Tribune libre de professionnels de santé libéraux

Pour le retour à la vie en collectivité des enfants

  • Publié le 25 août 2020 à 18:22

La situation sanitaire à la réunion connaît probablement un tournant actuellement. Le nombre de cas de personnes testées positives au SARS-Cov-2 a augmenté de manière significative ces derniers jours avec la découverte de plusieurs clusters. Il faut malheureusement se préparer à faire face à notre lère vague. L'isolement des personnes atteintes ainsi que le dépistage élargi de tous les cas contact le plus rapidement possible permettront, nous l'espérons, de contenir la propagation de ce virus. La distanciation physique et le respect des gestes barrières sont notre meilleur rempart face à cette maladie. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Nous avons la chance de pouvoir profiter des expériences nationales et internationales accumulées depuis plusieurs mois face à la Covid-19.

Nous aimerions par cette lettre rappeler la position des sociétés savantes des professionnels de santé spécialistes des enfants qui recommandent un retour à la vie en collectivité des enfants y compris ceux porteurs de maladies chroniques.

Voici les messages clés publiés par les sociétés savantes et par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies :

• Les investigations des cas en milieu scolaire suggèrent que la transmission d'enfant à enfant en milieu scolaire est rare et n'est pas la principale cause d'infection par le SARS-CoV-2 chez les enfants dont l'infection coïncide avec la période de fréquentation de l'école, en particulier dans les écoles maternelles et primaires.

• Il faut rappeler que des collectivités d'enfants, crèches ou classes, ont continué à exister pendant le confinement, notamment pour les enfants des personnels soignants. Aucune épidémie n'a été relevée dans ces groupes d'enfants, alors que la circulation virale était forte parmi les adultes.

• Il s'agit d'une maladie bénigne chez la quasi totalité des enfants. Les formes graves sont très rares, moins fréquentes qu'en cas de grippe ou de bronchiolite.

• Les données disponibles indiquent également que la seule fermeture des établissements de garde d'enfants et des écoles n'est probablement pas une mesure de contrôle efficace pour limiter la transmission communautaire du COVID-19. De telles fermetures sont peu susceptibles d'augmenter la protection des enfants.

• Les enfants ne sont pas non plus " dangereux " pour les adultes et sont très rarement responsables de contamination d'adultes. Ils ne sont pas super-contaminants contrairement à ce qu'on a pu supposer initialement.

• Il y a beaucoup plus de bénéfices que de risques au retour dans les écoles.

• Les mesures de distanciations excessives sont inutiles voire préjudiciables. Il faut apprendre à adapter au mieux les mesures en gardant notre bon sens.

• Pour les enfants les plus fragiles des mesures de précaution supplémentaires aux mesures barrières sont parfois nécessaires.

• Ouvrir les écoles et les collectivités est aussi indispensable pour stopper tous les effets délétères du confinement sur certains enfants: décrochages scolaires, victimes de maltraitance, absence de protection vaccinale, rupture de suivi pour une maladie chronique. Le véritable risque pour l'enfant dans cette épidémie COVID-19 est sûrement de le priver d'un environnement socio-éducatif bénéfique à son développement, et d'un suivi médical de prévention indispensable à sa bonne santé. L'enjeu du retour en collectivité est d'abord d'apprendre à vivre ensemble sans peur excessive de l'autre, de s'ouvrir au monde par le jeu et les apprentissages, au contact d'autres enfants et d'adultes professionnels bienveillants et responsables.

A la lumière de toutes ces données, nous aimerions rappeler que, dans cette période d'incertitudes et d'inquiétudes légitimes, les mesures visant à protéger la population devraient se baser sur des recommandations scientifiques et en aucun cas impacter de manière négative la santé physique et mentale de nos marmailles ainsi que leur bien être.

Nous restons à la disposition des autorités compétentes pour les épauler, si besoin, dans l'établissement d'une stratégie garantissant la sécurité et la santé des enfants.

Dr Nabil JBILOU - Représentant de l’Association Réunionnaise de Pédiatrie Ambulatoire
Dr Christine KOWALCZYK- Présidente de l’URML OI
Dr Catherine BRATZLAWSKY, Représentante à l’URML OI des Pédiatres
Dr Abdelhafid EDMAR – Représentant de la Société Française de Pédiatrie de l’OI

guest
2 Commentaires
Une équipe qui perd
Une équipe qui perd
4 ans

Les enfants ne contaminent ni les autres enfants, ni les adultes.Il faut donc rouvrir les clubs de foot pour les enfants, continuer à former des jeunes qui plus tard finiront bien par venger le PSG.

Missouk
Missouk
4 ans

Excellente tribune. Lorsqu'on a enseigné (ce qui a été mon cas), on sait bien que c'est à l'école que les enfant sont le mieux. La longue période de confinement et "l'errance institutionnelle" de Juin (on peut ne pas mettre son enfant à l'école, si...) a déjà créé de grosses différences entre de nombreux élèves d'une même classe d'âge. Entre ceux qui avaient ordinateur, connexion de qualité, et parents capables d'aider (voire cours particuliers), et d'autres qui n'avaient rien de cela, en quatre mois, l'écart en terme d'acquisitions est déjà important. Si on remet cela maintenant, l'écart sera encore plus important, et, surtout, certains élèves auront perdu l'habitude de l'école. L'école de la République n'est pas optionnelle, elle est obligatoire. A l'Institution de gommer les risques et d'être à la hauteur de ce que l'on doit attendre d'elle.