Tribune libre de Marie-Claude Barbin

L'impossible deuil de la rupture

  • Publié le 24 janvier 2016 à 08:30

Pas un jour, sans que la presse ne relate des violences conjugales (sur fond d'alcool ou pas) perpétrées par des hommes sur des femmes. Cela va du conjoint violent, à l'ex compagnon jaloux qui n'a pas supporté d'être quitté. (Photo d'illustration)

Hier encore, une jeune femme est morte de manière atroce sous les coups de son conjoint qui s’est acharné sur elle. Comment une séparation peut-elle se transformer en drame ?La rupture est vécue comme la destruction de soi. La violence apparaît comme le seul moyen de se faire respecter, d’assurer sa domination sur l’autre, qui échappe au contrôle.

L’homme fait comme si sa femme lui appartenait en tant qu’objet, chose sur laquelle il aurait tous les droits, y compris celui de donner la mort. La seule réponse pour apaiser la souffrance serait le passage à l’acte qui n’apaise en rien le mal-être. C’est une illusion, un leurre.

Le passage à l’acte meurtrier est toujours précédé de menaces verbales, de violences psychologiques : " Si tu me quittes, je te tue ! " Autrement dit : Je te détruis puisque je ne peux pas te posséder. Donner la mort puisque la victime ne veut pas donner de l’amour, par jalousie morbide. Comment éviter de tels drames ?

Dès les premiers signes de maltraitances (psychologiques, physiques), en parler autour de soi. Ne jamais sous estimer les menaces. Si une victime vous a choisi, c’est qu’elle a confiance à vous, qu’elle n’en peut plus. Si vous ne pouvez pas l’aider directement, vous pouvez toujours l’orienter vers une association qui va la soutenir, la guider, l’accompagner dans sa démarche de dépôt de plainte. Ne pas banaliser les signaux d’alerte, en disant : " Ce n’est pas grave ! Ça va passer ! " Oui, c’est grave ! Dans l’après-coup, on se dit : " Je ne comprends pas ce qui s’est passé. Je n’aurais jamais pensé que… ". En réalité, le feu couvait sous la cendre. Parfois, en parlant autour d’elle, la victime trouve la force, le courage de franchir la porte d’un commissariat, malgré la honte, la culpabilité, la peur des représailles. 

À la place du " crime passionnel ", on pourrait parler de crime d’amour propre dans un excès de rage folle, d’un homme qui ne supporte pas d’être abandonné (intolérance à la frustration). Crime et passion sont deux mots qui ne vont pas bien ensemble (antinomiques). On peut aimer passionnément une personne sans vouloir lui donner la mort.

Le manque de parole de l’agresseur sur son acte criminel, est douloureux pour la famille, les enfants témoins, tous choqués, en état de sidération. On attend de lui qu’il exprime des regrets, des remords, pour tenter de comprendre l’impensable, nommer l’innommable. On a besoin des mots pour apaiser sa douleur.

Marie Claude Barbin

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