La monnaie locale, ça vous parle ? Si cela n'est pas le cas, le Tikatsou, une nouvelle monnaie locale fait son apparition dans le paysage économique de La Réunion. Ils sont cinq à l'initiative du projet, tous membres de l'association Nout Moné. Ils nous en dévoile les enjeux.
En réalité, il s'agit d'une monnaie locale complémentaire et citoyenne (MLCC). La précision est importante car elle souligne que celle-ci ne remplace en aucun cas l'euro, mais comme mentionné elle la complète. Joëlle Dijoux, militante du projet, a eu le plaisir de nous éclairer sur le concept au nom de l'association. Elle explique que l'essentiel du projet est de "soutenir l'économie locale pour un impact écologique et sociétal". Le projet est encadré par l'article 16 de la Loi ESS (économie sociale et solidaire) de juillet 2014. Au total il existe 82 monnaies locales en France métropolitaine.
Le projet semble naître dans une période propice à la remise en question de chacun. En effet, face aux nombreuses crises qui surgissent, les consommateurs semblent penser différemment en ce qui concerne leurs dépenses, ainsi cela a favorisé leur adhésion au réseau Tikatsou. Il s'agit d'une "expérience commune" selon Joëlle Dijoux.
- L'importance de la fibre identitaire -
Il est vrai que "le lien entre l'économie et l'écologie est fort, mais où est la place de l'homme dans tout ça ?" poursuit-elle. Pour cela, l'association a fait en sorte que chacun puisse s'y retrouver, ce qui explique pourquoi les billets sont décorés d'un message "Ti ash i koup gro bwa". La militante confie que pour elle, cela se traduit par "un petit geste individuel, pour un impact conséquent".
Le rappel à l'identité réunionnaise appuie l'idée de créer ou plutôt de renforcer l'unité d'un peuple, ainsi les motivations sont autant culturelles qu'écologiques. Ce lien à la culture est "déterminant, fort pour permettre aux gens de s'approprier le concept" rappelle-t-elle.
Le principe est simple, en utilisant le Tikatsou vous vous adressez à un réseau restreint de professionnels locaux, il peut s'agir de producteurs comme de prestataires de service, qui utilisent également cette monnaie. Pour préciser cela fonctionne sur un échange, les usagers ne peuvent qu'échanger du Tikatsou contre de l'Euro, seuls les professionnels peuvent faire l'inverse. Le fait d'avoir recours à ce substitut permet le boost du marché local réunionnais, de plus dans ce cas l'usager sait où son argent va. Cela se résume comme "un acte militant, un acte d'engagement citoyen qui prône certaines valeurs" faisant augmenter le nombre de personnes au sein du réseau.
Au final, la monnaie circule au sein de l'économie locale profitant à tous, en s'éloignant petit à petit des dépendances économiques avec l'extérieur de l'île. C'est dans cette même démarche que la vision écologique intervient, la communication vers le commerce extérieur est moins sollicitée et cela réduit donc toutes les conséquences qu'il peut y avoir autour des importations ou exportations.
Leur présence dans différents événements, comme le Salon de l'Écologie ou encore le Salon de l'Identité et de la Culture Réunionnaise, a été l'occasion de se faire connaître et d'attirer de nouveaux adhérents. Ils sont désormais un peu plus de 300 adhérents et même si les billets sont encore au stade de prototype, l'adhésion des membres permet aujourd'hui la réussite du projet. Pour le moment, l'association s'est présentée devant les collectivités pour qu'ils valident, si la décision est favorable en juin/juillet 2023 aura lieu le lancement officiel de Tikatsou. Vous pourrez utiliser cette monnaie dans des bureaux de change, si vous êtes adhérant du réseau. Les fondateurs du projet se disent fiers de l'avancée du projet, surtout de l'impact que cela a auprès des plus jeunes, qui sont l'avenir de l'économie locale.
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