Que l'on se rappelle ou pas, le jeudi 15 juin 1978 reste aujourd'hui encore, le grand choc "lo gran kou'd kogne" pour les divers quartiers, surtout pour la population de Stella, Portail, Grand-Fond, quatre Robinets et de la commune de St-Leu de manière générale. Un coup de tonnerre dans cette cité "ouvrière" avec l'annonce de la fermeture de l'usine sucrière de Stella. Une cicatrice profonde marquée à jamais, bien que 47 ans soient écoulés. (Photo photo RB imazpress)
Aujourd'hui, l'usine sucrière est devenue un musée, lieu où est collecté l'histoire et les souvenirs, dans un souci de transmettre et de partager, où sont aussi exposés des objets, des portraits, nourri des colloques, kabar, activités pour les enfants, dernièrement encore les concerts de Zanmari Baré, Danyèl Waro et beaucoup d'autres, avec les plus belles voix du maloya aux vertus salvatrices où se mêlaient "histoires et émotions" en communion avec le public....
Qui aurait pu dire qu'un jour le Maloya serait joué dans la "kour de lizine" ? Pendant que les " vyé kas tabisman" de l'époque ont fait place à un ensemble de logements neufs, assortis des prestations de service aux alentours. Tels que le centre médical, pharmacie, pâtisserie, piscine, pompier, garage, fleuriste et bientôt l'ouverture d'un foyer départemental de l'enfance..etc.
Malgré toutes ces évolutions constatées aujourd'hui et que l'on peut apercevoir dès votre arrivée sur ce lieu, elles ne doivent pas nous faire oublier la vie de cette usine sucrière d'avant et le cataclysme à l'annonce de sa fermeture de 1978.
En tant que témoin, je me souviens que c'est vers le 15 juin 1978, c'était un jeudi si ma mémoire ne me joue des tours, que le personnel a été informé que l'usine fermait définitivement ses portes. Le propriétaire M. Émile Hugot l'homme qui a marqué l'industrie sucrière à La Réunion, est venu en personne dans son avion, en dépit d'une forte tension qui régnait sur le site, pour nous annoncer la terrible nouvelle, qui nous a touchés et anéantis au plus haut point à ce moment-là : la fermeture de l'usine.
Sans concertation aucune, l'annonce a été vécue comme "un coup de poignard dans le dos" des travailleurs. Dépités, amers, résignés pour certains, mais surtout très en colères. Les travailleurs encaissaient la nouvelle sans aucun débordement, tout en se regroupant spontanément comme pour se réconforter mutuellement.
Un moment exceptionnel qui était empreint de chaleur humaine, d'émotion forte et de valeurs profondes qui se sont dégagées à cet instant précis.
47 ans après, je ne peux jamais oublier, tous ces témoins de l'histoire et porteurs de mémoire qui ont été happés par ce destin cruel. Oui nous devons à ces femmes et à ces hommes, eux qui ont mené l'épopée de la canne et du sucre, un hommage respectueux. D'ailleurs, à travers cet écrit, je souhaite leur attribuer à ma manière, ma plus belle marque de reconnaissance, et de les remercier pour tout ce qu'ils m'ont appris et transmis.
Alor mersi bonpé po zot gayar léritaz ké zot la laiss po nou, ki rest' zordi enkor lo gardyin de zot mémwar.
Jean Claude Comorassamy
Un ministre qui visite le musée Vilèlle et dit que " l'histoire soit plus partagée, mieux connue et transmise "....Voilà que la culture prend une place extraordinaire par cette visite....L'HISTOIRE QUE BEAUCOUP FONT L'IMPASSE !
Tien bo séré, largu’ pa… le patrimoine, la culture, la mémoire…. méritent une place plus soutenue et défendue. Rendre hommage aux anciens, une manière de pas les oublier. Mes pensées à toute ma famille qui a travaillé dans cette usine dans les années 1950 ainsi que les autres travailleurs dont certains ne soient plus dans ce monde. Hommage à eux .
Normalement, il revient à la région qui a compétence pour la culture de valoriser cette mémoire. Je pense que faire des enregistrements sur l'histoire de cette usine par des témoignages des anciens encore vivants parce qu'il doit rester peu sûrement, seraient une grande richesse pour demain. Que la présidente Bello s'attache dès maintenant à ce projet pour conserver cet héritage toujours vivant avant qu'il ne soit trop tard. C'est le but du musée que l'article dit si bien....
Gayar romersimen Jean Claude, érezémen ou lé là lo frèr po pens' bana ! Zistoir lizine a ousi ou koné bonpé !