Le jeudi 14 novembre 2024, les services informatiques du Conseil Départemental sont victimes d’une cyberattaque dont l’ampleur et les effets réels échappent au commun des mortels. Il en va de même pour l’identité et les motivations des pirates (Photo : www.imazpress.com)
Ce type d’incident n’est pas le premier, ni le dernier, ni anodin, ni sans conséquences. Il serait certainement utile d‘y réfléchir et d’en tirer quelques leçons : notre dépendance et notre confiance aveugle aux technologies numériques est-elle bien raisonnable ? Faut-il continuer à dématérialiser et digitaliser nos administrations, nos organisations, nos informations, nos relations… N’y a-t-il pas d’alternative, plus de choix ?
Les conséquences de cette attaque n’étant pas (encore) dramatiques, à l’évidence, personne ne se posera ces questions. On renforcera la cybersécurité et continuera tranquillement à développer logiciels, plateformes et services numériques qui nous scotchent toujours plus à nos écrans.
De plus en plus dépendant du monde numérique, nos institutions sont des géants au pied d’argile, et leurs vies ne tiennent plus qu’à un ou deux fils. Il suffirait de couper quelques câbles numériques qui relient notre petite île au reste du monde pour s’apercevoir que cette expression n’est plus une image.
La numérisation du monde et l’hyperconnection de nos sociétés sont une catastrophe au niveau individuel, social et environnemental.
On ne compte plus les études, rapports, commission d’enquête et preuves qui nous alertent sur le sujet. Un peu comme ces constats que nos comportements bouleversent les équilibres écologiques et menacent notre propre survie, sans que réellement nous ne réagissions. Nous fonçons dans le mur, et appuyons sur l’accélérateur.
Les réunionnaises et les réunionnais n’ont pas besoin d’administrations 2.0, de services connectés, de plateformes numériques… Les agents de la fonction publique n’ont pas besoin d’être enchainés à un ordinateur, dépendant d’une connexion internet, rivés à un smartphone.
Les gens ont besoin de lien, d’écoute, de reconnaissance, de contact, de patience et de temps, de réflexion et d’action, d’humilité, de patience, de persévérance, d’effort… bref, l’exact contraire de ce que proposent les technologies connectées.
Les anciens disaient "il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier". C’est ce que nous faisons en confiant nos organisations sociales, notre futur, nos vies, à une seule et même technologie. Nous nous y accrochons comme on s’accroche à une bouée de sauvetage lors d’un naufrage. Sauf que nous avons provoqué ce naufrage et continuons à nourrir la tempête qui nous menace.
Les technologies numériques telles que nous les utilisons ne sont pas la solution, mais une partie du problème. Il n’est peut-être pas trop tard pour faire marche arrière et rendre un peu d’humanité à l’humain.
Steyer Gauthier