Tribune libre de Françoise Fontaine

SOS eau : les habitants de l'est en appel aux autorités - sauver l'est de La Réunion

  • Publié le 19 janvier 2025 à 10:32
  • Actualisé le 20 janvier 2025 à 11:07

Nous avons traversé les mouvements des gilets jaunes, la crise sanitaire, et la réforme des retraites. A présent, c’est l’eau, élément essentiel à la vie, qui nous fait défaut (Photo : www.imazpress.com)

La pénurie d’eau à La Réunion, particulièrement dans la région de l’Est, est un problème urgent qui affecte la vie quotidienne, la santé et l’avenir des habitants. Depuis l’année dernière, certains quartiers ne bénéficient que de quelques heures d’accès à l’eau potable par jour, avec des situations encore plus critiques depuis janvier, où l’accès est limité à seulement une heure par jour. Nous sommes privés de notre droit fondamental à l’eau, et cela sur une île !

En tant qu’une saint-andréenne engagée et concernée par le bien-être de ma communauté, je souhaite attirer l’attention des autorités sur les difficultés que nous rencontrons au quotidien en raison de la pénurie d’eau.

Depuis des années, on voyait venir cette “défaillance” en eau. Au lieu de prendre le problème à cœur, on a préféré l’ignorer et mettre la faute sur la sécheresse. Certes, il y a le réchauffement climatique et la nappe phréatique pauvre en eau, mais pas seulement.

Les enjeux liés aux réseaux d’eau à Saint-André sont anciens et multiples, incluant une qualité d’eau médiocre, un débit insuffisant et un entretien des infrastructures défaillant. Il est essentiel que les autorités investissent dans la modernisation et l’entretien régulier des infrastructures existantes, ainsi que dans la création de nouveaux réseaux d’eau pour répondre aux besoins de la population. Les élus de l’île et la Préfecture doivent faire en sorte que l’eau potable arrive en quantité et qualité suffisantes dans les foyers.

En outre, le projet de basculement des eaux de l’Est vers l’Ouest a appauvri le secteur Est sur le long terme, comme le souligne l’adage “On ne doit pas déshabiller Paul pour habiller Jacques au détriment de sa population.”

Avec cette pénurie, nous nous interrogeons sur les mesures prises par les autorités pour résoudre ce problème. La SAPHIR, qui est responsable de l’irrigation d’eau d’Est en Ouest, a-t-elle modifié ses pratiques pour prendre en compte la pénurie d’eau dans l’Est ? Quel est le rôle du comité de sécheresse qui se réunit régulièrement ? En plus d’informer la population sur les mesures de restriction de l’usage de l’eau, n’a-t-il pas pour but de trouver des solutions pour éviter les situations bloquantes que vivent actuellement les habitants de l’Est ?

Les gens de l’Ouest ne sont pas impactés par le manque d’eau. La vie économique continue dans leurs divers secteurs, tandis que dans l’Est, tout est arrêté ou bancal, avec seulement quelques entreprises qui parviennent à fonctionner malgré tout. Cette disparité met en évidence la nécessité d’une gestion plus équitable de la ressource en eau, afin de garantir un développement économique et social harmonieux pour toutes les régions de l’île.

À Monsieur le Président de la CIREST : En tant qu’organisateur du service de l’eau depuis 2022, nous nous préoccupons de la situation critique de l’approvisionnement en eau notamment à Saint-André. Malgré les problèmes de saturation des branchements connus depuis plus de 10 ans, les travaux d’entretien et d’extension des réseaux n’ont pas été réalisés, entraînant des conséquences graves pour la population.

Les coupures d’eau fréquentes ont des conséquences catastrophiques sur la population de l’Est. L’’impact sur l’hygiène, la santé, la qualité de vie, l’éducation, les soins de santé et l’économie locale sont intolérables. Les fuites dans les réseaux non entretenus aggravent encore la pénurie. Nous nous demandons pourquoi ces problèmes n’ont pas été résolus plus tôt et quels sont les plans pour y remédier de manière efficace.

Selon les informations disponibles, des études de nouveaux sites de forage ainsi que l’interconnexion du réseau avec celui de Saint-Benoît sont prévues. Bien que vous ayez mentionné que ces travaux nécessitent du temps, nous savons que le Préfet peut déroger aux réglementations pour accélérer ces projets (décret n° 2020-412). De plus, le Conseil d’Administration de l’Office de l’Eau vous a octroyé 400.200 euros pour la réhabilitation des réseaux à Saint-André, mais nous nous questionnons comment ces fonds seront utilisés et si cela sera suffisant pour résoudre la crise.

Il est légitime également de se poser la question si des mesures temporaires, comme la réduction de l’irrigation pour approvisionner le secteur Est, pourraient être envisagées pour atténuer la pénurie actuelle. Dans le Mémento du 24/12/2024, vous affirmez que la qualité de l’eau reste votre priorité. Cependant, les actions concrètes qui ont été prises jusqu’à présent ne semblent pas correspondre à cette déclaration.

A Monsieur le Directeur de la CISE : En tant qu’exploitant de service, nous vous demandons de prendre des mesures concrètes pour rétablir un approvisionnement équitable en eau pour tous. Les informations contradictoires sur les coupures d’eau et les plages horaires non respectées créent de la confusion et de l’anxiété parmi la population. Nous vous demandons de prendre des mesures concrètes pour rétablir un approvisionnement équitable en eau pour tous les secteurs de l’Est de la Réunion, qui sont actuellement touchés par des coupures d’eau.

A Monsieur le Directeur de l’ARS : Nous nous inquiétons également des risques pour la santé publique liés au stockage de l’eau et à la propagation du chikungunya. Quels moyens préconisez-vous pour nous protéger ? Une pétition a été mise en ligne sur le site MesOpinions.com pour rassembler les habitants et inciter les autorités à agir. Nous invitons la population à la signer et à la partager largement. Ensemble, nous pouvons faire entendre notre voix et obtenir des résultats concrets pour améliorer la situation de l’eau à La Réunion.

Françoise Fontaine
Citoyenne engagée

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