Kabardock au Port

La danse de la liberté

  • Publié le 20 mars 2005 à 00:00

Ils étaient beaux à voir ces corps à corps, mêlant les gestes de danseurs valides à ceux de danseurs non valides. Un spectacle fondé sur la danse intégrée d'Adam Benjamin et que ses stagiaires ont présenté avec beaucoup de fierté ce vendredi 18 mars 2005 au Kabardock.

" Moi je veux... " Trois petits mots prononcés avec une touchante confiance par Jérôme, qui veut " danser ". Dans cette salle de danse du Kabardock, ce jeune homme assis sur son fauteuil roulant n'est pas qu'un handicapé moteur. Jérôme est ici un être libre de ses gestes et de ses choix. Chaque danse est un voyage. Il s'y plonge seul, ou accompagné ou parfois les deux. Ses petits gestes sont simples, mais bouleversants de fragilité.

Danse intégrée

Cette sérénité, d'autres jeunes l'ont également acquise grâce à Adam Benjamin, l'un des fondateurs internationalement reconnu de la danse dite "intégrée" et de la CandoCo Dance Company. Ce dernier anime depuis deux semaines, des ateliers intégrant des personnes en situation de handicap et des non handicapés à l'initiative de la compagnie Danses en L'R.
Eric Languet, directeur de cette compagnie raconte avec émotion qu'en 2000, il a rencontré un danseur handicapé, né sans une jambe. " Cela m'avait bouleversé humainement et artistiquement. J'ai ensuite beaucoup réfléchi sur la question de la normalité. Puis, il y a eu ma rencontre avec Adam et j'ai décidé de l'inviter justement pour approfondir cette idée de normalité et d'anormalité ".

Recréer des liens humains

Ce stage de danse avait ainsi pour objectif d'utiliser la danse intégrée comme un moyen de développer la communication et d'utiliser le potentiel créatif à la fois des handicapés et des non handicapés. " La danse est liée à la vie. Pendant trop longtemps, on a aliéné les personnes handicapées. On ne voulait ni les voir et encore moins les toucher, explique Adam Banjamin. A travers la danse, on recrée des liens essentiellement humains. Les stagiaires apprennent à exécuter des mouvements naturels du corps ". Chaque danse est ainsi un cheminement individuel. Le danseur choisit son espace, bouge à son rythme car la musique est avant tout un assemblage de sons plutôt qu'une mélodie rythmée. C'est avant tout la musique de l'espace. Il est maître de ses choix.


Une forme de liberté

En une semaine, les rapports entre les stagiaires ont évolué. Certains parents ne regardent plus de la même manière leur enfant handicapé. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux , à l'instar de Marie-Hélène, se sont inscrits à ce stage et en tirent " un contact humain formidable ".
La danse, telle que la pratique Adam, a ouvert à leurs enfants les portes d'un monde inconnu, celui de l'autonomie et quelque part aussi, celui d'une certaine liberté...
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