Tribune libre de Perceval Gaillard

Les États-Unis doivent radier Cuba de la liste des états censément commanditaires du terrorisme international

  • Publié le 23 mai 2024 à 14:01
  • Actualisé le 23 mai 2024 à 14:08

Dans un communiqué récent, le ministère cubain des Relations extérieures nous apprend que Cuba ne fait plus partie de la liste des 4 pays qui "ne coopèrent pas à fond avec les efforts antiterroristes des Etats-Unis durant l’année civile 2013". Cependant le département d’État continue de la maintenir comme État censément "commanditaire" du terrorisme international pour mieux pouvoir justifier la poursuite du blocus illégal et criminel imposé à l'île depuis 1992. (Photo Perceval Gaillard photo RB imazpress)

Condamnés chaque année à une écrasante majorité par l'ONU (187 états ont voté contre l'embargo le 2 novembre 2023, seuls les Etats-Unis et Israël ont voté pour son maintien), isolés sur la scène internationale (aucun allié européen traditionnel ne les suit sur cette question), décrédibilisés sur le terrain de la vraie lutte antiterroriste : les Etats-Unis doivent avoir le courage de tirer les leçons d'un double échec.

D'abord politique : l'objectif affiché depuis 1962 du changement de régime a lamentablement échoué. Non seulement la Révolution cubaine n'a pas été renversée mais elle a obtenu des succès intérieurs éclatants en termes de santé ou d'éducation et développé une influence géopolitique majeure, bien au-delà de son environnement géographique immédiat.

Ensuite diplomatique et moral : en poursuivant contre toute évidence ses accusations de "soutien au terrorisme" contre Cuba et en maintenant son blocus illégal de l'île, le gouvernement des Etats-Unis éloigne de lui des pays qui sont pourtant ses alliés géostratégiques et sape les fondations des Nations Unies. Sa politique impérialiste et brutale est mise à nu sans les oripeaux du droit international.

Non seulement Cuba n'a jamais participé, ni soutenu une quelconque action terroriste de toute son histoire mais elle en a même été victime plus qu'à son tour, sur son propre sol, dans des actions menées notamment depuis les côtes de Floride.

Sans l'action militaire de Cuba en Angola et plus largement en Afrique, sans la victoire décisive de Cuito Cuanavale, sans le soutien sans faille apporté à l'ANC de Nelson Mandela : jamais l'Afrique du Sud n'aurait été libérée, jamais le régime honteux de l'apartheid ne serait tombé, jamais Nelson Mandela ne serait sorti de prison.

"Quel pays au monde pourrait se prévaloir de plus d’altruisme que celui dont Cuba a fait preuve dans ses relations avec l’Afrique ?" interrogeait celui-ci à sa sortie de prison après avoir effectué sa 1ère visite de chef d'état à La Havane. Pendant ce temps les Etats-Unis soutenaient activemement le régime raciste de Prétoria et n'ont retiré Nelson Mandela et son parti de la liste des organisations terroristes qu'en...2008 !

Entraves en matière d’exportation, d’investissement et de financement, surcoûts logistiques, manques à gagner et restrictions commerciales de tout ordre, menaces contre les potentiels partenaires économiques tiers, sanctions financières, pénuries provoquées..."Il s’agit d’une guerre contre notre économie ; une politique relevant du génocide -tel que défini par la Convention de 1948- qui vise à utiliser tous les moyens possibles pour provoquer famine, désespoir et le renversement du gouvernement", a récemment exprimé l'ambassadeur de Cuba en France, monsieur Otto Vaillant Frias.

Les chiffres parlent en effet d’eux-mêmes. En 2023, le blocus a causé des dommages sur l’économie de l’île estimés à 4,8 milliards de dollars et limité la croissance à 2 %, alors qu’elle aurait pu atteindre les 9 %. Avec "un impact négatif sur tous les secteurs de l’économie nationale" : un milliard de dollars de manque à gagner dans le tourisme, 3 milliards de préjudices pour le commerce extérieur, 467 millions de préjudices pour l’industrie, 273 pour l’agriculture, 75.5 pour l’éducation, 202 pour les transports, 89 pour le BTP...dans le secteur des biotechnologies et celui de l’industrie pharmaceutique les préjudices sont estimés à 143 millions de dollars alors même que le pays est arrivé à développer trois vaccins contre la Covid-19 ou encore le seul médicament existant au monde pour traiter l’ulcère du pied diabétique.

Un rapport récent soumis aux Nations Unies signale une perte de près de 240 millions de dollars sur le secteur de la santé durant l'année 2023. L’effet de dissuasion qu’exercent les sanctions unilatérales des États-Unis continue d’avoir un impact terrible sur ce secteur avec "des dizaines de fournisseurs de par le monde qui ont interrompu leurs relations commerciales avec Cuba, provoquant des tensions sans précédents découlant de la rupture des canaux d’approvisionnement". Conséquence : le taux de mortalité infantile est passé de 5 décès pour mille naissances en 2019 à 7,5 en 2023.

Une politique criminelle et illégale sur le plan international qui vise une population éduquée et consciente.

En tant que membre du groupe d'amitié France - Cuba à l'Assemblée nationale, j'en appelle au respect du droit international et de la position de la France ; au respect de la souveraineté inaliénable des peuples cubain et français qui veulent pouvoir commercer, voyager, coopérer librement ; au sentiment de justice présent en chacune et chacun d'entre-nous afin d'affirmer haut et fort :

NON au blocus criminel et illégal contre le peuple cubain ! OUI à la coopération fraternelle entre nos peuples !

Perceval Gaillard, député de La Réunion.

Membre du groupe d'amitié France - Cuba à l'Assemblée nationale

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