État des lieux

Chikungunya : les cas augmentent rapidement, l'inquiétude aussi

  • Publié le 3 avril 2025 à 17:04

Entre le 17 et le 26 mars 2025, La Réunion a enregistré 5.832 cas confirmés de chikungunya et plus de 18.000 consultations en médecine de ville, selon la préfecture. Face à cette flambée épidémique, la population et les professionnels de santé sont en alerte. Urgences saturées, pénurie d’anti-moustiques et laboratoires sous tension : état des lieux d’une crise sanitaire qui s’intensifie. (Photos rb/www.imazpress.com)

- Urgences saturées : une filière dédiée en préparation -

Au CHU Sud, le service des urgences fait face à une double crise : une crise du capacitaire hospitalier déjà existante et l’arrivée massive de patients atteints du chikungunya. "Nous accueillons actuellement 25 patients supplémentaires par jour", explique le Dr Olivier Gacia, chef du service des urgences. "Nous rencontrons donc des difficultés de prise en charge, auxquelles nous devons faire face en adaptant au mieux nos services". 

Selon les épidémiologistes, le pic de l'épidémie est attendu pour la fin du mois d'avril. "Nous ne savons pas à quoi nous attendre mais nous devons l'anticiper. La création d'une filière chikungunya au sein des Urgences pourrait permettre de réguler le flux de patients, surtout s'il est amené à augmenter dans les prochaines semaines", précise Olivier Gacia.

En attendant, il est recommandé aux patients présentant des symptômes de consulter en médecine de ville afin d’éviter un engorgement supplémentaire des urgences. "La prise en charge y sera la même qu’aux Urgences", assure le chef de service des Urgences du CHU Sud. Particularité cependant pour les patients qui en ont besoin, ils pourront bénéficier d'une hydratation ou d'antalgiques, par voie veineuse. "Je suis bien conscient que mes confrères sont eux aussi saturés et que le nombre de patients à prendre en charge est conséquent, même si le pic n'a pas encore été atteint", souligne Dr Olivier Gacia.

- Certains produits anti-moustiques en rupture de stock -

Face à la propagation du virus, la demande en produits répulsifs a explosé, entraînant des ruptures de stock dans les pharmacies. Selon Claude Marodon, président de la délégation de l'Ordre des pharmaciens Réunion-Mayotte, certaines officines parviennent encore à s'approvisionner. 

"Nous faisons le maximum avec l'aide des fournisseurs et des grossistes pour reconstituer les stocks. L'épidémie actuelle, couplée à la période cyclonique, complique l'approvisionnement en produits certifiés", explique-t-il.

Lire aussi - Chikungunya : 5.832 nouveaux cas confirmés, plusieurs décès en cours d’investigation

Dans une pharmacie du centre-ville de Saint-Denis, quelques références de produits anti-moustiques sont encore disponibles sur les étagères. 

"Aucune pénurie n'est à déclarer pour le moment", se réjouit le pharmacien. "Nous bénéficions de commandes centralisées qui sont ensuite réparties dans les diverses pharmacies du groupe. Nous n'avons plus de stock pour certaines gammes, mais les commandes sont déjà passées et elles devraient arriver en fin de semaine".

- Un vaccin remboursé bientôt disponible pour les plus vulnérables -

Concernant la vaccination, 40.000 doses seront bientôt disponibles à La Réunion, à destination des publics fragiles. Sur prescription médicale, les vaccins seront remboursés pour les plus de 65 ans, les personnes de 18 à 64 ans présentant des comorbidités (diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires ou respiratoires) et les professionnels de la lutte antivectorielle. Les autres devront se rapprocher de leur médecin traitant et s'acquitter du coût du vaccin. 

Lire aussi - Chikungunya : les pharmaciens autorisés à vacciner la population

- Des laboratoires sous pression -

Tout comme les pharmacies, les laboratoires d'analyses tournent à plein régime. À Saint-Denis, les équipes de Cerballiance travaillent sans relâche depuis le mois de février.

"Ces dernières semaines, nous enchaînons les tests de dépistage dès 6 heures du matin, jusqu'au soir. Si cette cadence se maintient, nous risquons de ne plus pouvoir tenir le rythme", confie un professionnel du secteur.

Avec un pic épidémique attendu dans quelques semaines, la tension risque de s’accroître encore davantage. Face à l’urgence, la prévention reste la meilleure arme : élimination des gîtes larvaires, protection contre les piqûres et vigilance accrue.

