrissons et les jeunes enfants représentent 44% des PCR positives à Bordella Pertussis.
Pour les passages aux urgences et même si le nombre de cas reste limité une recrudesence pour un motif de coqueluche est rapportée en 2023 comparée aux années post Covid-19 avec majoritairement des enfants de moins 1 an. Néanmoins, le niveau actuel de circulation n’est pas exceptionnel à la Réunion. En 2014, 2015 et 2016, des niveaux de circulation similaires voire supérieurs étaient recensés sur l’île, avec des impacts hospitaliers conséquents notamment, pour les passages aux urgences et les hospitalisations.
- En terme de gravité, 5 nourrissons ont fait l’objet d’une admission en réanimation pédiatrique.
- Aucun décès n’a été rapporté.
Santé publique France rappelle l’importance de la vaccination chez la femme enceinte, recommandée depuis avril 2022, pour protéger les nouveau-nés et les jeunes nourrissons.
- En date du 22 juillet 2024, la Haute Autorité de Santé (HAS) a recommandé que toute personne en contact proche avec un nouveau-né et/ou nourrisson de moins de 6 mois dans un cadre familial ou professionnel reçoive un rappel contre la coqueluche si le dernier vaccin date de plus de 5 ans - Informations.
- Le Haut Conseil de Santé publique (HCSP) a émis le 12 aout 2024 des recommandations relatives à la prévention de sa transmission chez les personnes à haut risque et à risque de forme grave de la maladie - Informations.
La coqueluche n'est pas une maladie à déclaration obligatoire mais doit être signalée à la plateforme de veille et d’urgences sanitaires de l’ARS Océan Indien dans 2 situations spécifiques :
- Survenue de cas groupés (à partir de 2 cas).
- Signalement des infections nosocomiales (prévenir l’EOH et signalement E-Sin)
Le nombre minimum de cas pour intervenir est de 1 cas.
Compte tenu du contexte actuel de circulation de la coqueluche à La Réunion et d’une couverture vaccinale insuffisante notamment pour les rappels, tout cas même isolé doit être signalé par les professionnels de santé à :
- Les mesures de prévention -
La prévention de la coqueluche, outre le port du masque, repose :
- La vaccination
La politique vaccinale contre la coqueluche en France vise à réduire les formes sévères, les hospitalisations et les décès liés à la coqueluche qui surviennent essentiellement chez les nourrissons de moins de 6 mois. Elle repose sur trois stratégies complémentaires (professionnels, grand public) :
• La vaccination est obligatoire pour les nourrissons nés à partir du 1er janvier 2018 à l’âge de 2 mois, 4 mois avec rappels à 11 mois, 6 ans et 11-13 ans et jusqu’à l’âge adulte (25 ans avec possibilité de rattrapage jusqu’à 39 ans).
• La vaccination est fortement recommandée chez les femmes enceintes, dès le second trimestre de grossesse, en privilégiant la période entre 20 et 36 semaines d’aménorrhée.
La vaccination est également recommandée chez :
• Les personnes immunodéprimées, les professionnels de santé (y compris dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les personnes travaillant en contact étroit et répété avec les nourrissons âgés de moins de 6 mois, les étudiants des filières médicales et paramédicales, les professionnels de la petite enfance dont les assistants maternels et les personnes effectuant régulièrement du baby-sitting,
Chez les professionnels de santé et de la petite enfance, les rappels de 25, 45 et 65 ans doivent désormais comporter la valence coquelucheuse.