Nanotechnologies

Torskal, la société qui transforme les plantes pour traiter les cancers de la peau

  • Publié le 25 mai 2024 à 04:30
  • Actualisé le 25 mai 2024 à 04:41

Ce samedi 25 mai 2024 marque le dernier jour du salon VivaTech à Paris, où dix entreprises ont pu présenter leur travail. Parmi elle, la société Torskal, pionnière dans les nanotechnologies vertes et qui travaille sur un nouveau traitement des cancers cutanées à partir de plantes transformées en nanoparticules d'or. Un procédé unique et breveté, qui rentrera bientôt en essai clinique si tout se passe bien. (Photo Photo as/www.imazpress.com)

"Troskal est spécialisé en nanotechnologie verte contre le cancer, c'est-à-dire qu'on développe des nanoparticules d'or à partir de plantes endémiques de La Réunion pour détruire les tumeurs par la chaleur" détaille Anne-Laure Morel, co-fondatrice et présidente de la société.

Une nanoparticule, c'est un petit objet qui fait un milliardième de mètre. "C'est plus petit qu'une cellule. L'innovation c'est le fait d'utiliser des plantes médicinales en remplacement de tous les produits chimiques, et j'ai revisité le procédé de fabrication" détaille la biochimiste.

Une technologie qui a été développée à la création de la société, en 2015. "L'invention réside dans le fait qu'au lieu d'utiliser les propriétés pharmacologiques d'un médicament, comme la chimiothérapie par exemple, on va aller injecter la nanoparticule dans la tumeur et l'activer avec un laser" détaille la biochimiste. "Il va y avoir une conversion d'énergie en chaleur, ce qui va détruire thermiquement la tumeur."

Soucieuse de créer un procédé respectueux de l'environnement, elle s'est tournée vers la biodiversité riche de l'île.

"Je voulais que ce soit une plante inscrite à la pharmacopée française, je ne voulais pas utiliser de racine ou d'écorce, et ne pas être soumise aux saisons. Je me suis donc intéressée aux plantes endémiques de l'île" explique Anne-Laure Morel.

Les plantes choisies "sont riches en polyphenol (une famille de molécules organiques ; ndlr), la composition chimique est importante pour obtenir les nanoparticules".

"J'ai revisité le protocole classique de fabrication des nanoparticules, pour obtenir de toutes petites particules qui peuvent être employées dans le traitement de certains cancers cutanés" détaille-t-elle. "C'est une technologie brevetée, dont le brevet protège la technique et les caractéristiques finales du produits et leur application." Ecoutez :



- Une idée née de son expérience de doctorante -

L'idée est née pendant le doctorat d'Anne-Laure Morel à l'université de Jussieu (Paris), où elle travaillait avec des biocapteurs et des nanoparticules d'or, employées pour détecter certaines molécules.

 "J'ai constaté qu'on utilisait massivement des produits toxiques pour les traitements, et je voulais créer un procédé simple et respectueux de l'environnement" se souvient-elle.

"Puis, comme beaucoup de personnes malheureusement, j'ai été affectée dans mon entourage par le cancer, et je me suis rendue compte que les nanoparticules sont parfaites pour entrer au cœur de la cellule et interagir de manière très spécifique. Mon expérience en tant que chimiste associée aux plantes, a fait qu'il y a eu une convergence d'idée pour développer ce procédé" explique-t-elle.

- Levée de fonds -

La société travaille désormais sur les levées de fond pour continuer leur recherche, et sur la création d'un dossier à destination de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour pouvoir lancer les essais cliniques.

"On a finalisé la partie recherche et développement sur le programme qui concerne les cancers cutanés. On a effectué le transfert technologique, et donc identifié des partenaires technologiques pour la fabrication des nanoparticules. On a aussi identifié les partenaires hospitaliers pour les recherches cliniques" annonce Anne-Laure Morel.

"On est aujourd'hui dans la phase réglementaire presque aboutie pour déposer un dossier et demander à l'ANSM l'autorisation de lancer les investigations cliniques. Pour cela on a besoin de lever des fonds" explique-t-elle.

D'où sa présence cette semaine au salon VivaTech.

A long terme, le procédé pourrait être décliné pour d'autres types de cancers.

"Ce programme est dédié aux cancers de surface, on ne parle pas de cancers profonds. Mais bien entendu, quand j'aurais fait la preuve du concept chez l'Homme, ça pourra être extrapolé à d'autres indications, comme les mélanomes, les cancers de la prostate, de la vessie…Il y a aussi d'autres brevets qui donnent des nanoparticules hybrides et qui pourront être associés à de la radiothérapie" estime Anne-Laure Morel. Et pourquoi pas l'appliquer à d'autres types de lésions cutanées.
 
as/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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