La situation sanitaire actuelle plonge le pays dans un chaos humain (plus de 26.200 décès sur le sol hexagonal), social et économique. Une crise supplémentaire qui vient s'ajouter aux crises vécues par l'Europe, la France et ses outre-mer. Nous avons eu l'occasion de préciser notre point de vue et le répétons volontiers : rien ne peut plus être comme avant. Il faut changer de paradigme. (Photo rb/www.ipreunion.com)
La situation est en même temps complexe et grave. Cette complexité est le résultat à mon sens de la fragilisation des institutions (et la crise sanitaire montre bien les limites des services publics affaiblis depuis ces dernières années par une vision ultra-libérale). Les crises vécues en Europe (de l’euro, sécuritaire, des réfugiés et existentielle) et par ricochet en France remonte de loin. La gravité de la situation est le résultat d’une certaine frustration (dont la mobilisation des gilets jaunes n’aura été qu’une expression, l’abstention et le désintéressement une autre) populaire amplifiée par une fracture et un chaos sanitaire illustrant une société vulnérable.
La fracture est multiple : fracture sociale (aujourd’hui sanitaire), territoriale, démocratique, institutionnelle (et européenne). Le pays a vécu une désindustrialisation (à La Réunion une tertiarisation rapide couplée à la promotion d’une société de consommation à outrance) ; la classe moyenne basse est touchée et le déclin du civisme fait depuis quelques années le jeu des extrêmes (et donc du RN) et des thèses xénophobes.
Ces crises font apparaître une défiance croissante vis-à-vis des élus. Défiance déjà présente avec le déni de démocratie de 2005, avec le quinquennat (qui fait des députés des agents du gouvernement alors qu’il faudrait déconnecter les deux élections et laisser l’assemblée nationale jouer son véritable rôle législatif indépendant de l’exécutif) et la multiplication des élections qui agace et finit par favoriser l’abstention et l’éloignement. Nous plaidons pour une simplification avec des élections tous les trois ans (nationales [députés – sénateurs] et locales [maires – conseillers régionaux et départementaux]).
L’élection présidentielle étant déconnectée et éventuellement couplée aux Européennes. De même l’introduction de la proportionnelle et du vote blanc nous semble essentielle.
Il faut donc reconstruire une alternative républicaine en France hexagonale, dans les outre-mer et rapidement réfléchir à un projet fédérateur à La Réunion pour la décennie qui arrive, jusqu’en 2030.
Dans l’hexagone, au lieu de s’attaquer aux élites financières et à ceux (une petite minorité) qui tirent profit des dernières réformes fiscales, les dirigeants ont fait le choix de les avantager (CICE, disparition de l’ISF,…) au détriment des services publics (d’éducation, de santé, territoriale), et de la justice sociale (on a trop souvent ciblé les chômeurs, le RSA, les enseignants, les soignants,…). On a eu tendance à créer de faux problèmes en montrant du doigt les élus et en mettant tout le monde dans le même sac. Il faut donc redonner du sens à la politique et de la crédibilité aux institutions. Cela passe par une vision géopolitique forte à la hauteur des enjeux mondiaux de développement et des défis écologiques, énergétiques, d’intégration, de solidarité, de lutte contre le terrorisme et des extrémismes de toute sorte, d’aide aux Régions Ultra Périphériques…
A La Réunion, il faut avoir la force et la volonté de se projeter vers les 10 prochaines années et s’entendre sur l’essentiel. L’essentiel reste pour moi un projet décennal, répondant aux nombreux défis, anticipant les grandes transitions et suffisamment pragmatique et réaliste pour répondre à l’urgence sociale. Les outils de gestion existent, encore faut-il être suffisamment imaginatif et au fait de tous ces enjeux mondiaux, européens et régionaux, pour rapidement être au niveau d’exigence que demandent les éléments de contractualisation avec l’Etat ou l’Europe.
Nous avons de grands défis devant nous. La Réunion n’est pas n’importe quel département ! Elle représente 40% de la population ultramarine (2,5 fois la Corse, la Guadeloupe ou la Martinique). C’est le 24ème département de France et le 12ème selon la densité de population.
