Marche blanche, discours et moringue

Saint-Denis : mobilisation réussie pour la première Journée sans alcool

  • Publié le 6 octobre 2018 à 15:10
  • Actualisé le 6 octobre 2018 à 15:16

Beaucoup de monde, jeunes et moins jeunes, valides et moins valides : ils ont tous répondu à l'appel de la Fédération régionale d'addictologie de La Réunion (FRAR), présidée par le Dr David Mété. En tête de cortège, le Président du Conseil Départemental, Cyrille Melchior, et des élus, symbole de l'importance de l'enjeu de la journée : lutter contre le fléau de l'alcool à La Réunion qui occasionne plus de 450 décès par an, par accidents, violences domestiques ou sociales et des suites de pathologies induites par cette addiction.

Partie peut après 10h du Jardin de l’Etat ce samedi 6 octobre 2018, la marche blanche en mémoire des victimes de l’alcool a mis de l’ambiance dans l’avenue de Paris. Certains marchaient même sur la tête (photo) !

De l’ambiance, il y en a eu, avec des danseurs de moringue, des chanteurs de maloya… De la joie, beaucoup, mais des moments de gravité aussi. Notamment quand on demande aux participants de cette marche blanche pourquoi ils sont là.

Des témoins et des militants engagés

Aurore, la petite quarantaine au joli sourire, le dit tout de go : elle était co-dépendante. Comprendre que si elle ne buvait pas elle-même, elle était par contre victime des excès de boisson de son conjoint. " Je peux témoigner que maintenant que mon mari ne boit plus, tout a changé. La vie, la vie familiale, tout est transformé ". Sa voix est grave, ferme et elle veut se mobiliser pour que la lutte contre l’alcool soit une priorité.

Plus loin dans la foule, des jeunes filles, vêtues d’un tee-shirt vert affichant le slogan " Savoir dire non ". Parmi elle, Prisca le reconnaît " Dire non, ce n’est pas toujours facile, mais il le faut, c’est trop grave les dégâts que cause l’alcool ".

Plus loin, c’est Pascal*, un retraité qui avoue sans honte avoir été un alcoolique : " C’est fini maintenant, mais je veux militer contre l’excès d’alcool. On se laisse glisser sans se rendre compte.  Et un jour ça va trop loin ". Lui s’en est sorti, mais pas tout le monde autour de lui. " Je ne suis pas contre l’alcool en soi, mais contre l’excès d’alcool ", relativise-t-il.

Emilie, elle aussi, veut se mobiliser contre l’alcool : " Je ne suis pas concernée moi-même, mais on connaît tous des gens qui ont des proches morts dans un accident à cause de l’alcool. Il faut faire passer le message que l’alcool, c’est dangereux. "

Un scandale de santé publique à résoudre

Au moment des discours, les élus, les associatifs, les témoins, n’ont pas dit autre chose. Décès sur la route, décès des suites de pathologies induites par la maladie, femmes (le plus souvent) victimes de la psychose alcoolique de leurs compagnons, jeunesses brisées par un délit ou un crime sous l’emprise de l’alcool : les raisons de lutter contre l’alcool, que toutes les personnalités présentes ont qualifié de " fléau à La Réunion ", ne manquent hélas pas.

Après la minute de silence, le dépôt de gerbe et les discours engageant à une prise de conscience, à une action individuelle et collective, une délégation, menée par le Dr David Mété, a été reçue à la préfecture, afin de déposer une motion demandant l’arrêt de la publicité sur l’alcool et un encadrement plus sévère des taxes sur les spiritueux, " scandaleusement jusqu'à trois fois moins cher à La Réunion qu'en métropole ", comme le souligne le Dr David Mété qui estime que ces deux points polémiques sont tout simplement un " scandale de santé publique ".

ml/www.ipreunion.com

*Le prénom a été modifié

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