Plusieurs signalements effectués

Les Taaf ont désormais une feuille de route contre les violences sexistes et sexuelles

  • Publié le 6 mai 2023 à 05:07
  • Actualisé le 6 mai 2023 à 09:50

La préfète des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), Florence Jeanblanc-Risler, a présenté ce vendredi 5 mai 2023 la nouvelle feuille de route de lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles au sein de ces territoires. Un dispositif mis en place alors que plusieurs plaintes ont été déposées ces dernières années à l’encontre de résidents. Ces 12 derniers mois, trois personnes ont été sanctionnées (Photo : rb/www.imazpress.com)

"Le harcèlement et les violences sexuelles n’ont leur place ni dans les TAAF, ni dans notre société" a martelé Florence Jeanblanc-Risler à l'occasion d'une conférence de presse organisée à Saint-Pierre de La Réunion. Pendant plusieurs mois, l’administration a mené une concertation pour établir une feuille de route à destination des personnels des Taaf.

"Ce plan d’action répond à deux constats : nos administrés ont une attente forte et nous avons un besoin de revoir nos procédures et obligations" a détaillé la préfète. "Vigilance, réactivité, accompagnent et information sont notre boussole" a-t-elle indiqué. "Nos quatre objectifs s'articulent autour d'un engagement collectif, qui est l'engagement de mon administration, de nos partenaires, de nos chefs de district, de notre service médical, et sur l'engagement individuel de l'ensemble des personnes qui s'engagent."

Cette feuille de route a été établie alors que plusieurs plaintes ont été déposées ces 12 derniers mois pour des faits supposés de harcèlement et d'agression sexuelle.

"Trois signalements ont mené à des sanctions, un retour à La Réunion (où se trouve le siège de la collectivité ; ndlr) et une fin de contrat ont été décidés" a indiqué Florence Jeanblanc-Risler, sans préciser quels faits leur étaient reprochés exactement.

Deux autres plaintes ont par ailleurs été classées sans suite.

- Une victime dénonce sa prise en charge -

Une femme stationnée sur l'île Amsterdam a signalé en avril 2022 une agression sexuelle. Le chef de district a saisi le parquet de Saint-Denis de La Réunion, qui prend en charge les procédures pénales des TAAF. La plainte a ensuite été transférée au parquet de Toulouse, où réside désormais la plaignante, avant d'être classée sans suite en avril 2023.

Une seconde femme, stationnée elle aussi sur l'île Amsterdam, a de son côté porté plainte pour harcèlement sexuel le 16 septembre 2022. La plainte a été classée le 29 septembre, soit 13 jours après. L'administration des Taaf lui a par la suite proposé de quitter l'île. Elle a finalement accepté de partir.

Depuis, la victime dénonce le maintien sur l'île de son harceleur présumé, tandis qu'elle a dû quitter le territoire, ne souhaitant pas côtoyer ce dernier. "C'est une injustice, la réponse a été en fracture avec ma démarche, j'ai été très transparente" a estimé la jeune femme.

Florence Jeanblanc-Risler estime, elle, que "tout a été fait dans les règles". "Nous avons été extrêmement réactifs" a-t-elle assuré.

"Le parquet a classé la plainte sans suite, dans ce contexte on ne peut pas sanctionner. L'intéressé a finalement été renvoyé à La Réunion par mesure administrative dans un contexte qui était devenu pesant pour tous" a-t-elle précisé.

Une plainte a par ailleurs été déposée par les Taaf contre des militantes féministes ayant dénoncé la prise en charge de la jeune femme. Des affiches avaient été collées aux abords des locaux de l'administration à Saint-Pierre. Interrogée sur cette plainte, la préfète a indiqué "ne pas commenter une instruction en cours".

Des habitants de l'archipel Kerguelen, l'un des cinq districts formant les Taaf, ce sont eux-aussi mobilisés. A la suite de la lettre de leurs voisins d'Amsterdam, ils ont adressé à la préfète le 25 décembre une série de propositions de mesures préventives et d'accompagnement car, "les situations d'agressions et de harcèlement ne sont pas des cas isolés dans les Taaf".

- Un plan de lutte –

Une dizaine d'actions ont donc été décidées pour tenter d'atteindre "le risque 0" explique Florence Jeanblanc-Risler. "Ce plan est un plan évolutif, un document unique qui permet de mieux former et mieux prévenir qui résulte d'une grande concertation."

Dans un environnement où les femmes représentent 15 à 20% des effectifs, et 30 à 40% des services civiques, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est essentielle. "Nous avions évidemment déjà des mesures en place, mais c'est la première fois que nous regroupons tout cela dans une unique feuille de route" a indiqué la préfète.

"Pour les prochains départs, il y aura un renforcement des formations avec des mises en situation concrètes pour comprendre ce qu'est exactement le harcèlement, un renforcement des formations sur la prise en charge des victimes, et également la signature à l'embauche d'une charte avec les dispositions pénales applicables" a-t-elle détaillé.

"Nous allons également lancer une campagne de communication à destination des hivernants et des agents du siège, avec des affiches, des guides, tout un dispositif disponible sera disponible sur notre intranet."

L'administration souhaite aussi créer des groupes de parole dans chaque district, pour "échanger sur la vie en collectivité, désamorcer des situations qui pourraient dégénérer, et offrir un espace de parole" a conclu la préfète. 

as/www.imazpress.com avec l'AFP / redac@ipreunion.com

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