Tribune libre de l'Union des Femmes Réunionnaises

Un scandale de plus

  • Publié le 4 mai 2020 à 15:44

En janvier 2020, à la veille de l'entrée de la France dans la crise sanitaire du COVID-19, le rapport d'Oxfam indique que les inégalités femmes-hommes perdurent. Les femmes représentent 82% des emplois à temps partiel, 70% des travailleurs pauvres et 85% des chefs de familles monoparentales. Le rapport montre que les femmes assurent plus des trois-quarts du travail domestique non rémunéré et comptent pour 2/3 des travailleurs dans le secteur du soin.

Depuis, la situation s'est aggravée. Aujourd'hui, tous les secteurs économiques sont touchés par une crise profonde. Tous en craignent les répercussions en terme de pertes de salaire, et d'emploi. Au cours des dernières semaines, on voit augmenter la précarité et la misère. Le nombre de bénéficiaires de colis alimentaires ne cesse de croître. Les femmes subissent largement les effets de cette crise.

Dès les premiers jours, la crise sanitaire a révélé que les femmes étaient nombreuses à occuper les professions qui interviennent en première ligne pour gérer cette pandémie. La gestion de cette crise a souligné des carences et des erreurs de la part de la puissance publique. Les conditions de travail et le niveau d'équipement des personnels de santé ont fait réagir de nombreux citoyens.

La question des masques s'est posée tout au long de cette crise pour tous, travailleurs, usagers, patients... La gestion des stocks de masques, leur répartition, la discussion sur les critères d'attribution de ces équipements, leur distribution ont bien montré que nous n'étions pas préparés à cette pandémie.

Nous saluons la solidarité et la capacité d'innovation de tous ceux qui se sont mobilisés pour apporter des réponses ou des alternatives aux manques constatés. La population a largement répondu aux appels aux dons et au bénévolat.

Aujourd'hui, après les erreurs et les contrevérités, la production de masques repose en grande partie sur cette mobilisation citoyenne. Dans le contexte de crise économique et sociale dans lequel nous plonge cette pandémie, et sachant que le SMIC horaire est actuellement de 10,15 euros, il est indécent de ne proposer que 5,34 euros de l'heure aux couturières qui confectionnent les masques nécessaires à notre protection. L'Union des Femmes Réunionnaises soutient les couturières professionnelles qui expriment leur colère dans le collectif " Bas les masques ! ".

Nous nous joignons à elles pour dénoncer ce travail gratuit en tant que " participation à l'effort de guerre ", pour pallier les manquements de la puissance publique. L'enjeu sanitaire ne peut pas servir de prétexte pour dévaluer le savoir- faire et la compétence des couturières. L'équipement en masques pour l'ensemble de la population ne peut pas reposer sur le bénévolat de ces femmes. Nous réclamons la reconnaissance du travail qu'elles forunissent ainsi qu'une juste rémunération.

Nou travay pa po la po patat !

L’Union des Femmes Réunionnaises

guest
2 Commentaires
Sapoties
Sapoties
5 ans

Si elles sont rémunérées, alors ce n'est plus du bénévolat. Et, si ce n'est pas du bénévolat, alors c'est à elles de fixer leur prix.Elles ne sont pas forcées, si??

CAJAOP
CAJAOP
5 ans

Les femmes représentent 50% de l'électorat. Logiquement elles ont le pouvoir de voter pour des féministes. Or ce n'est apparemment pas ce qui se passe. Il y a là une interrogation à se poser.