Tribune libre du PLR

Suppression du droit du sol à Mayotte : régression historique et tremplin pour l’extrême-droite

  • Publié le 12 février 2024 à 21:23
  • Actualisé le 13 février 2024 à 04:52

La suppression du droit du sol à Mayotte constitue une régression historique et un tremplin pour l’extrême-droite. Ce dimanche 11 février, Gérald Darmanin en visite à Mayotte a annoncé une future réforme constitutionnelle afin de supprimer le droit du sol sur le territoire. Cela constitue un recul sans précédent en matière de protection des droits humains et marque un tournant dangereux dans l’histoire politique française en remettant en cause le principe constitutionnel d’une République “une et indivisible” (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)

En s’attaquant au “droit du sol”, Emmanuel Macron s’en prend à un principe qui fonde en France le droit de la nationalité depuis 1889. Certes, la crise en cours à Mayotte appelle nécessairement des réponses fortes, des mesures ambitieuses et des moyens conséquents à débloquer de la part de l’État.

Pour autant, les mesures annoncées à travers la construction d’un “rideau de fer” en mer et la suppression du droit du sol n’apporteront aucune solution pérenne à la population mahoraise.

L’histoire française et l’histoire réunionnaise sont le résultat de processus massifs d’immigration. Le nombre de grands sportifs, artistes, personnalités publiques issues de l’immigration n’est plus à démontrer.

En remettant en cause le principe du droit du sol, Emmanuel Macron entend construire une nouvelle nation au sein de laquelle il n’aurait pas été possible à un sportif comme Zinedine Zidane d’évoluer en équipe de France.

Le ras-le-bol qui s’exprime actuellement de la part de la population mahoraise est légitime car sa population subit des situations d’insécurité et d’injustice fortes.

La population constate que l’ensemble des promesses formulées lors de la départementalisation du territoire en 2011 sont loin d’être accomplies. Parmi ces promesses figuraient notamment la nécessité d'accroître les aides aux développements pour les pays voisins.

La stabilisation de la situation à Mayotte et le développement de l'île doivent être pensés avec ceux de la zone.

En effet, l’union des Comores fait partie des pays les plus pauvres au monde et voit naturellement une partie importante de sa population émigrer vers les territoires français.

C’est l’ensemble de ces raisons qui ont amené à une dégradation progressive de la situation à Mayotte.

Sans une réflexion et une approche globale, les problèmes structurels demeureront dans cette zone et les populations en seront les premières victimes.

Après avoir mené une campagne en se présentant comme le “rempart” face à l’extrême-droite, le Président de la République trace aujourd’hui un sillon extrêmement dangereux pour faciliter l’accession au pouvoir du Rassemblement National.

Pour l’historien Patrick Weil : "Faire un droit différencié – dans une partie du territoire donnée – en matière de nationalité, c’est tout à fait exceptionnel en République, régime fondé sur l’égalité des citoyens et l’unité du territoire. Mayotte a un statut de département, c’est une rupture très importante que de lui appliquer un statut différent".

L’unanimité exprimée à droite et à l’extrême-droite en réaction à cette mesure est une raison supplémentaire qui démontre à quel point les idées du Rassemblement National, après avoir phagocyté le débat public sont désormais directement mises en oeuvre.

Pour le PLR, il s’agit là d’un tournant qui doit nous alerter et conduire à un sursaut démocratique pour s’opposer à l’extrême-droite et oeuvrer en faveur d’un développement harmonieux des territoires d’Outre-mer et de sa population.

Pour La Réunion

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