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Menaces sur le service public audiovisuel : le PLR s’indigne face aux attaques contre la liberté d’expression et le pluralisme

  • Publié le 15 mai 2024 à 10:28
  • Actualisé le 15 mai 2024 à 10:30

Menaces sur le service public audiovisuel : le PLR s’indigne face aux attaques contre la liberté d’expression et le pluralisme. Ce dimanche 12 mai, une grève inédite a touché Radio France. Cette grève fait suite à la menace de licenciement de l’humoriste Guillaume Meurice, chroniqueur de l’émission “Le grand dimanche soir” de France Inter. Au-delà du cas de Guillaume Meurice, la chaîne est en proie à une réorganisation qui s’attaque en priorité aux émissions et contenus critiques (Photo vw/www.imazpress.com)

Le PLR s’inquiète face à cette menace contre la liberté d’expression et dénonce, dans le prolongement, le projet de l’exécutif qui entend créer une grande holding pour regrouper l’ensemble du secteur audiovisuel public. Cette menace nous concerne d’autant plus que dans les Outre-mer et à La Réunion nous voyons, année après année, le service public essuyer des attaques et perdre des moyens de plus en plus importants.

Nous pourrions considérer les décisions prises à Paris sur les émissions de France Inter comme déconnectées des réalités de notre territoire. Pour autant, les choix réalisés par la direction de France Inter, première radio nationale, semblent être des préfigurations de la réorganisation de l’ensemble du secteur audiovisuel public.

En effet, ce mardi 14 et mercredi 15 mai, les députés vont examiner en commission la proposition de loi sénatoriale prévoyant la création d’une holding chapeautant l’ensemble du secteur de l’audiovisuel public.

Pour la CGT de Radio France, le projet de holding visant à regrouper ces sociétés de l’audiovisuel public constituent un "projet de démantèlement en règle de la radio de service public" porteur d’un risque "évident" de "réductions massives d’effectifs et de contenus", “une dégradation des conditions de travail [...] et des productions.

Pour nous, à La Réunion, cette menace doit nous alerter d’autant plus. Après la disparition de France Ô, la place accordée aux Outre-mer dans les programmes nationaux risque, à nouveau, de se réduire drastiquement.

Avec la suppression des chroniques de terrain engagées de Camille Crosnier, de Giv Anquetil et d’Annaëlle Verzaux dans l’émission consacrée à l’écologie “la Terre au carré”, avec la réduction d’un tiers du budget de l’émission critique et humoristique “Le grand dimanche soir”, avec la suppression des rendez-vous “Vies françaises” et “C’est bientôt demain” de Charlotte Perry et Antoine Chao, la direction de France Inter semble avoir assumé une prise de position ouverte contre les contenus engagés et critiques.

Pire, le programme culturel et littéraire “La Librairie francophone” est lui aussi menacé alors qu’il joue un rôle crucial dans la valorisation de la francophonie et de toute sa diversité.

Le PLR dénonce cette dérive, à l’heure où l’éveil des esprits critiques est plus que jamais nécessaire pour lutter face au désengagement des nouvelles générations et à l’avènement des contenus simplistes et abrutissants.

L’urgence écologique et sociale imposerait du service public qu’il contribue, plus que jamais, à la valorisation des initiatives de terrain, à la mise en lumières des alternatives citoyennes face aux dérèglements climatiques et face à la suprématie de la logique de marché et de la finance internationale.

De plus, ces décisions inquiètent au plus haut plan dans la mesure où elles ne répondent aucunement à des logiques de cohérence vis-à-vis des audiences. A seul titre de comparaison, l’émission “Le grand dimanche soir” a plus que doublé sa part d’audience par rapport au créneau identique la saison passée.

De façon générale, toute attaque contre la dimension critique des programmes du service public doit nous alerter.

Au-delà du cas de Radio France, c’est l’ensemble du service public audiovisuel qui doit être soutenu par davantage de moyens, d’éveil de l’esprit critique et de liberté d’expression.

A La Réunion, nous ne sommes pas éloignés de ce problème. Les coupes budgétaires réalisées dans ce secteur ces dernières années ont conduit à une réduction importante des effectifs. Cela met à mal la possibilité pour les techniciens, animateurs, journalistes et grands reporters de pouvoir exercer leur métier dans des conditions sereines et avec les moyens adéquats.

De même, la réorganisation de ce secteur fait peser un risque important de voir la prise en compte des spécificités des territoires ultramarins réduite à néant.

Le service public audiovisuel devrait être aux avant postes pour la défense de la liberté d’expression, l’éveil de l’esprit critique et la mise en place de conditions de travail dignes.

Le PLR revendique :
- qu’à compétences égales, l’embauche des Réunionnais et Réunionnaises soit privilégiée dans le service public ;
- que le sérieux et la rigueur journalistique doivent être mis en priorité dans les émissions de débat dans le service public ;
- que la mission première du service public est de contribuer à forger des citoyens avertis et critiques sur les grands enjeux de notre société.

Le PLR soutient les préavis de grève déposés pour soutenir la liberté d’expression et dénoncer les cures austéritaires prévues dans ce secteur.

Le PLR prendra des initiatives pour interpeller le Ministère de la Culture sur les risques, en cascade, pour notre territoire, des projets de réorganisation prévus dans le secteur de l’audiovisuel public.

Pour La Réunion

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