Lettre d'ATTAC, Alternatiba, Green Peace et d'Extinction Rebellion à l'intention du préfet

Problématique des transports sur La Réunion

  • Publié le 25 août 2020 à 09:31

Les associations ATTAC, Alternatiba, Green Peace et le mouvement Extinction Rebellion sur la Réunion alertent la préfecture sur le fait que la politique mise en oeuvre en matière de développement des transports sur La Réunion n'est pas en phase avec les urgences écologiques et climatiques régulièrement rappelées par la communauté scientifique et notamment le GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat). (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Par ce courrier, nous interpellons nos décideurs sur le fait que les Réunionnais.es ont le droit, eux aussi, à une politique de transports respectueuse de leur santé et de leur environnement. De nombreuses agglomérations métropolitaines en mettent déjà en place, pourquoi pas à la Réunion ?

Prenons exemple sur Strasbourg, Châteauroux, Nantes, Bordeaux. Une société du tout-automobile pollue nos bronches et nos esprits, privatise l'espace public et impose une forme d'urbanisation sans avenir.

Une politique de transport ambitieuse pour les Réunionnais.es c'est :

• Diminuer la pollution pour favoriser une meilleure santé pour tous
• Redynamiser les cœurs de villes et les commerces de proximité
• Réduire les dépenses des foyers liées à l'utilisation de la voiture
• Le plaisir de se déplacer sans impacter notre environnement
• Réduire le nombre d'accidents de la route
• Réduire la dépendance énergétique de la Réunion
• Participer à une ambition mondiale qui réinvente nos modes de transports

Malgré des initiatives positives, notamment le forfait mobilité durable, ces ambitions ne vont pas assez loin pour permettre la transition écologique dont la Réunion a urgemment besoin.

La préfecture pilotant la DREAL, nous demandons :

1- L'extension rapide des pistes cyclables sécurisées, notamment entre les villes et les quartiers les plus éloignés

2- L'application des lois existantes permettant la sécurité des cyclistes et des piétons

3- La mise en place de voies prioritaires aux véhicules transportant deux personnes et plus (dans les zones et les heures les plus embouteillées).

4- L’entretien des pistes existantes et leur sécurisation pour éviter un drame.

5- La taxation des véhicules diesel ou sur les carburants diesels.

6- L’augmentation du prix du véhicule tout en aidant les plus démunis par la location partielle et l’autopartage

Cette politique d'avenir doit débuter dès maintenant.

Nous veillerons à l'application de ces mesures dans l'intérêt de tou.te.s les citoyen.es réunionnais.es et ne relâcherons pas la garde.

Nous lancerons donc le samedi 12 septembre la première vélorution de l’île, grand rassemblement festif et familial de cyclistes, pour affirmer que le vélo et les modes de transports alternatifs sont possibles à la Réunion. Ce rassemblement sera organisé en respectant les gestes barrières.

Voici pour information un aperçu des scénarii qui se dessinent à l’occasion de la révision du Schéma d’Aménagement Régional :

Les scénarii " tendanciel " et " catastrophe "

L’horizon temporel de 2030 peut sembler bien lointain et mérite une explication. Cette date est souvent reprise à La Réunion car elle correspond tout à la fois au cap du million d’habitants prévu selon les projections démographiques de l’INSEE et à la sortie de la transition démographique. Par ailleurs, elle correspond également à l’horizon temporel utilisé dans les démarches de prospective territoriale lancées depuis quelques mois par la Région Réunion à l’occasion de la révision du Schéma d’Aménagement Régional. Les scénarii discutés maintenant visent donc cet horizon lointain mais l’automate cellulaire déroule les simulations au pas temporel d’une

année.
La première comparaison riche d’enseignements est celle du scénario " tendanciel " et du scénario " catastrophe " (cartes 6, 7 et 8). Dans le premier scénario, nous déroulons la simulation en poursuivant la tendance à l’étalement urbain constatée entre 1989 et 2002 jusqu’en 2030 et nous stabilisons la surface agricole à son niveau de 2002, condition nécessaire à la survie de la filière canne à sucre à La Réunion. La carte qui en résulte montre comme attendu un étalement urbain généralisé au départ des agglomérations de 2002. L’agriculture quant à elle se réfugie massivement dans les hauteurs de l’île en réduisant la forêt présente en 2002.

