Lettre ouverte à Mme Ericka Bareigts, Secrétaire d'État à l'égalité réelle sur la situation des jeunes professeurs réunionnais mutés en métropole.
Madame La Ministre,
"Je vis un enfer…. Je suis au bout du rouleau".
Voilà ce que ressent une jeune enseignante lorsque le projet de mutation de l’Education Nationale lui est envoyé. Aucun poste de PLP lettres-anglais ouvert à La Réunion pour la rentrée 2016, aucun poste en maths-sciences…
Malgré un barème de 2678,2 points, cette jeune enseignante reste à Lille. Seule, sans sa fille de 4 ans ; sans son conjoint avec qui elle est pacsé depuis 9 ans ; seule avec ses problèmes de santé ; seule avec un salaire de 820 euros (mi-temps annualisé).
Voilà ce que vivent des dizaines de jeunes réunionnais mutés en Métropole avec l’espoir déçu d’un
retour impossible. Où est l’égalité ?
De par vos origines, de par vos combats et votre engagement envers vos compatriotes, de par vos nouvelles fonctions, nous espérons que vous prendrez à cœur la résolution du problème posé par ces dizaines d’enseignants, loin de tout et de leur famille.
Il y a nécessité, dans un premier temps, que le ministère accepte l’ouverture d’un nombre suffisant de postes afin que les cas les plus prioritaires de ces jeunes soient solutionnés. Il y a urgence…
Des postes, l’Académie en a besoin. Un exemple parmi d’autres : le Lycée Hôtelier va perdre cette
année 69.5 heures de cours. Cela représente 3 fermetures de postes. Combien de jeunes réunionnais ont vu leur demande de postuler à une place en CAP ou en Bac pro dans ce lycée refusée par manque de place ?
N’a-t-on pas besoin de jeunes formés dans ces métiers pour favoriser le tourisme à La Réunion ? Il y a un besoin, il y a des demandes.
Depuis combien d’année, Madame La Ministre, n’a-t-on pas construit de Lycée Professionnel ?
La Réunion, Madame La Ministre, vous le savez, a des besoins énormes de formation pour sa jeunesse. Des postes en lycées professionnels doivent être crées. Cela permettrait à de nombreux jeunes de trouver une formation professionnelle désirée et nos jeunes enseignants mutés depuis trop longtemps en métropole, pourraient avoir l’espoir de revenir dans leur pays afin de délivrer à leurs compatriotes leurs connaissances.
Le ministère des outremers a diffusé en 2015 un plan jeunesse annonçant des mesures à adopter
favorisant l’insertion professionnelle et proposant le développement d’outils de la politique de l’emploi. Les mesures d’accès à l’emploi des jeunes ainsi que la mobilisation de dispositifs de soutien à la mobilité ne s’observent que d’une manière infime en faveur de l’Education nationale.
Les néo titulaires, ayant une vie de famille à La Réunion, et devant partir en métropole, doivent engager d’énormes frais avec un salaire moindre et sans aucune aide financière. Le rectorat n'a pas d'autre choix que recruter de nouveaux contractuels alors que les nouveaux titulaires se voient contraints de partir. Il y a des disciplines dans lesquelles les professeurs ne peuvent être remplacés faute de remplaçants disponibles. Notre jeunesse est ainsi privée d’un enseignement de qualité.
Un problème connexe se pose : celui de la précarité. Ainsi, bon nombre d’enseignants contractuels refusent de passer le concours avec le risque encouru d’être muté ailleurs sans possibilité de retour. Il est à souligné que de nombreux contractuels en lycée professionnel ont construit leur vie ici et sont aujourd’hui d’un âge avancé. Ils ne peuvent se permettre de tout quitter.
Au nom de l'égalité réelle entre les outremers et la métropole, nous vous demandons d'intervenir
rapidement auprès de la ministre de l'Education Nationale pour qu'il y ait plus de capacités d'accueil dans notre académie pour la rentrée 2016.
Jean Jacques Perrot, Secrétaire académique du syndicat Force Ouvrière des lycées professionnels
toujours la même rengaine. C'est un concours national, pas un emploi aidé magouillé par le maire, c'est toute la différence. On ne passe pas un concours sans connaître les règles ou alors, on est complètement idiot !