Régions ultra-périphériques

Huguette Bello co-signe la déclaration finale de la 26e Conférence des Présidents des RUP aux Açores

  • Publié le 20 novembre 2021 à 11:00

LA présidente de la Région Réunion, Huguette Bello, participe à la 26ème Conférence des Présidents des Régions ultra-périphériques qui se poursuit ce vendredi 19 novembre 2021 aux Açores, au Portugal. Elle a co-signé, avec l'ensemble des présidents des RUP (régions ultra-périphériques). Nous publions ici le communiqué de la Région Réunion. (Photos : Région Réunion)

La présidente de la Région Réunion participe à la 26e Conférence des Présidents  des RUP qui se poursuit aujourd’hui aux Açores (Portugal). Ce rendez-vous  intervient dans un contexte particulier marqué par les multiples impacts de la crise  sanitaire qui ont largement modifié de nombreux paradigmes et avait conduit  l’Union européenne à décider d’un plan de relance sans précédent. 

Face à ses homologues présidents de régions, Huguette Bello a noté les "réponses  pragmatiques aux défis de la pandémie" apportées dans l’urgence par l’Union  Européenne. Mais elle a surtout longuement plaidé pour la notion de "politiques  sensibles aux RUP", qui soient spécifiquement pensées pour nos territoires. "Des  politiques qui doivent désormais dépasser la seule approche d’apaisement ou de  compensation et nous permettre d’exploiter enfin pleinement le potentiel  économique que possèdent nos territoires.

C’est ce que nous serions en droit  aujourd’hui d’exiger de l’Union européenne", a déclaré la présidente de la Région  Réunion.  Les neufs présidents de RUP réunis ont co-signé une déclaration finale où ils  appellent à ce que "les engagements politiques" des instances européennes se  traduisent par "des mesures concrètes favorisant la diversification de l’économie" et la reconnaissance de leurs atouts et de leur rôle géo-stratégique. Ils soulignent  également que les futures présidences du Conseil de l’Union Européenne, française  puis espagnole, constituent "une opportunité unique de placer l’ultra-périphérie au centre de l’agenda politique". 

Les mois qui viennent seront en effet particulièrement importants. En janvier 2022,  la France prendra la présidence du Conseil de l’Union Européenne. Une conférence  ministérielle aura également lieu en Martinique, sous le haut patronage de la  Présidence française. Puis au second trimestre 2022, la Commission européenne  déclinera sa " stratégie rénovée " pour les RUP. 

A chacun de ces rendez-vous, Huguette Bello veillera à ce que soit portée, entendue et respectée la voix de La Réunion et des Réunionnais.

Discours de la présidente de la Région Réunion, Huguette Bello,  prononcé à l'ouverture de la conférence des présidents des RUP :

" Monsieur le Président de la Conférence, 
Messieurs les Présidents, 
Mesdames et Messieurs, 

C'est avec un immense plaisir que je participe avec vous ce matin à ma première  Conférence des Président des RUP. Je voudrais tout d’abord exprimer mes sincères  remerciements au Président José Manuel Bolieiro et à toute son équipe pour l’accueil  qui nous a été réservé. C’est mon premier déplacement ici, aux Açores. Je découvre une très belle région, un très bel archipel dont la superficie est proche de celle de La  Réunion mais il est vrai avec pas moins de 9 îles. Cette réalité archipélagique illustre  parfaitement la diversité de nos régions et montre une fois encore que la réalité  géographique de l’Europe ne se limite pas au seul continent. 

Notre présence, ici, aux Açores, est donc d'abord liée à une conviction partagée, et que la conférence des présidents des RUP a déjà eu l’occasion d’exprimer de façon concise : " le critère de l’ultrapériphérie doit être considérée comme le critère déterminant et  premier dans toutes les politiques de l’Union". Il n’y a évidemment rien à changer à  cette phrase qui figure dans la déclaration signée, ici même, à Ponta Delgada en juin  1998.

