Pour les civils, c'est la fuite ou la mort

Syrie : Alep, l'horreur à chaque coin de rue

  • Publié le 3 décembre 2016 à 06:00

Tragique. Le mot n'est pas assez fort pour qualifier la situation actuelle à Alep, prise au feu des bombardements incessants. Les civils, condamnés à la fuite ou à la mort, ne peuvent plus faire un pas à l'extérieur sans qu'une pluie d'obus ne s'abatte. Depuis le 15 novembre, date où les forces syriennes appuyées par la Russie ont lancé leur offensive, 300 morts ont été comptabilisées. Et le bilan humain ne cesse de grimper.

Des corps et des membres à même le sol. Un grondement constant dans le ciel. Des civils en larmes, abattus, désemparés. Des bâtiments en flamme et des maisons détruites. Des traces de sang près d’enfants. C’est le quotidien des habitants d’Alep, ville martyre. Ils sont des milliers à fuir, accrochés à l’espoir fragile de rester en vie. Alors qu’ils se risquent à l’extérieur, c’est une pluie d’obus qui les menace continuellement.

Un "gigantesque cimetière" en devenir

En 2009, Alep était peuplée d’environ 1,6 million d’habitants. Reconnue comme une cité prospère, elle est classée au patrimoine mondial de l’humanité. Plus récemment, la ville ne comptait plus que 250 000 civils. Et depuis l’offensive russe lancée le 15 novembre, 50 000 personnes ont fui les quartiers assiégés, terrifiées par les combats et les bombardements menés par le régime, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (ODSH). Une partie d'entre eux a pu trouver refuge à l'ouest. Depuis cette date, ce sont plus de 300 civils dont 33 enfants qui ont péri à Alep-Est. Et le bilan humain ne cesse de grimper. Des cadavres pourissent lentement dans les rues, sans pouvoir être transportés. Parallèlement, des roquettes rebelles frappent régulièrement Alep-Ouest.

5 ans de guerre, exode et déplacés

La Syrie est en proie à la guerre depuis cinq ans. Un terrifiant bilan humain se dresse aujourd’hui : 300 000 morts, des millions de déplacés, l’exode de dizaines de milliers de Syriens, des infrastructures détruites. Les forces syriennes, appuyées par la Russie, ne reculent devant rien pour prendre le contrôle : bombes au chlore, bombes incendiaires, bombes anti-bunker, bombes à fragmentation… et des bombardements incessants.

L’offensive du 15 novembre, un point de non-retour

Le 15 novembre, le régime de Bachar Al-Assad lance une offensive pour reprendre Alep-Est, aux mains des rebelles. Elle s'est encore accélérée à la fin de la semaine dernière, ce qui leur a permis de s'emparer de près de 40 % des secteurs rebelles. Les forces poursuivent aussi leur avancée dans le quartier de Cheikh Saïd, dans le Sud-Est. Les familles se risquant à errer dans la rue, dans l'espoir de trouver un abri ou de profiter d'une accalmie leur permettant de passer à l'ouest, sont fauchées par l'artillerie syrienne.

La fuite comme seule issue de secours, aussi risquée soit-elle

Si auparavant les habitants pouvaient tenter de se protéger des barils d’explosifs largués par les hélicoptères, les tirs incessants de l’artillerie fauchent aujourd’hui les gens dans la rue. Les files de fuyards sont bombardées, les hommes de moins de 40 ans arrêtés. À court de nourriture après quatre mois de siège, les personnes en fuite se lancent dans un trajet à haut risque. Ce mercredi, des familles en fuites n'ont pas eu le temps de dépasser la ligne de démarcation. Une pluie d'obus s'est abattue sur leurs têtes. Selon les casques blancs, 45 morts et des dizaines de blessés sont à comptabiliser.

 

 

Alep, un symbole de résistance convoité

Les forces russes sont déterminées à s’emparer d’Alep. Pourquoi ? D’abord parce que la ville est un endroit stratégique d’un point de vue géographique. Elle est la clé qui permet d’accéder à la ligne verticale s’étendant jusqu’à Damas et incluant les principales villes de Homs ou Hama et l’accès à la mer Méditerranée. Ensuite parce qu’il s’agit d’un fort symbole de résistance : ancienne capitale économique du pays et l’un des principaux champs de bataille de la guerre.

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