Tribune libre d'Isabelle Latchimy

Contrats PEC : quand l’indignation des élus arrive trop tard !

  • Publié le 27 mars 2025 à 13:22
  • Actualisé le 27 mars 2025 à 14:11

La baisse du financement des contrats Parcours Emploi Compétences (PEC) par l’État suscite aujourd’hui une vive réaction chez les élus locaux, qui dénoncent un coup porté à l’emploi et au tissu social réunionnais. Pourtant, cette réduction avait été annoncée dès le projet de loi de finances 2025. Pourquoi avoir attendu l’adoption définitive de la mesure pour réagir ? (Photo: www.imazpress.com)

L’amputation progressive des aides de l’État aux PEC n’est pas une surprise. Une information à laquelle les élus locaux avaient accès, sans pour autant mobiliser une opposition forte avant le vote de la loi.

On se souvient d’ailleurs Le 7 février dernier, lors de la commission permanente de la Région Réunion, une simple motion a été votée pour demander le retrait de la mesure.

Une prise de position symbolique, alors même que, dans le même temps, 5 millions d’euros étaient octroyés à la Sapmer.

Aucun déplacement des élus à Paris, aucune pression sur les ministères concernés, aucune véritable tentative d’infléchir la décision gouvernementale, aucune interpellation du ministre lors de son passage ….

Aujourd’hui, alors que l’arrêté du 24 mars 2025 entérine la nouvelle baisse du financement des PEC – le taux d’aide passant de 53 % à 43,5 % et la durée des contrats de 10 à 6 mois –, les élus montent au créneau et appellent à manifester le 2 avril.

Mais n’est-il pas déjà trop tard ?

Ou plutôt… est-ce seulement maintenant que la menace devient gênante ?

Parce qu’au-delà de la détresse des bénéficiaires, une autre réalité commence à se dessiner : une baisse des PEC, c’est aussi moins de moyens pour les communes… et donc un sérieux caillou dans la chaussure de certains élus à l’approche des élections municipales.

Si la colère des élus et des bénéficiaires est légitime, la question de timing de cette réaction se pose.

Car le moment choisi par l’État est particulièrement malvenu compte tenu que La Réunion fait face aux conséquences du cyclone Garance, qui a ravagé une partie de l’île, et doit en parallèle gérer une épidémie de chikungunya.

Dans ce contexte déjà tendu, où la Réunion a besoin d’un soutien renforcé , c’est un total désengagement  de l’État.

Ces contrats ne sont pas qu’une mesure technique ou administrative : ils permettent à des milliers de personnes d’accéder à un emploi et de maintenir des services essentiels.

L’entretien des écoles, la gestion des activités périscolaires ou encore l’entretien des espaces verts dépendent largement de ces dispositifs d’emplois aidés.

Avec un taux de chômage très élevé, ces aides représentent un levier social crucial. Ces emplois sont une bouée de sauvetage pour beaucoup de familles.

Les élus locaux dénoncent aujourd’hui cette décision, et la présidence de l’Association des maires de La Réunion parle d’un “désastre » pour l’île  et appelle à une manifestation le 2 avril pour réclamer un réexamen de cette mesure.

Si cette mobilisation est tardive, elle reste néanmoins essentielle pour tenter d’arracher un geste de l’État.

Mais au-delà de ce combat ponctuel, cette situation révèle un problème plus profond : l’anticipation et la coordination des élus locaux face aux décisions gouvernementales.

Tout le monde parle sans cesse des spécificités de notre île – son taux de chômage, sa dépendance aux contrats aidés, son éloignement des centres de décision – mais au final, qui les défend vraiment ?

À force de subir et de réagir trop tard, les élus finiront par perdre toute crédibilité.

Défendre réellement les intérêts des Réunionnais, ce n’est pas seulement s’indigner quand il est trop tard, c’est agir en amont, avec force et conviction. Mais encore faut-il en avoir la réelle volonté…

"Agir trop tard, c’est déjà avoir accepté l’inacceptable"

Isabelle Latchimy

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4 Commentaires
Serious
Serious
3 jours

Les agents pec en espaces verts sont mieux loti que ce employé dans les écoles à l école l importance c la présence de tt les agents pendant la période scolaire sans possibilité d absence hormis un bon arrêt travail ou enfant malade. Formation c peut utile et imposer . Pec un contrat que pour de la main d œuvre à bas coût. Il n y a que les employeurs qui st gagnants à 100%

NATIVEL
NATIVEL
3 jours

Les contrats PEC, normalement c'est des contrats qui comprennent une part de formation pour permettre aux publics employés d'améliorer leur formation et d'accroitre leurs compétences.
Y a t'il la moindre formation dispensée aux agents qui tondent l'herbe des espaces verts et a ceux qui la ratissent et la ramassent pendant toute la durée de leur contrat ? C'est un détournement de la mesure aux fins unique de clientélisme électoral.
De plus, il est tout a fait compréhensible que l'on réduise ces contrats afin de permettre la mise en place des heures d'activité obligatoires des personnes au RSA, sorte d'esclaves modernes contraints a une sorte de STO.
C'est contre cette mesure que les élus qui manifestent maintenant auraient du lutter depuis longtemps et qui ne l'ont pas fait.

Achtung
Achtung
3 jours

4 mecs pour 100m2 de pelouse....

HULK
HULK
3 jours

Comme d'habitude, avec des élus totalement incompétents, plus préoccupés de leurs intérêts que de l'intérêt général