Et si vous me permettez d'ajouter un mot plus personnel, vous comprendrez que je  veuille, au moment de la signature de la 26e déclaration, et au moment où nous en  sommes de l'histoire de l'Union européenne, rendre hommage à l'action accomplie par un de nos pionniers, par un de nos précurseurs, le Président Paul Vergès, qui, il y a 23  ans, signait, ici même, sa première déclaration dans le cadres de la 4e conférence des  Présidents des RUP. São Miguel est à l’évidence l’île des premières fois. C’est un  héritage qu’il m’appartient, qu’il nous appartient, non seulement de faire vivre, mais  aussi de conquérir, pour le transmettre à nouveau à nos concitoyens. Cet héritage est  donc d'abord un projet. C’est tout l’enjeu de notre déclaration finale qui devra porter,  je le souhaite, le témoignage du souffle de ceux qui nous ont précédés. 

Je pense que l'Europe n'a jamais été aussi politique depuis qu’elle a été obligée  d’apporter dans l’urgence des réponses pragmatiques aux défis de la pandémie. Les  avancées importantes depuis près de 2 ans et la concrétisation d'initiatives à l’échelle  des 27 (avec la mutualisation de la dette ou encore le sommet social de Porto) sont le  fruit d'une réponse politique et non d'une construction technocratique. C'est pour moi  le signe que nous avançons plutôt dans la bonne direction. Mais gardons-nous d’en  tirer une leçon de facilité : car il ne faudrait pas, à la faveur de la reprise économique du continent européen, que les anciennes pratiques et que les anciens réflexes  ressurgissent.

L’agenda européen nous est favorable : je pense à la prochaine Présidence française du Conseil de l’Union européenne, à la conférence ministérielle qui se tiendra en  Martinique en début d’année prochaine et à la publication de la nouvelle  communication de la Commission en faveur des RUP au 2ème trimestre 2022.  Notre responsabilité en tant que Présidente et Présidents de Régions  ultrapériphériques est de continuer à travailler à cette Europe politique, c’est à dire une Europe qui réponde concrètement aux attentes de ses citoyens et de ses régions les  plus éloignés du continent. Capitalisons sur l’expérience de ces deux dernières années  où l’Union européenne a su promouvoir des politiques inédites, contrainte finalement  d’aller bien au-delà des politiques habituelles centrées sur le marché unique, les règles  de concurrence et le pacte de stabilité.

Je sais que la conférence de Cayenne a consacré les expressions de " politiques sur  mesures " ou de " traitement à la carte ", C’est une avancée importante mais qui ne  trouve encore aujourd’hui qu’une déclinaison partielle dans la nouvelle législation  2021-2027. C’est pourquoi l’expression de politiques sensibles aux RUP pourrait  devenir la meilleure option pour affronter les enjeux économiques et les défis sociaux  post Covid. 

Au-delà de l’indispensable reconnaissance de l’article 349 du TFUE et des mentions  dont il bénéficie au sein des règlements, des politiques sensibles aux RUP pourraient  être finalement la garantie aussi d’une mise en œuvre simplifiée, flexible et réactive des politiques de l’Union européenne.

L’exemple des aides à la flotte illustre bien cet aspect : nous bénéficions depuis 2018  d’un traitement sur-mesure au titre de la modification des lignes directrices pour  l’examen des aides d’État dans le secteur de la pêche. Mais force est de constater que  la DG Concurence se montre toujours aussi insensible aux difficultés d’un secteur qui  pourtant offre des opportunités réelles dans chacune de nos régions.

Des politiques qui soient spécifiquement pensées pour nos territoires, c’est ce que  demandaient déjà nos prédécesseurs, des politiques sensibles à nos territoires  (politicas sensiveis aos nossos terrutorios, Monsieur le Président), c’est ce que nous  serions en droit aujourd’hui d’exiger des politiques de l’Union européenne. Des  politiques qui doivent désormais dépasser la seule approche d’apaisement ou de  compensation et nous permettre d’exploiter enfin pleinement le potentiel  économique que possèdent nos territoires. Et le secteur de la pêche en fait  évidemment partie, que ce soit en termes d’emploi, de formation et de création de  richesses.

