Événement dans le monde musical réunionnais, "Banjara", le nouvel album de Ziskakan sera dans les bacs avant le vendredi 28 octobre 2006. Il y avait 5 ans que le public attendait cette sortie - le dernier album "Rimayer" remonte à 2001. Le mardi 29 août dernier, Imaz Press Réunion avait rencontré Gilbert Pounia, leader du groupe, et deux de ses musiciens dans son studio d'enregistrement à la Plaine des Palmistes. L'artiste avait parlé à c?ur ouvert de "Banjara", somme de multiples rencontres à travers le monde. Nous vous proposons de revoir ce reportage en images et en texte
Le fond de l'air est franchement frais et une petite fine pluie achève de donner son ton hivernal à la Plaine des Palmistes. Le calme et la chaleur de la case au bout du village accueillent le visiteur en début de matinée. Assis à une grande table, Gilbert Pounia, leader charismatique de Ziskakan, et deux de ses musiciens, Mishko M'ba et Pascal Manglou, savourent l'instant. Le moment d'après, ils entrent en studio, derrière la maison, pour peaufiner un accord ou un passage musical. Ils travaillent face aux murs chargés de photographies et de gravures. Souvenirs de vie d'artiste et de rencontres dont la somme est en train de donner vie à Banjara, le futur album et 10ème de ZiskakanAu fil des voyages
Car c'est bien ces rencontres, ou du moins d'une partie d'entre elles, qui sont le fil conducteur de l'opus en préparation. "Les textes de l'album sont nés au fil des voyages. Banjara commence à Goa (ville du sud-ouest de l'Inde - ndlr) et se termine dans le Rajasthan (état du nord de l'Inde - ndlr) en passant par plusieurs autres lieux un peu partout dans le monde" explique Gilbert Pounia. D'ailleurs le titre de l'album porte en lui cette recherche de l'autre aux travers des rencontres et des voyages. Banjara est le nom d'un peuple nomade indien à qui le Mahatma Gandhi a donné une terre dans la région de Karnataka (sud de l'Inde).
Dans le silence feutré du studio Pascal Manglou lance la bande de "Manzèl minuit". "Nous étions en tournée à Maurice. Un soir dans un restaurant, une jeune fille est venue à notre table. Nous avons beaucoup discuté. En revenant à l'hôtel j'ai tout de suite écrit ce texte" se souvient Gilbert Pounia.Il parle ensuite de ce morceau inspiré par sa visite à la grande mosquée de New Delhi "là où repose le prince des Soufis (adeptes du soufisme, une doctrine ésotérique de l'islam - ndlr)" note l'artiste. "J'ai vraiment été très inspiré le lieu. Sans doute parce que, comme le Créole, la poésie Soufi utilise beaucoup les images pour parler de la vie courante. Je le fais aussi beaucoup dans mes textes, car je crois en la force des images pour faire ressentir des émotions" remarque le musicien.
Très féminin ou féministe
Il a écrit 7 des 13 morceaux de l'opus, 5 sont de Bernard Payet (fondateur de Ziskakan avec Alain Armand et Gilbert Pounia) et une chanson est signée par Serge Ulentin. Cet ancien footballeur "a écrit un texte très fort, très imagés sur la douleur et la souffrance des femmes battues" indique Gilbert Pounia. Il ajoute à ce propos, "le ton général de l'album est très féminin, à moins que ce ne soit féministe. Quoi qu'il en soit, il rend hommage aux femmes".
Mishko M'ba, le bassiste de Ziskakan, s'affaire devant les ordinateurs d'enregistrement. Il semble satisfait de ce qu'il entend. Sa présence, maintenant vieille de plusieurs années, dans le groupe est elle aussi le résultat d'une rencontre. Le musicien est originaire du Sénégal et il est désormais l'un des piliers de la formation musicale. "On s'enrichit forcément à chaque rencontre" commente encore Gilbert Pounia avant de citer ceux qui l'ont "inspiré et aidé" pour Banjara.
Dans les bacs le 11 octobre
Il y a, notamment, Imed Alibi, "un jeune Tunisien qui chante avec les Boukakes (ce groupe était présent au dernier Sakifo - ndlr). Nous avons enregistré un morceau ensemble". Il y a également eu le musicien turc Max Greze et son luth, Saïd Taha, un chirurgien exerçant à La Réunion, et joueur de luth "nous avons fait deux morceaux ensemble". Il a y encore Sophie, une jeune femme Marocaine "à la voix superbe", le flûtiste Nicolas Coyet, Luc Souvet et ses chants diphoniques. "J'ai eu envie d'inclure ce style musical après avoir rencontré des artistes Mongols il y a deux ans" raconte Gilbert Pounia
Les premiers grands concerts de présentation sont prévus les 26 et 27 octobre au théâtre de Saint-Gilles.
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