Secondairement, elle consomme les interstices de végétation mixte et de savane encore présents en 2002 plus près du littoral.

Ce scénario pourtant tendanciel est à bien des égards " déjà catastrophique " pour au moins deux raisons majeures. En ce qui concerne la prolongation de la tendance à l’étalement urbain, elle conduit à une augmentation de la tache urbaine de 130% par rapport à ce qu’elle représente en 2002, alors même que l’urbain est déjà très peu dense à La Réunion (10 logements/ha) et connaît d’importants problèmes de fonctionnement (engorgement du réseau routier du fait de la multiplication des déplacements individuels et de l’absence d’un vrai réseau de transport en commun, problèmes d’environnement liés au développement d’un assainissement individuel peu maîtrisé...). En ce qui concerne la surface agricole, son maintien en terme de surface s’accompagne d’une migration vers les Hauts de l’île, autrement dit vers des zones actuellement en prairie et dont l’altitude ne permet pas la culture de la canne à sucre. Dit autrement, d’un point de vue spatial, ce scénario ne permet pas le maintien de la filière " canne à sucre " sur l’île. Accessoirement, ce maintien de la surface agricole se fait au détriment des dernières étendues en savane désormais protégées règlementairement au titre des paysages remarquables de l’île (carte 7).

Dans le scénario " catastrophe ", l’étalement urbain se poursuit comme précédemment mais nous n’imposons pas la stabilisation des surfaces agricoles. D’un point de vue méthodologique, nous modifions seulement le statut des surfaces agricoles qui passent du statut " fonctionnel " au statut " vacant ". Aucun objectif de surface agricole à atteindre en 2030 n’est donc précisé et les potentiels de transition des cellules décident donc intégralement des dynamiques dans un système totalement ouvert à la concurrence d’un

point de vue spatial. Dans un tel cadre de simulation, la carte 8 nous révèle que l’étalement urbain s’effectue massivement sur la zone agricole qui perd plus d’un tiers de ses surfaces de 2002. L’ensemble de la surface agricole passe alors de 43 000 à 27 000 ha alors que la sole cannière indispensable pour la survie de la filière " canne à sucre " à La Réunion est estimée aujourd’hui à 30 000 ha. Comme pour le scénario tendanciel, cette filière est alors condamnée. L’analyse détaillée des autres modes d’occupation du sol dans ce scénario (carte 8) permet de constater que si catastrophe il y a, elle ne concerne en quelque sorte que la surface agricole. En effet, l’étalement urbain ayant trouvé à s’étendre sur ce type d’espace, il délaisse les zones de savane, de végétation mixte et de forêt qui se retrouvent largement préservées en 2030 (zones cartographiées en vert en 2030).

La comparaison des deux scénarii permet donc de tirer plusieurs enseignements importants. En premier lieu, il permet d’affirmer que dans les deux cas, un étalement urbain qui se poursuivrait jusqu’en 2030 sur le rythme qui fut le sien entre 1989 et 2002 condamnerait la filière " canne à sucre " sur l’île, soit par manque de surface (scénario " catastrophe "), soit en raison de l’inadaptation des surfaces attribuées par le modèle à la mise en culture en canne (scénario tendanciel). En second lieu, cette comparaison permet d’identifier précisément les surfaces qui constituent des enjeux forts du fait de leur localisation et de leur potentiel. En terme d’accessibilité et d’aptitude, les meilleures terres pouvant potentiellement basculer dans l’urbain se situent à proximité des zones urbaines actuelles, sur les meilleures terres agricoles de l’île, ce qui nous ramène au débat toujours sensible à La Réunion du déclassement des terres agricoles... En dernier lieu, l’analyse comparée de ces deux scénarii nous conduit logiquement à explorer d’autres pistes qui ont pour dénominateur commun la maîtrise de l’étalement urbain.

Extinction Rebellion, Attac, Alternatiba et Green Peace

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2 Commentaires
Yoag
Yoag
4 ans

Exactement. Le 12 septembre je serais à StDenis avec mon vélo pour cette vélorutionð?'

Bruno
Bruno
4 ans

Une VELORUTION ? très bonne idée. Je serai là avec vous.