C’est vrai aussi en matière d’énergie : des politiques sensibles à nos territoires ne se  contenteraient pas de reconnaître notre situation extrêmement favorable du point de  vue du potentiel en matière d'énergies renouvelables, elles arrêteraient des mesures  spécifiques et concrètes dans le domaine énergétique afin d’encourager les  investissements dans nos territoires, afin surtout de les amener à des rentabilités  équivalentes au reste de l’Union. 

C’était, Monsieur le Président Letchimy, une des propositions que vous aviez formulée  dès 2013 avec le Poséi Energie. Nous en sommes malheureusement encore très loin  quand on voit que, aujourd’hui comme hier, nous ne bénéficions même pas de ce qui  est permis à l’égard des Régions continentales : je pense ici aux orientations pour les  infrastructures énergétiques européennes qui continuent, au prétexte de favoriser  l’interconnexion des réseaux, d’ignorer la situation des RUPS. 

Des politiques sensibles aux RUP, ce sont encore des décisions qui soient en mesure  d’amplifier et non de contrarier les effets des politiques que nous menons localement.  Un constat partagé a été dressé dans notre contribution commune : le tourisme est  pour la plupart de nos régions une ressource stratégique qui a été particulièrement  impactée par la crise. L'augmentation du coût du transport aérien à partir de 2030, liée  à la fin des exemptions de la taxation carbone aura à l’évidence un impact renforcé sur  nos économies touristiques, mais également en termes d’accès de nos concitoyens à  l'éducation, à la formation, aux biens et aux services, dans une bien plus grande mesure que pour d'autres régions continentales. Ce sont là des questions du quotidien qu’il  nous faut inscrire dans cette nouvelle étape de la construction de l’ultrapériphérie. 

Ce sont aussi des questions d’égalité. Car des politiques sensibles aux territoires, ce  sont enfin des politiques qui s’occupent prioritairement de la détresse territoriale que  connaissent nos régions et dont Eurostat porte immanquablement chaque année le  froid témoignage. 

En termes de pénurie d’emploi, de décrochage scolaire, d’illettrisme et de pauvreté, il  est urgent de trouver des solutions viables à ces épreuves sociales que connaît une  partie de nos concitoyens et que nous ne parvenons que difficilement à endiguer. Il y a  en Europe une géographie de l’urgence et de la précarité sociale et les RUP en font  partie. Les responsabilités que nous assumons maintenant obligent à la conviction, à la  persévérance et à l'effort pour obtenir de nos partenaires européens que l'horizon des  RUP ne se limite pas à des taux de chômage hors norme et à une jeunesse sans emploi.

Vous venez, Monsieur le Président de la Conférence, de célébrer le 45e anniversaire de  l’autonomie des Açores. Une commémoration que vous avez souhaité d’abord tournée  vers l’avenir et les défis sociaux auxquels les Açoriens sont aussi confrontés. L’Union  européenne a ici évidemment tout son rôle à jouer. 

Face à nos spécificités, face à nos difficultés aussi, j’attends donc de la nouvelle communication qu’elle parvienne à transposer concrètement dans notre réalité le  principe d’égalité. Mais elle n’y pourra parvenir que si elle réussit à engager des  politiques véritablement sensibles à nos atouts, véritablement sensibles aux  préoccupations de nos populations, véritablement sensibles enfin à ce que nous  sommes. 

C’est évidemment à cette condition que nos concitoyens retrouveront, avec confiance,  le chemin de la construction européenne. 
Je vous remercie. " 
Huguette Bello

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1 Commentaires
Bello présidente
Bello présidente
2 ans

L'étoffe des héros.Bravo madame.