Tribune libre de Perceval Gaillard

À propos de la politique de la ville à La Réunion

  • Publié le 23 mai 2023 à 16:11
  • Actualisé le 23 mai 2023 à 16:12

Le député Perceval Gaillard a posé la question orales suivante au gouvernement : La question de la politique de la ville à La Réunion a produit des effets positifs : une étude de l’Insee de 2021 montre que les conditions de vie des habitants des 49 quartiers prioritaires se sont considérablement améliorées notamment sur le plan économique, depuis 2020 et ce, malgré la crise sanitaire (Photo photo RB imazpress)

Néanmoins, la situation des habitants des quartiers prioritaires (1/5 de la population réunionnaise contre une moyenne de un sur 15 dans l’hexagone) est nettement plus difficile que celle de la population des QPV de l’Hexagone (54% des habitants de ces quartiers n’ont pas de diplôme ; 66% des habitants en âge de travailler sont sans emploi, etc.)

Par ailleurs, de nombreux quartiers sont laissés à l’abandon. La raison de ce délaissement réside dans les critères retenus pour « entrer » dans le dispositif QPV, notamment depuis la réforme de 2014.

En clair : c’est l’inadéquation entre des critères – légitimes évidemment – et une réalité particulière de La Réunion.

Premier constat

Les quartiers concernés par la politique de la ville sont généralement urbains. Les cartes et les analyses de l’INSEE montrent 8 pôles dits urbains. Mais il est regrettable que cette classification ne tienne pas compte de la réalité : on ne vit pas de la même manière « dans les hauts » que « dans les bas ». Quant à la taille de ces quartiers, elle est très variable (allant de 1.000 à 10.000 habitants).

Deuxième constat

Généralement, la population des QPV vit dans du logement social. Or dans « les hauts » voire à mi pente, le logement social est plus rare. C’est souvent de l’habitat précaire, même insalubre (les petites cases en bois sous tôle). Les moyens ne sont pas à la hauteur des besoins.

Troisième constat

Pour entrer dans le dispositif QPV, figure le critère de la densité. Or, bien évidemment, dans les zones réellement rurales, ce critère n’est pas pertinent. C’est par exemple le cas du quartier de La Saline (commune de Saint-Paul), qui était QPV avant 2014 et ne l’est plus aujourd’hui à cause du critère « densité ». C’est vrai aussi pour un bon nombre de quartiers à La Réunion.

Quatrième constat

On constate des disparités marquées entre les quartiers prioritaires, notamment en termes de revenu : un revenu médian de 4.000 euros par UC dans certains quartiers, ce revenu média peut être de 7.800 euros dans d’autres quartiers QPV.

Les questions sont donc les suivantes :

Comment peut-on résorber les dysfonctionnements socio-urbains constatés ?

Si la logique de continuité du territoire est intéressante, est-il judicieux d’agir essentiellement par la vision de la redynamisation des centres villes ?
Comment intégrer la question du désenclavement ?

Et de manière plus générale : comment penser le "fait urbain réunionnais" ? Autrement dit, la question de la structuration des territoires. Êtes-vous prêts à adopter le dispositif à la réalité de notre territoire ?

Perceval Gaillard

 

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1 Commentaires
Jean-Claude GENEST
Jean-Claude GENEST
11 mois

Il a raison. Par exemple le quartier Saint-Bernard à La Montagne mériterait d'être classé en QPV , mais il ne répond pas aux conditions uniquement parce que son territoire est trop vaste !