Or nous avons un taux de chômage de 24% - 149 000 personnes (42% chez les jeunes de moins de 29 ans) un taux de pauvreté de 41%. Est-ce que l’on imaginerait 16 millions de français au chômage ?
Ces chiffres sont aggravés aujourd’hui à cause du COVID-19 (baisse de 28% de l’activité annoncée dans l’île). Si on rajoute à cela l’écart des prix avec la métropole (surtout sur les produits alimentaires +34%), on comprend vite qu’il faut réagir.
Nous sommes exposés géographiquement. Nous avons des spécificités qui imposent des mesures radicales, anticipatrices et des adaptations face aux risques (les exemples de la Dengue ou des cyclones).
Réagir c’est proposer un plan de sauvegarde
Le bilan des dernières années de financement européen a été réalisé. Pas moins de 2 milliards d’euros ont déjà été injectés depuis le début. Quelles sont les nouvelles Fiches Actions que nous préconisons pour assurer la prochaine programmation 2021 – 2027 ? Comment allons-nous orienter les crédits ? Nous pensons qu’il y a des pistes essentielles : l’aménagement du territoire, l’économie circulaire, l’eau, l’énergie, les transports et le désenclavement, l’éducation et l’intelligence artificielle. Il y a aussi des dossiers non éligibles pour lesquels des propositions peuvent être émises : la politique de la ville au senslarge, l’aménagement des cœurs de villes et le développement humain dans des villes de plus en plus denses et habités, l’assainissement des eaux pluviales et usées. Et puis il y a aussi l’avenir de la canne, qui au regard de la disparition annoncée des quotas sucriers imposée par l’OMC, est menacée de disparition.
Quelle alternative ? Comment protéger le marché réunionnais face à la concurrence mondiale due aux Accords de Partenariats Economiques et à l’absence des droits de douanes ? Ce sont des interrogations essentielles. Sans oublier évidemment les secteurs régionaux comme la pêche, la biodiversité ou le tourisme pour ne citer qu’eux.
C’est en tenant compte de tous ces aspects que nous souhaitons avancer. Sûrement qu’il faudra placer les prochaines élections (municipales en cours, mais aussi départementales, régionales, législatives) à ce niveau de réflexion. Sinon, nous nous mentirons à nous-mêmes et n’assumerons pas correctement nos responsabilités.
Faisons des crises successives une opportunité pour proposer et oser un nouveau modèle qui nous permettra d’anticiper, de préparer et de garantir l’avenir de nos enfants et de l’île. Un projet de société durable construit sur la défense des droits humains fondamentaux, sur la mise en valeur de notre identité culturelle, sur notre " Vivre-Ensemble " réunionnais.
Refusons toute sorte d’abdication ou de renoncement. Les Réunionnais ont des ressources pour entreprendre. Nous devons juste rassembler nos forces et tirer dans le même sens !
Eric Futeau, Demain La Réunion
Bel article, tout à fait d'accord avec votre analyse.Bravo M. Fruteau ð?'
C QUI CE MONSIEUR.
Vous avez entièrement raison dans vos propos avancés et vous semblez avoir pleinement tiré les leçons de vos erreurs passées. Vous devez a présent comme vous le dites vous tourner vers l avenir et incarner le Renouveau sur Saint André et pour ce faire, vous devez poursuivre un combat actif en politique.
Vire vira et sa mifa. Et surtout te refais pas chopper pour une ânerie. La Reunion se meurt de ses politiques incompétents et omnipotents. Qu'ils dégagent. Tous. Ou presque. Par contre instaure le ric et un conseil municipal tournant, apelle ca comme tu veux, avec un pouvoir decisionnel si ce n'est de contrôle, avec tirage au sort des participants. Enfin, tu feras tout ca dans 5 ans. C'est ca ? Ou tu vises la region ? Ou tu deblateres pour te sentir vivant ? Sarcastique, le vie actuelle ne m'inspire que ça. Courage à tous les hommes de bonne volonté. Que les autres s'abstiennent de tout act, et qu'ils la ferment.
Bises a ipr.