Tribune libre d'Alexandre Laï-Kane Cheong

PLF 2025... Ou le bon baiser de Fort de France

  • Publié le 6 novembre 2024 à 16:17
  • Actualisé le 6 novembre 2024 à 16:19

Tout le monde se souvient de la chanson : « Noel, joyeux Noel, bon baiser de Fort de France ». Mardi 5 novembre 2024, conseil communautaire de la Cinor expédié en tout juste 1h. Ce conseil fait suite à celui du jeudi 31 octobre 2024, où le quorum n’était pas atteint (Photo : rb/www.imazpress.com)

Notre inquiétude : que va devenir notre service public, si nous devons subir une baisse de 10 millions sur le budget de l’intercommunalité, à cause du PLF 2025 en plein débat au Parlement ? Baisse des investissements, réduction des frais de fonctionnement de l’intercommunalité, et par voie de conséquence, ceux des communes. « La faute à qui ? », demandera tôt ou tard la population...

Est-ce une réponse du nouveau gouvernement, à l’insistance d’un certain « appel de Fort-de-France » du 16 mai 2021, relayé par la majorité régionale d’une certaine gauche, et un ensemble de députés GDR-PLR-LFI, réclamant l’autonomie institutionnelle pour la Réunion ? Le gouvernement aurait-il entendu cet « appel » : « vous voulez PLUS de pouvoir local dans un autre cadre institutionnel, alors nous vous donnerons MOINS de moyens, pour assurer cette transition vers l’autonomie... ? »

Si les coupes budgétaires drastiques pour nos collectivités sont validées par ce Projet de Loi de Finances 2025, nous n’oublierons pas celles et ceux qui ont été à l’origine de ce « baiser (de Judas) de Fort de France », qui plus est, sur fond de crise liée à la cherté de la vie dans nos territoires.

Était-ce réellement le moment de remettre sur la table le débat suranné, de l’autonomie institutionnelle, alors même que la batterie d’outils de décentralisation, de différenciation, de déconcentration n’est pas épuisée ?

Quelles pistes pour faire face à cette situation ?

- L’union des forces vives -

Mercredi 23/10/2024, le président de l’AMDR (Serge Hoareau) a lancé un appel à « la mobilisation générale des élus locaux et des parlementaires », au côté d’Ericka Bareigts (Maire de St Denis et Vice-Présidente de l’AMF) « pour préserver l’essentiel, c’est-à-dire les budgets de nos collectivités locales. » En d’autres termes, garantir les moyens d’assurer un service public de qualité, pour une population de plus en plus en demande, compte tenu de la gravité de la situation socio-économique de notre territoire.

Ainsi, les mouvements et partis politiques de la Plateforme Réunionnaise se sont associés à cet appel, et a mis en garde contre les risques et dangers de telles coupes budgétaires pour le quotidien des Réunionnaises et des Réunionnais.

La Plateforme Réunionnaise, y va de sa proposition initiant une démarche, souhaitons-le, « sincère et durable. » En effet, pour faire face à cette crise multiple : une « Konferans Pei » est lancée le mercredi 6/11/2024, à Sainte-Suzanne.

Nous, élus du PCO, en prenons acte, et saluons cette démarche. Mais ne devrions-nous pas aller plus loin ?

- Rétrospective récente -

La situation sociale locale est une nouvelle fois tendue (grève chez Albioma, crise du BTP et du logement social, difficultés pour le monde économique, vie chère), faisant écho à une situation généralisée à d’autres territoires d’Outre-Mer (crise politique en Nouvelle-Calédonie, manifestations contre la vie chère en Martinique). Face à cela, quelle réponse de nos parlementaires ?

Personne n’aura manqué le « dérapage politique » du député de la 6e circonscription, en plein débat sur le PLF.

Devions-nous y voir un « jeu de langage », quant au fait de relever les usages culturels péjoratifs qui persistent autour de certains termes ? Était-ce le bon moment, le juste contexte ?

Devions-nous y voir, une démarche incongrue, parce que manquant son point de visée, pour interroger l’incitation tacite d’un gouvernement à l’économie informelle, comme économie de subsistance, en période de restriction budgétaire ? Devrions-nous y voir enfin, une réminiscence lointaine, aux allures de rédemption, du champ de l’ESS, délégation de l’ancien VP de la Région Réunion, devenu député ?

Devons-nous blâmer cette posture que l’opinion publique n’aurait pas comprise ? Ou devrions-nous nous efforcer de construire, malgré la cacophonie, malgré l’équivocité des postures, malgré la pluralité, une parole commune, parce qu’unifiée ?

- « Konférans PEI » -

En ce sens, en vue de cette « Konférans Péi », espace de dialogue pluriel, aspirant au commun, nous, élus du PCO, interpelons la Plateforme Réunionnaise, et proposons pour faire face aux inflations, et réhabiliter les souverainetés de nos insularités :

- La convocation de « l’ICI » (Intelligence Collective Institutionnelle) par tous les moyens nécessaires ;

- Fort de la représentativité des élections législatives anticipées de juin 2024, le pilotage d’un consortium d’élus, dont nous sommes prêts à prendre le leadership, des intercommunalités Nord et Est, dédié à la problématique de l’inflation, par le principe des relocalisations (souveraineté des ressources -eau, énergie – souveraineté alimentaire, souveraineté fiscale, et leurs politiques publiques associées) ;

- Un élargissement de cette méthode aux élus municipaux, communautaires, régionaux et départementaux, volontaires, pour consacrer cette union des forces vives faisant le territoire-en-devenir ;

- Un dialogue territorial continu entre le local et le national afin de formuler des propositionsfinançables (aux parlementaires/Ministères), propres aux champs de compétences des différentes strates de l’action publique décentralisée ;
- Une convocation dans le temps, après ce délai d’expérimentation d’une véritable Conférence Territoriale de l’Action Publique (CTAP) élargie.

- L’effort commun face à la défiance -

Nous, élus du PCO, interpelons et proposons à La Plateforme Réunionnaise une méthode innovante au travers de ce dialogue territorial. Fort de la réhabilitation du « cahier de doléances » à l’issue de ces dernières élections législatives partielles (juin 2024), il s’agit de convoquer le principe d’effort commun (pour la population, les politiques, la société civile dans l’ensemble de ses bonnes volontés).

Pour endiguer le phénomène de populisme de tout bord, il s’agit de fixer des perspectives de résultats. Si La Plateforme Réunionnaise se bat pour sauver l’état des collectivités locales, de notre service public, la population doit pouvoir mesurer la qualité et l’efficience de ce service public.

Ainsi, engageons la co-construction de politiques publiques avec les outils de participation que permet la loi (conseils citoyens, conseil de développement, consultation...), et des comités d’évaluation co-construits également avec la société civile, qui permettront de définir les critères de mesure de cet effort commun.

Au « bon baiser de Fort-de-France », en appelons de nos souhaits communs un véritable « Printemps Réunionnais » !

guest
2 Commentaires
CQFD
CQFD
5 mois

Un terrain à ste suzanne et on se retire au 2e tour des élections

Toute ressemblance ne serait que pure coïncidence

Hoareau Maurice
Hoareau Maurice
5 mois

Si on a bien compris avant de décrocher, Alek propose de créer une commission de plus dont il serait le président.