Lire aussi - Chikungunya : une progression rapide des cas et un premier pic épidémique attendu fin avril

- Témoignage :"J'ai déjà eu le chikungunya en 2007 et je faisais très attention" -

À 73 ans, Marlène n’aurait jamais imaginé revivre un jour le cauchemar du chikungunya. Dix-huit ans après avoir contracté le virus pour la première fois, elle se souvient des douleurs comme si c'était hier : "En 2007, je promenais mon petit-fils et je n'arrivais même plus à pousser sa poussette", confie-t-elle.

Si les médecins sont formels sur l'impossibilité de contracter la maladie deux fois, la septuagénaire l'assure, c'est bien le chikungunya qui l'a contaminée en 2007, et en 2025.

Tout a commencé le mardi 25 mars dernier. "J’ai senti des douleurs au bout des doigts, dans les orteils, les pieds, les jambes... Je ne comprenais pas ce qui se passait. Le lendemain, je peinais à marcher. Au début, j’ai cru que c’était simplement de la fatigue, que j’avais trop marché ou trop longtemps tenu debout. Mais la douleur, surtout dans mes os et sous la plante des pieds, était inexplicable", explique Marlène.

À bout de souffrance, elle se rend aux urgences du CHOR, à cinq heures du matin, le jeudi suivant. "Dès mon arrivée, on m'a fait des examens. Le médecin a tout de suite suspecté le chikungunya. Il m’a prescrit un bilan complet : prise de sang, vérification du diabète, du cholestérol... Heureusement, il n’y avait aucun signe inquiétant au niveau neurologique, cardiaque ou digestif. Pas d’inflammation visible, mais une douleur insupportable."

Face à ce mal qui ne laisse que peu d'options, la septuagénaire se sent démunie. "On m'a dit qu'il n'y avait pas de remède, pas de miracle. Le médecin ne m'a même pas parlé du vaccin. On m'a donné du paracétamol, c'est tout." Après une longue attente, Marlène quitte l'hôpital en début d'après-midi, toujours en proie à des douleurs intenses. "Je pouvais à peine marcher."

Le calvaire se poursuit toute la semaine. "Au moindre contact, j’avais mal. Mes jambes me démangeaient, des plaques apparaissaient... La douleur était surtout concentrée sur mes bras et mes jambes, du genou aux pieds. Le reste de mon corps était épargné, mais je ne pouvais pas dormir." 

Peu à peu, les symptômes s’atténuent. "Le dimanche, les douleurs ont commencé à diminuer. J’ai pris le temps de me reposer, de boire des tisanes à base de feuilles de papaye et de prendre des bains avec des feuilles de cerisier. Aujourd’hui, je vais mieux, mais je reste fatiguée et je me repose dès que possible."

Malgré toutes les précautions prises, Marlène ne comprend toujours pas comment elle a pu être infectée. "Je faisais très attention : je portais des vêtements longs, je m’assurais qu’il n’y ait pas d’eau stagnante chez moi… Je n'ai pas fait d'imprudence. Je pensais que je ne l’attraperais plus jamais." Désormais, elle redouble de vigilance et sensibilise son entourage au danger du virus.

- Témoignage : "Dans la salle d’attente, presque tout le monde était là pour ça" -

Il y a quelques jours, Eythan, 14 ans et demi, s’est réveillé fiévreux, couvert d’éruptions cutanées et souffrant de douleurs aux poignets. Pensant d’abord à une réaction allergique ou aux effets du sport pratiqué la veille, sa mère Prisca lui administre du Doliprane et un antihistaminique. "A aucun moment je n'ai pensé au chikungunya. Je me suis dit qu'il avait mal aux pieds à cause du foot et que les plaques étaient dues à une réaction après avoir mangé des fruits de mer", elle raconte.

Au début, les symptômes semblent s’atténuer, mais dans l’après-midi, l’état d’Eythan se dégrade : il est épuisé et doit même se reposer. Inquiète face à sa fatigue grandissante et à l’intensité de ses douleurs, Prisca décide de l’emmener à SOS Médecins, à Saint-Denis. Le diagnostic ne tarde pas à tomber : il s’agit bien du chikungunya. "Dans la salle d’attente, presque tout le monde était là pour ça", raconte-t-elle.

Malgré l'absence de précautions particulières à la maison, aucun autre membre de la famille n’a été infecté. "On dort fenêtres ouvertes, sans moustiquaire et sans mettre de répulsif parce qu'il n'y a pas beaucoup de moustiques à la maison, donc on aurait pu s’attendre à ce que d’autres tombent malades aussi."

- Les bons gestes -

L'ARS rappelle que la lutte contre le virus du Chikungunya passe aussi par l'élimination des gîtes larvaires (gouttières, soucoupes de pots de fleurs, etc.), l'utilisation d'insecticides et de plantes répulsives (citronnelle, lavande, géranium), ainsi que le port de vêtements longs et de moustiquaires imprégnées, notamment pour les femmes enceintes et les jeunes enfants.

