L'épidémie de chikungunya a touché d’ores et déjà plus de 100 000 personnes à La Réunion, causé des situations graves, dont des hospitalisations pour de trop nombreux nourrissons, et des décès. Cette situation est inacceptable au vu de l’aggravation rapide de cette crise contrairement aux messages des autorités sanitaires locales. (Photo photo RB/www.imazpress.com)
Nous ne pouvons que regretter ces chiffres. La gestion de cette épidémie souligne de manière évidente l’impréparation globale de notre territoire malgré les expériences des crises précédentes, malgré les rapports parlementaires des sénatrices Gélita Hoarau et Anne Marie Payet, malgré le rapport de la commission d’enquête des députés Ericka Bareigts puis Philippe Naillet.
Il est urgent d’adopter une stratégie locale, basée sur les compétences du territoire et notamment des associations et des collectivités locales, renforcer notre système de prévention avec les moyens afférents, de gestion des risques sanitaires et plus précisément épidémiologique.
Dès la nomination du nouveau gouvernement, nous avions alerté les ministres concernés sur la situation sanitaire grave liée à un risque d’épidémie de chikungunya sur notre île.
Forts de l’expérience de l’épidémie de 2005 et 2006, nous avons réclamés des mesures pour enrayer la propagation du virus. En effet, les conséquences humaines et sanitaires (244 000 malades soit 1⁄3 de la population, 204 décès), économiques (entreprises à l'arrêt et baisse drastique de l'arrivée de touristes) et écologiques (pulvérisations nocturnes massives avec destruction d’insectes, autres que le moustique, indispensables dans nos écosystèmes et des chaînes alimentaires) avaient été désastreuses.
Nous avons insisté sur trois points essentiels :
- L’intensification de la Lutte Anti-Vectorielle avec les moyens nécessaires. Or, nous avons dû nous mobiliser pour défendre les financements des PEC LAV et l’arrivée de forces militaires supplémentaires, sans que l’on sache à quelles missions elles seront affectées, ni quelles sont leurs compétences en matière de lutte antivectorielle et de protection des populations exposées, est un constat d’échec de la stratégie de l’ARS.
- La protection des personnes malades et saines en s’assurant de la disponibilité des répulsifs et moustiquaires et du blocage des prix, en communiquant sur les modes de transmission de l’infection. Or est évoqué actuellement un risque de pénurie des produits anti-moustiques sur l’île avec en parallèle des tensions sur les prix. Aucune action n’a été entreprise pour sécuriser les prix et la distribution de ces produits indispensables. La prise en charge des femmes enceintes est apparue tardivement comme une priorité avec un manque de moustiquaires et produits anti- moustiques dans les maternités.
- Une politique de vaccination d’ampleur visant à protéger l’ensemble de notre population. Or nous ne sommes toujours pas dans cette situation et le retard accumulé laisse perplexe, des personnes pourtant à risque refusent de se faire vacciner. Les premières vaccinations ont eu lieu début avril alors que nous avons déjà atteint le pic de l’épidémie selon les dires des autorités sanitaires et que les personnes les plus à risques (femmes enceintes, nouveau-nés, personnes souffrant de comorbidités et personnes âgées n’ont pas toutes encore eu accès à la prévention).
Nous ne pouvons que dénoncer l’inefficacité des réactions face à l’épidémie dès septembre 2024 quand les premières alertes ont été lancées et encore plus depuis que les autorités ont déclenché leurs plans sanitaires depuis la mi-janvier, soit il y a trois mois.
Légitimement, nous posons aujourd'hui certaines questions :
- L’État n’est-il pas en capacité d’envisager les impacts chroniques sur les populations fragiles ?
- L’Etat n’est-il pas dans une stratégie d’immunité collective depuis le début en espérant qu’il n’y ait pas trop de décès ?
- Est-ce que la question budgétaire et du financement de l’Assurance Maladie justifie-t-elle d'accepter la perte de vies humaines seraient-elles à 10 000 km de Paris ?
- Est-ce une question de compétences et d’absence totale de prise en compte des crises précédentes ?
- Auraient-ils privilégié l’option immunité collective si l’épidémie s’était déclarée dans une région hexagonale ? À la lumière de la vaccination généralisée lors de la crise sanitaire du H1N1 et le confinement imposé à La Réunion en mars 2020 pour combattre la Covid alors qu’aucun cas n’avait été enregistré localement.
Légitimement, nous considérons d’ores et déjà qu’un bilan et qu’une analyse des éléments positifs ou négatifs relatifs à la gestion de cette crise doit être réalisé dans les délais les plus rapides pour en tirer tous les enseignements nécessaires. Ce d’autant plus que notre hiver austral (plus faible circulation de l’épidémie) va correspondre avec l’arrivée de l’été dans l’Hexagone où le moustique tigre (aedes albopictus) est déjà bien implanté.
Nous proposons ainsi la réalisation d’une mission flash par l’Assemblée nationale ou le Sénat sur la gestion de cette nouvelle crise sanitaire à La Réunion.
Nous restons mobilisés pour que les erreurs prévisibles ne se renouvellent pas malheureusement au prix de vies humaines.
Et pour cela, nous préconisons l’instauration d’une instance décisionnaire localement pour assurer une gestion décentralisée, pérenne et plus autonome de ces crises sanitaires et médicales (Chikungunya, Dengue, Covid, Leptospirose), associant les autorités sanitaires, des élus et des citoyens locaux pour que les politiques menées soient mieux adaptées, notamment dans leur temporalité, et donc plus efficaces.
La Réunion, malheureusement exposée à de probables nouveaux épisodes, est prête à en faire l ́expérimentation.
Éricka BAREIGTS - Maire PS de Saint-Denis Maurice
GIRONCEL - Maire PCR de Sainte-Suzanne
Olivier HOARAU - Maire Ansanm du Port
Audrey BÉLIM - Sénatrice PS
Christophe ESTÈVE - Place Publique
Philippe NAILLET - Député PS
Geneviève PAYET - EELV
Pfff, depuis 2006, quels sont les élus qui se sont inquiétés ?
Ne devrait-il pas y avoir des contrôles, des relances et une demande de résultats au responsable de l' ARS ou aux personnes concernées ?
Pendant et après le tempête, il est facile de dire ce qui n'a pas été fait...
Et Selly qui paie ses agents à 90%, en cas d'arrêt maladie... En pleine épidémie, il va appliquer cette mesure. Les agents ayant le chik vont venir travailler et contaminer les autres...
Incohérent
Le chyk ne ce transmet pas de l' homme à l' homme vous avez choisi un bon speudo