Le score historique des partis d'extrême droite aux élections européennes du 9 juin suscite une profonde inquiétude au sein de nos organisations et chez chacun.e de nous. Les prochaines élections législatives font peser un risque considérable sur notre pays, notre démocratie. (Photo sly/www.imazpress.com)
En tant que Comité Régional des Associations Jeunesse et Education Populaire de la Réunion (CRAJEP), regroupement d'associations de la jeunesse et de l'éducation populaire, nous sommes les porte-voix des plus fragiles, des oubliés, des exclus, des jeunes, car nous croyons en une société où chacun a sa place, où chacun est respecté et valorisé.
Le CRAJEP revêt une importance particulière, en raison de la situation géographique et historique de notre île. Loin de l'Hexagone, la population réunionnaise, sa jeunesse sont confrontées à des difficultés spécifiques liées à son éloignement géographique et à son histoire singulière, fruit d'un métissage ethnique et culturel original.
Depuis des décennies, La Réunion a été le théâtre de transformations sociales, politiques et économiques majeures, marquées par des mouvements de revendications culturelles, éducatives, environnementales et des luttes pour la reconnaissance de ses spécificités.
Les citoyens réunionnais de tout âge, refusent de rester en marge des débats qui façonnent l'avenir de notre pays. Ils revendiquent leur droit à la parole, leur légitimité à participer aux processus démocratiques et leur désir de contribuer à la construction d'une société plus juste et équitable.
En tant que plateforme de concertation et de mobilisation, nous offrons à tous et à toutes un espace d'expression et d'action. Nous sommes convaincus que la diversité des perspectives et des expériences est une richesse pour notre société, et que la participation citoyenne, l'engagement civique et politique des citoyens réunionnais est un pilier essentiel de la démocratie.
Or, l'extrême-droite s'en prendra aux associations, c'est certain.
En effet, partout où l'extrême droite a accédé au pouvoir, elle n'a eu de cesse de s'en prendre à la vie associative et celles et ceux qui font association. C'est le cas à Hayange (57) en 2016, le maire a mis à la porte le Secours populaire de ses locaux et lui a coupé le chauffage du fait de son caractère "politisé" alors que l'association comptait près de 1000 bénéficiaires.
A Toulon, la mairie coupe les subventions des associations qui agissent auprès des populations issues de l'immigration, elle maintient un budget conséquent d'aide aux associations, mais en le réorientant vers les anciens combattants ou les pieds-noirs. Une association est même créée de toutes pièces : Jeunesse toulonnaise, pour organiser les colonies de vacances à la place du centre de loisirs et d'action sociale.
Mal gérée, elle est placée en liquidation judiciaire en 1999. Le planning Familial a lui aussi été la cible à l'été 2022 de plusieurs figures de la droite et de l'extrême-droite qui ont dénoncé des "militants archi-subventionnés" et appelé à faire cesser ces "dérives", notamment en réduisant les subventions de l'État.
Les mouvements d'Éducation Populaire ont œuvré pour continuer à accompagner cette population à développer son esprit critique, depuis des années, les mêmes mouvements vivent sous perfusions et souffrent de ne pas pouvoir déployer les actions de sensibilisation et d'émancipation comme lors des belles années où le vivre ensemble était le seul moteur de la vie réunionnaise. Aujourd'hui, nous avons des outils mais plus les moyens de nous déployer !
Le résultat d'une absence de politique globale vis-à-vis de la jeunesse est sans appel, nos Associations d'Éducation Populaire peinent à continuer de développer les espaces de débat, de rencontre des autres, de la compréhension du monde. Fini les colonies de vacances qui jouaient un rôle primordial en complément de l'école publique et de la famille ! Finis les cases ou MJC ou les projets jeunesse fusaient d'ouverture culturelle !
A la Réunion, un élu RN a même nié tout un pan de l'histoire de l'île, en disant sur une antenne radio, "qu'il ne fallait plus parler de l'esclavage, que dans sa commune il ne la fêtait pas !".
C'est pourquoi, nous appelons à animer ensemble dans les semaines qui viennent une grande campagne citoyenne visant à :
• Se mobiliser et mobiliser le plus largement pour aller voter les 30 juin et 7 juillet, contre les idées d'extrême droite, pour l'égalité, pour une société plus juste, plus écologique et plus démocratique.
• Animer au sein des associations, fédérations et unions, à La Réunion, partout où cela est possible, des espaces d'écoute, d'échanges, de débat autour des enjeux de la période, des élections législatives, de la vision de société portée par les différents projets et de leur l'impact sur la vie de chacun.e.
• Participer aux différentes manifestations et formes de mobilisation proposées dans les prochains jours pour dire notre refus de l'extrême droite et notre aspiration à une société plus juste et solidaire.
Nous continuerons ainsi d'appeler et chercher à convaincre le plus de citoyennes et citoyens à aller voter les 30 juin et 7 juillet.