En concert ce week-end au TÉAT Plein Air

Maya Kamaty et Flavia Coelho, deux tantines do fé et des étincelles sous les étoiles

  • Publié le 29 mars 2024 à 06:49
  • Actualisé le 29 mars 2024 à 10:30

Elles se connaissent bien et ont déjà uni avec bonheur leur débordante énergie par le passé. Maya Kamaty et Flavia Coelho se partagent la scène du TÉAT Plein Air ce week-end, pour un métissage musical, une véritable expérience vibrante et colorée à l’occasion de la sortie de leurs albums respectifs, "Sovaz" pour l’une le 5 avril et "Ginga" pour l’autre, le 31 mai et dont ce sera le 5e opus. Interview croisée (photo V.W).

À quoi doit-on s’attendre ce week-end, à deux concerts bien distincts ou à un mélange de vous deux ?

Flavia Coelho : Ce sera ce qu’on appelle un co-plateau avec deux artistes dans la même soirée. On ne fait pas d’ouverture, de première partie, de deuxième partie. On va dire que ce sont juste deux artistes pour le prix d’une et j’ai cette chance que Maya m’invite à partager la scène du Téat Saint-Gilles avec elle. On présentera les nouvelles chansons de nos albums respectifs.

Maya Kamaty : En fait, Flavia n’a jamais joué au TPA sous son nom propre et ça fait un moment que je lui parle de ce projet. On a pu le goupiller avec la sortie de nos albums. Jusqu’à présent, on avait fait des featurings ensemble comme au Kerveguen, et là on a enfin pu faire correspondre nos agendas pour monter ce projet qui sera un vrai spectacle pour le corps.

Racontez-nous votre première rencontre musicale et ce qui a fait que vous ayez accroché toutes les deux.

Maya Kamaty : J’ai fait sa vraie première partie guitare-voix au Nouveau Casino, à Paris, il y a une dizaine d’années et j’étais vraiment surprise de découvrir une femme tellement souriante, avenante et bienveillante parce que c’était mes vrais débuts sur scène et j’étais facilement impressionnable voire même naïve. Pour avoir fait des premières d’autres artistes, là c’était complètement différent. Et très vite, ça s’est transformé en amitié durable.

Flavia Coelho : J’avais déjà écouté la musique de Maya quand j’étais venue à La Réunion pour mon premier album en 2012 et elle était déjà connue, on me l’avait vivement recommandée, et on avait aussi des connaissances en commun. On a été amené à se croiser plusieurs fois et je suis très vite tombée amoureuse de son travail, de sa créativité. C’était aussi une époque où on parlait beaucoup de La Réunion, de la musique, avec ce point commun d’être deux nanas à peu près du même âge, elle venant de La Réunion, moi du Brésil avec une histoire commune et des envies de faire de la musique et des disques. Je donne toujours priorité à faire de la musique avec des gens sympas.

Comme définiriez-vous vos styles musicaux respectifs ?

Maya Kamaty : Pour ma part, il y a eu une évolution, la musique que je faisais quand on s’est rencontrées n’est pas la même qu’aujourd’hui. La vie qui s’écoule, l’expérience de la scène, les studios, énormément de rencontres, un corps qui change, une femme qui évolue dans ce milieu, des influences différentes. Et puis surtout, je ne veux pas me limiter à un style, juste me faire une place en tant que femme, ne pas faire du commercial parce que c’est ce qu’on attend de moi. Je fais de la musique pour la partager, et c’est à chaque fois un challenge.

Flavia Coelho : il faut savoir faire preuve d’ouverture d’esprit pour proposer à chaque fois des choses différentes. Ça fait partie de mon métissage et j’ai toujours fait la musique que je voulais sans jamais me mettre de barrières, juste faire ce que j’aime et ça marche ! Plus de 50 featurings avec plein d’artistes dont Bernard Lavilliers récemment. Le plus important c’est de faire ce qui nous plaît car c’est que comme ça que le le public nous suit, car lui, n’est pas dupe. Quand on propose du commercial, ça sonne faux ! Il faut être en accord avec soi-même.

Flavia, si tu regardes dans le rétro, quel regard portes-tu sur l’évolution de ton parcours ?

Je regarde toujours dans le rétro (rire) : que des impasses, des chemins caillouteux, mais je suis tellement heureuse de pouvoir vivre de ma passion. Quand on veut vraiment quelque chose, on s’en donne les moyens même si on sait que le chemin sera semé d’embûches. D’ailleurs dans mon dernier album que j’ai commencé à écrire ici, je parle de résilience, de transcendance, de surmonter la douleur, les défis…

Tout est parti d’une phrase que j’ai entendu et qui dit ceci : "On vit nos 20 premières années et les 20 suivantes à essayer de comprendre les 20 premières " J’ai dû surmonter pas mal de douleurs dans ma vie et ce qui me donne la niaque c’est de me dire que tout est possible. J’essaie de donner un peu de bienveillance, de force, de répit dans un monde de fous.

Même chose pour toi Maya, et peux-tu nous parler de « Sovaz » qui sort en édition De Luxe, en vinyle, CD et digital ?

Avec le recul, ce métier m’a rendue plus insolente qu’au début. Mwin lé sovaz, koi ou veu mi di (rires). Je me suis rendue compte qu’en étant trop gentille et sage, je gardais cet air Bisounours et naïf des débuts et c’est aussi pour ça que ma musique a évolué. Quant à l’album, il a mis quasiment deux ans à sortir en physique pour des questions d’agenda notamment et puis aussi parce que j’avais envie de rajouter des morceaux supplémentaires.

"Sovaz" c’est avant tout le contrepied de l’exotisme et au-delà, le fait de se réapproprier des termes comme ensauvagement, barbare par exemple et surtout sortir de ce cantonnement de world-music dans lequel on veut constamment nous cantonner. En gros, casser les clichés et stéréotypes. Officiellement, il sort le 5 avril mais sera disponible à la vente ce week-end en marge des deux concerts.

Quid de la représentativité auprès de vos fans femmes ?

Maya Kamaty : Ce sont des chansons très personnelles issues de mon vécu. C’est la première fois que des femmes me disent merci pour porter la voie de la femme créole ici et ailleurs qu’à La Réunion. Et avec « Meute », il y a plein de choses en construction.

Flavia Coelho : Je parle certes de mon vécu mais pas que. Quand je vois toutes ces personnes, femmes ou hommes, qui naissent et grandissent dans des pays comme le Brésil, ou dans des quartiers difficiles, la résilience est pour moi la seule manière de vivre. La femme est puissante, et transcender la douleur est tellement féminin pour pouvoir avancer !

Maya Kamaty et Flavia Coelho au TPA vendredi 29 mars et samedi 30 mars à 20h

vw/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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