Chez les Bleus

Mondial-2018: Où sont les fans français?

  • Publié le 4 juillet 2018 à 21:01
  • Actualisé le 5 juillet 2018 à 06:27

"Au niveau de l'animation du stade, ce n'est pas évident", concède un supporter. Les quelques milliers de Français ont eu du mal à se faire entendre jusqu'ici dans les tribunes du Mondial en Russie, mais espèrent rivaliser davantage avec les Uruguayens vendredi en quart de finale.

Au premier tour, il y a eu le raz-de-marée péruvien, en 8e l'incroyable ferveur argentine... Cette fois, les supporters des Bleus ont une petite chance à Nijni Novgorod, puisque la délégation uruguayenne - un pays d'un peu plus de trois millions d'habitants - sera plus réduite. Le problème, si c'en est un, n'est pas nouveau. "La culture supporter en équipe de France est très jeune, même si on avance", relève un membre des Irrésistibles Français, principale association de supporters.

"Les spectateurs s'excitent dès qu'il y a des caméras, mais au stade, ils ont souvent les bras croisés. Contre l'Argentine, alors que j'animais les chants, quelqu'un derrière moi m'a lancé: +Eh, pousse-toi ! Je veux voir le match !+", déplore-t-il auprès de l'AFP, la voix encore cassée, à force de motiver les troupes.

A l'entendre, l'organisation de la Fifa n'aurait pas facilité les choses. "Au premier match contre l'Australie, on était complètement éparpillés, à Ekaterinbourg (contre le Pérou), on était dans la tribune à échafaudage (le stade, original, comprenait deux tribunes extérieures, installées pour le Mondial, ndlr). Et contre le Danemark, c'était le gros bordel!"

- Des efforts -

Ce manque de soutien intervient alors que les Bleus ont bénéficié d'un soutien plus poussé au Stade de France, à l'initiative de la Fédération. En Russie, la FFF a reconduit un dispositif qui existait déjà à la Coupe du monde 2014 au Brésil, les "casas bleues", un point de ralliement en ville où les gens sont accueillis, "avant le match pour qu'ils se préparent et se motivent à chanter, et après le match pour faire la fête en cas de résultat positif", avait expliqué à l'AFP Florent Soulez, le "Monsieur supporters" de la Fédération avant le Mondial.

Mais c'est un travail de longue haleine. "En déplacement, on en est encore aux balbutiements", note le sociologue du supportérisme Nicolas Hourcade.
"La Fédération n'a pas encore les habitudes de gestion des déplacements des fédérations allemande, anglaise ou belge, qui mobilisent une dizaine de personnes pour ça. On est dans une période charnière. Il y a encore des choses à roder pour rassembler les supporters en tribunes", estime ce spécialiste auprès de l'AFP.

La France vient de loin en la matière. A l'Euro-96, organisé pourtant dans la toute proche Angleterre, il n'y avait quasiment personne et aucune ambiance côté français.

- La télévision d'abord -

"Le supportérisme est arrivé en France plus tard que dans d'autres pays, (...) surtout dans les années 80/90. A ce moment-là, le soutien à l'équipe de France passe d'abord par la télévision, ce n'est pas un soutien actif au stade, surtout dans des années 90 marquées par des conflits OM-PSG", décrypte encore Nicolas Hourcade.

Pour ce Mondial en Russie, les audiences sont au beau fixe du côté de la chaîne TF1: 12,5 millions de téléspectateurs pour le 8e de finale contre l'Argentine, soit la meilleure part d'audience (72,1%) enregistrée par la chaîne depuis le début de l'année. Lors de l'épopée des Bleus en 1998, la finale avait rassemblé 20 millions de téléspectateurs, mais dans un environnement TV complètement différent.

Dans les stades russes, la Fifa indique qu'un total de 28.000 tickets a été attribué aux supporters français, tandis que la FFF expliquait avant le Mondial que quelque 17.000 supporters des Bleus étaient attendus en Russie pour assister aux matches de la France, si elle va jusqu'au bout. Loin des délégations brésilienne, mexicaine, colombienne ou péruvienne.

Les joueurs français ont d'ailleurs été épatés par les ambiances sud-américaines de leurs rencontres. "J'avais l'impression d'être au Pérou", s'était amusé Blaise Matuidi, après la victoire contre les Blanc et Rouge (1-0).

Seul problème, pendant le match contre l'Argentine (4-3), certains supporters des Bleus, dont des proches des joueurs, ont été visés par quelques gobelets de bière. Lors de la rencontre contre le Danemark, l'équipe de France a également été sifflée pour son nul insipide (0-0). "On a besoin de supporters et non de spectateurs", avait alors lancé Paul Pogba.

AFP

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