Tribune libre du mouvement associatif

Parcours emploi compétences : un désengagement de l’Etat déconnecté des réalités locales

  • Publié le 31 mars 2025 à 10:32
  • Actualisé le 3 avril 2025 à 05:50

Après les réductions déjà engagées en janvier, un nouvel arrêté préfectoral vient encore réduire le taux de prise en charge des Parcours Emplois Compétences à La Réunion (de 53% à 43,5%), et réduire leur durée maximale de 10 à 6 mois. Le Mouvement associatif dénonce un désengagement déconnecté des besoins et des réalités locales. Les conséquences risquent d’en être désastreuse, pour l’emploi comme pour les actions que ces postes permettent de réaliser au service des Réunionnais et Réunionnaises (Photo www.imazpress.com)

En effet, cette décision est un coup porté à l’emploi et à l’insertion dans l’emploi, qui est pourtant un enjeu majeur pour le territoire, à un moment où les derniers chiffres montrent une hausse du taux de chômage. 

Réduire les taux de prise en charge va très probablement conduire les structures qui recrutent ces personnes en contrats PEC à réduire le nombre de recrutements, voire à y renoncer dans certains cas. Il ne faut pas oublier que le recrutement de contrats PEC s’accompagnent d’obligations de l’employeur en matière de formation et d’accompagnement, qui sont des coûts pour la structure. 

D’autre part, réduire la durée des contrats, c’est aussi réduire les chances d’insertion durable ; un parcours d’insertion se construit dans la durée, en ne cessant de le raccourcir, on court le risque de nuire à son efficacité.

Cette décision vient également fragiliser les associations réunionnaises à double titre : Tout d’abord celles qui accueillent des postes en Parcours Emplois Compétences. Dans un contexte budgétaire très tendu, nombre d’entre elles ne seront pas en mesure d’assumer le surcoût demandé et devront soit renoncer à ces postes soit faire des économies sur d'autres activités

Mais celles qui n’y ont pas recours courent également le risque de subir les effets de ce désengagement de l’Etat : Le surcoût de cette mesure pour les collectivités territoriales employant des personnes en contrat PEC viendra en effet peser sur des budgets déjà contraints, avec le risque d’arbitrages défavorables au soutien à l’action associative.

Après le passage de Chido à Mayotte, puis de Garance à La Réunion, dans un contexte de vie chère qui pèse sur la vie quotidienne des Réunionnais∙e∙s, les associations sont sur tous les fronts pour organiser et faire vivre les solidarités, pour contribuer à la remise en état du territoire, pour continuer à proposer des activités accessibles à tous et toutes. Il est indispensable que l’Etat prenne pleinement en compte les effets que peuvent avoir de telles décisions sur leur capacité à agir au service de l’intérêt général.

Le Mouvement associatif de La Réunion se joint aux très fortes inquiétudes exprimées par les élu∙e∙s de tous bords des collectivités et en appelle au Ministre des Outre‐mer et à la Ministre du Travail, également Ministre des Solidarités, pour que cette décision soit très rapidement revue et que des engagements pérennes soient pris en matière d’emplois aidés.

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