Tribune libre de Jean-Michel Moutama

Nous vous demandons de procéder au versement des aides suite à Belal et à la sécheresse

  • Publié le 18 avril 2025 à 13:59
  • Actualisé le 18 avril 2025 à 14:19

Au moment ou vous vous apprêtez à fouler le sol réunionnais pour une visite présidentielle, nous vous souhaitons la bienvenue pour prendre conscience que l’agriculture réunionnaise traverse une période difficile actuellement avec les passages successifs des événements climatiques depuis ces dernières années qui ont fortement impacter nos productions agricoles. (Photo Jean Michel MOUTAMA photo Sly imazpress)

Nous avons besoin de la considération de la République pour que nous puissions travailler dans de bonnes conditions, sans pression des contrôles de votre administration et diminuer les tâches administratives dans le cadre de la simplification administrative envers les agriculteurs.

À ce sujet, nous attendons toujours que votre administration veuille bien se mettre autour de la table pour écouter les agriculteurs et leurs syndicats sur leurs propositions. À quand cette réunion monsieur le Président ?

D’autre part nous vous demandons de bien vouloir procéder au versement de toutes les aides 2024 suite au cyclone Belal et à la sécheresse pour redonner de la trésorerie aux exploitations agricoles pour relancer les différentes filières. Des engagements ont bien été pris dernièrement par le Ministre des Outre-Mer mais nous sommes toujours dans l’attente des versements des aides sur 2024.

D’autre part, La Réunion est dans un contexte où la situation sociale est très difficile avec un certain nombre de paramètres qui pénalise très fortement la vie de tous les jours nos concitoyens et les retraités pour acheter des produits pays.

La vie est 37% plus chère à La Réunion sur l’alimentaire et 36% de la population vit sous le seuil de pauvreté et avec un taux de chômage de 17% et de 29% chez les jeunes. La population a beaucoup de mal à se nourrir et à se loger actuellement.

La fonction première de l’agriculture est de nourrir la population mais encore faut-il que l’Etat puisse jouer son rôle d’arbitre sur la formation des prix et mettre un terme à des pratiques peu scrupuleuses dans les magasins de vente des produits alimentaires. A chaque fois qu’on subit un événement climatique, c’est toujours la faute des agriculteurs et les réseaux sociaux s’acharnent sur ces derniers.

Les agriculteurs veulent vivre correctement de leur métier et nous vous assurons que sous les tropiques les conditions et les risques sont bien plus important que dans l’Hexagone.

Nous déplorons cet amalgame systématique envers notre profession et nous vous demandons de mettre les moyens en œuvre dans le cadre de la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture qui a été votée dernièrement pour prendre en compte ces éléments dans les décrets d’application pour sauver notre agriculture et lui redonner une nouvelle image envers les consommateurs.

Un sujet d’inquiétude de la profession c’est dans le cadre de la loi de finances de la Sécurité Sociales (LFSS 2024), article 18 et 26, il est prévu de modifier ces articles sur les bases de calcul des cotisations sociales des travailleurs non-salariés agricoles à partir du 1er janvier 2026.

Au lieu d'être basées sur une superficie et donc un forfait comme actuellement, les cotisations devraient être basées sur le bénéfice agricole. A titre d’exemple, pour un bénéfice de 50 000 €, les cotisations passeraient d'un forfait situé à 2 000 € en moyenne à un montant proche des 15 à 20 000 € par an.

Le gouvernement justifie cette évolution pour une équité et une amélioration de l’acquisition des droits à prestations.

Ce changement va entraîner incontestablement un coût supplémentaire aux agriculteurs.

Cependant, la loi de financement de la sécurité sociale prévoit la possibilité de modifier le texte dans les 18 mois de sa parution concernant l'application aux non-salariés agricoles exerçant leur activité en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à La Réunion, à Mayotte, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin.

Nous vous demandons monsieur le Président de bien vouloir prendre attache auprès du ministère des Finances pour revoir cette décision injuste pour l’agriculture réunionnaise qui a été mise en place sans concertation à l’échelon du Département et qui impactera l’équilibre financier des exploitations agricoles si cette décision n’est pas remise en cause.

Par contre nous sommes très inquiets pour l’année 2026 sur les dotations financières réserver aux DROM, sur les effets d’annonces du ministère des Finances dans le cadre des réductions budgétaires car notre agriculture a besoin d’un rebond financier et non du contraire pour remettre debout nos exploitations agricoles. Toute coupe budgétaire pourrait être fatale à notre agriculture et pourrait aussi remettre en cause notre programme de souveraineté alimentaire que nous avons signé en octobre 2023 avec le Préfet, les collectivités locales et les organisations agricoles.

Nous vous demandons aussi de revoir :

- Les conditions d’indemnisation du fonds de secours sur les calamités agricoles qui n’est plus adapté au contexte local lors des événements climatiques. Les niveaux d’indemnisation sont tellement faibles avec le dispositif actuel réunissant obligatoirement deux conditions à réunir sur les baisses du chiffre d’affaires et du tonnage produit à l’hectare.

- Les conditions d’éligibilité sur le financement du POSEI et du CIOM. Nous souhaitons que vous preniez en compte une forte demande de agriculteurs indépendants majoritaires à La Réunion pour nous permettre d’aller vers une structuration des filières mais avec d’autres conditions comme à Mayotte sur la mise en place de aides surfaciques pour permettre d’ouvrir davantage les aides vers les petits producteurs agricoles. C’est une forte demande pour ces agriculteurs pour stabiliser les revenus et leur redonner confiance à l’agriculture.

Monsieur le Président, La Réunion est une terre de projet et d’ambition avec des agriculteurs qui sont résilients malgré les différentes crises de ces dernières années (COVID, guerre Ukraine, cyclone et sécheresse) et nous demandons que les politiques publiques puissent être adaptées à notre territoire et à l’agriculture réunionnaise pour nous accompagner et nous aider à produire des biens de consommation sains, de qualité en volume et en régularité.

Le président de la CGPER
Jean-Michel Moutama

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