On la compare souvent à Jaïn et elle sera à l’affiche du prochain Sakifo. Sibu Manaï, de son vrai nom Justine Mauvin, explore les mélodies et les thèmes de la soul et du maloya et définit son projet musical comme « une terre de rencontre entre son île et le reste du monde ». Du surf à la musique, rencontre avec une jeune pépite au talent plus que prometteur (Photos Maxans).
Un premier EP en 2020 sous le nom de Sibu Manaï, "Vavanguer", puis un second en mai 2022, nommé "Zèl maron" et édité par le label français Ipanema Music.
Ton identité sonore est une terre de rencontres, un mix entre pop-soul, électro-funk et musique réunionnaise, tu confirmes ?
Tout à fait. Un lieu où l'on rencontre à la fois d'autres mélanges de sonorités, d'histoires, de temporalité, mais aussi où l'on se permet de se rencontrer soi-même, de s'observer sans jugement. Ma musique est une terre de rencontre et elle est l'expérience de cette rencontre.
À l’affiche du prochain Sakifo, une consécration ?
Je suis en effet très heureuse de pouvoir m'exprimer sur le festival du Sakifo, là où d'autres grands artistes l'ont fait, sur notre île. J'ai vraiment envie de vivre pleinement cette expérience et je souhaite orienter mon concert dans ce sens. Proposer aux gens pas seulement une consommation express et intense de musique (comme c'est beaucoup le cas dans les festivals), mais aussi un vrai moment de partage, ancré dans l'expérience présente.
Avec un de tes titres-phares On my Way, considères-tu que tu surfes sur la way of success ?
Je ne considère pas de way of success. Je suis simplement le cours des choses, de mes envies, et c'est déjà assez intense comme programme. Je ne fais pas ce métier pour le succès sinon j'aurai choisi un autre moyen d'y arriver. Ma quête est dans la transmission de message. Cette mission est lente et progressive.
Ton parti pris : ne jamais perdre le fil rouge réunionnais (Alain Péters, Lindigo,…) qui te guide pour produire une musique métissée et des sons limpides, à l’image d’une vague qui déferle avec cette notion de toucher l’instant… Ça ne s’invente pas quand on est surfeuse…
L'océan a été une grande école pour moi. Évoluer dans le milieu naturel aquatique a été porteur d'apprentissages que j'ai pu appliquer dans ma vie de tous les jours. En ça la nature est fantastique. Le fil rouge réunionnais, ma racine-mère, m'habite comme une amie bienveillante. Je la mettrai toujours à l'honneur.
Ton vrai nom est Justine Mauvin mais tu as choisi comme nom de scène « Sibu Manaï » qui signifie en langue Mentawaï « Chéris la fleur qui est en toi »… Pourquoi ?
J'ai été baptisée par la tribu des Hommes-Fleur "Sibumanaï". Qui mot-à-mot signifie "chérir la fleur". Lorsqu'on m'a donné ce nom, il était évident pour moi de devoir transmettre cette notion de soin, d'écoute profonde, à travers mes chansons. Je trouve que ces valeurs ont disparu de nos rapports quotidiens, elles peuvent pourtant être très salvatrices. Un nom d'artiste peut refléter quelque chose d'encore plus grand que l'artiste. Ce nom n'entre pas dans une forme, un corps. Il est intrinsèquement lié à nous tous.
Quel regard portes-tu sur la nouvelle génération d’artistes qui comme toi s’impose de plus en plus sur la scène musicale locale et nationale ?
Quel plaisir de les voir évoluer ainsi et s'affirmer librement. La Réunion porte en elle des artiste-pépites qui méritent de porter haut nos couleurs et d'être entendus. Cet élan participe au rayonnement culturel de la Réunion, patrimoine douloureux et encore méconnu, c'est important de le mettre en lumière et le porter dans son sac sur les scènes nationales et internationales.
Et en tant que surfeuse, ton regard sur la pratique de la discipline à La Réunion depuis la crise requin ?
Chacun fait ce qu'il veut, dans le respect de l'environnement dans lequel il évolue.
3e mondiale, vice-championne d’Europe et 2 fois championne de France… Tu affiches un beau palmarès. Surfes-tu toujours ici ou ailleurs ?
Je n'ai plus le temps de surfer, ni à la Réunion ni ailleurs. Les sessions se font rares mais elles sont toujours joyeuses. La pratique ne me manque pas, je trouve mon équilibre dans mon rapport à l'élément plus que dans le sport en lui-même.
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Kossa ou préfèr ?
Une chanson emblématique de La Réunion : Tantine zaza - Françoise Guimbert
Une expression créole : pa capab lé mor san esayé
Ton spot préféré à La Réunion : la gauche de Saint-Leu
Ton spot préféré dans le monde : Papouasie Nouvelle-Guinée
Les Hauts ou les Bas : Les Hauts
Un fruit : Pitaya
Un plat : cari baton mouroum
Un légume : Tijak
Un quartier : Tour des Roches St Paul
Une couleur : Bleu
Partir ou revenir : Revenir
Passé ou présent : Présent
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Article très inspirant pour une belle artiste que nous irons écouté et réécouté . Tien bon larg pa🌺🌺