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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14 Commentaires
Missouk
Missouk
1 semaine

C'est le même b... qu'en 2005-2006. L'ARS avait près de vingt ans pour se préparer à cette épidémie. Ils ont fait quoi ? RIEN !!!!!! A part nous ressortir les mêmes protocoles qu'il y a vingt ans et nous abreuver de chiffres dont tout le monde se fiche! Des anciens meurent, des nouveaux-nés vont avoir des séquelles graves! Il y a clairement négligence grave, voire mise en danger de la vie d'autrui. Les gens concernés ou des proches devraient déposer plainte. Nous avons affaire à des incompétents. Quant aux vaccins, ils ne sont toujours pas arrivés, et arriveront bien entendu après l'épidémie. On a tellement l'habitude !!!!

Cyprès
Cyprès
1 semaine

Exactement, des INCOMPETENTS !!! Depuis 2019, la Nouvelle Calédonie montre l'efficacité de leur programme naturel, protège les habitants, mais dans les DOM, les responsables ne font rien ! Ils disent ce qu'il faudrait faire une fois que c'est trop tard. Oui, toutes les personnes concernées qui souffrent doivent porter plainte.

Vaccin la.misere
Vaccin la.misere
1 semaine

40 000 doses de vaccins pour plus de 800 000 habitants.

Cyprès
Cyprès
1 semaine

Les femmes enceintes ne peuvent pas se faire vacciner. Elles ne seront donc pas protéger...
Quant à ceux qui ont le chikungunya , le vaccin ne ne sert à rien.

Zanmari le lo sucré de l'Est
Zanmari le lo sucré de l'Est
1 semaine

Il faut se bouger pour protéger la population.

Sinon stop avec les blabla.

Templier974
Templier974
1 semaine

Cette maladie est un neuro-toxique récupéré en Tanzanie dans les années 1950.la souche est conservée aux États-Unis, en France et en Angleterre. Cette bactérie a été vendu aux Irakiens et en 1990 la guerre éclate dans ce pays (tempête du désert)lors de cette opération, la propagation se fait avec les missiles SCUD. Sur un terrain d'opération certains neuro-toxiques sont utilisés et comme la Réunion est une île avec des vents contraires, je vous laisse découvrir ce qui se passe. C'est une île test et rien n'est fait pour la population. Ce n'est que la vérité...

Jean Raoul
Jean Raoul
1 semaine

Vous devez être un grand scientifique ! Vous l'avez vu sur internet et c'est donc forcément vrai... mdr

Alain
Alain
1 semaine

C'est le secret du templier....

ZembroKaf
ZembroKaf
1 semaine

"Si les médecins sont formels sur l'impossibilité de contracter la maladie deux fois"...c'est le genre de certitude que "j'aime" .... c'est un foutage de gueule et un manque de respect envers la population !!! pleins de personne au tour on contracté le "chik" 2 à 3 fois (prise de sang confirmée) !!!
@absurland ... malheureusement on verra des maladies "non soignées" et des prises en charge chirurgicales "reportées" ... avec cette "bande de clowns" au pouvoir ... leur sujet le plus important "c'est le voile" !!!
comme dit mon voisin "zarab" : un verre d'eau 3 dattes et un voile ... i fé pisse gouvernement dan' zot kilot !!!!

absurland
absurland
1 semaine

On prétend lutter contre l'épidémie, mais les personnes contagieuses retournent travailler et contaminer les autres, faute d'arrêt de travail adapté à la longueur de la contagiosité, ou poussées par la journée de carence et les fait de perdre 10% de salaire par jour d'arrêt.
Si vraiment cette épidémie vaut 40000 vaccins à 250 euros ( 10 millions d'euros quand même...), peut-être faudrait-il mettre cet argent pour garder les malades chez eux le temps nécessaire, sans leur faire subir la double peine 'maladie- perte financière '.

Teee@dflr.fr
Teee@dflr.fr
1 semaine

Ben oui c'est exactement ça maintenant

Tree
Tree
1 semaine

Cerballiance c'est une boîte privée ? Ils ont qu'à embaucher, ils peuvent avec tout le blé qu'elle se fait...

Carla
Carla
1 semaine

Même chez les medecins y a foule et certains ne prennent meme plus le temps de consulted : pour le Chik c paracetamol et protocole homeo avec tisane . Merci au revoir .

Lina
Lina
1 semaine

Le prix des anti moustiques est exorbitant. Certains font bien leur beurre sur le chik !