Le ministre des Outre-mer Victorin Lurel a pu le constater ce samedi 4 janvier 2014 : le passage du cyclone Bejisa à La Réunion a fait de nombreux dégâts, humains, sociaux et économiques. Mais il pourrait également faire quelques dommages politiques... À un peu plus de trois mois des élections municipales - les 23 et 30 mars -, les maires se retrouvent en effet en première ligne dans la gestion de cette crise. Interpellés par une population fortement impactée par les coupures d'eau et d'électricité, critiqués par des opposants opportunistes, les édiles réunionnais candidats à un nouveau mandat laisseront-ils des plumes dans le sillage du cyclone ?
"Ceux qui parlent, ils ont fait quoi ?" La députée-maire de Saint-Paul Huguette Bello a du mal à digérer que certains de ses adversaires mettent en cause la gestion de la municipalité dans l’épisode Bejisa. "Moi, je fais mon travail. Il y a beaucoup de dégâts, je m’occupe de ce que j’ai à faire avec les Saint-Paulois. Je ne fais pas de commentaire sur les commentaires...", ajoute-t-elle.
Toutefois, elle n’ignore pas que des voix discordantes s’élèvent déjà pour s’engouffrer dans la brèche Bejisa et viser la mairie. "Ceux qui parlent, pendant 50 ans ils n’ont rien fait, ils n’ont pas construit de logements. Nous, on aménage, on a fait tout ce qu’il fallait pour garantir la sécurité des Saint-Paulois, tout ce qu’ils n’ont pas fait car ils passaient plus de temps au tribunal..."
Le ton est donné : le passage de Bejisa et la gestion des dégâts risquent bien de devenir des arguments de campagne à l’approche des élections municipales. Dès le premier choc passé, le débat politicien eut ainsi tôt fait de reprendre ses droits, à l’image du parti communiste réunionnais, publiant un communiqué dès le vendredi 2 janvier pour fustiger "les responsables politiques qui sont atteints de myopie en voulant absolument nous enfermer dans des normes étrangères à notre environnement climatique".
C’est dans le même esprit qu’est intervenu ce lundi 6 janvier Paul Vergès, pointant "la responsabilité des élus locaux présents et à venir" dans le "manque d’adaptation face au réchauffement climatique". Il poursuivait : "Je vois des élus qui s’étonnent, mais ce n’est pas la première fois que ça arrive. Les leçons du passé qui rendaient urgentes des initiatives n’ont pas été retenues."
D’ailleurs, selon le sénateur communiste, le passage de Bejisa "va rendre concrètes les positions des uns et des autres" avant les élections municipales. "Chacun est au pied du mur", souligne-t-il, précisant : "Du côté des maires en place, ils ne peuvent pas dire votez pour moi et ne rien faire. Quant aux opposants, ils ne peuvent pas dire je suis le meilleur candidat et n’avoir aucun projet."
Surfer sur la vague...
Alors le cyclone Bejisa deviendra-t-il une épine dans le pied des maires, obligés de gérer des situations dont ils ne maîtrisent pas tous les tenants et aboutissants, ou leur profitera-t-il, la population ayant parfois tendance à se rassembler derrière le capitaine du navire dans la tempête ?
Candidat d’opposition à la mairie de La Possession, Jean-Yves Morel ne souhaite pas "utiliser un drame pour l’exploiter électoralement et politiquement". Mais il ajoute : "Je m’interroge quand même, par rapport à la proximité des échéances électorales, sur le fait qu’un élu ait été constamment présent sur chaque centre d’hébergement, ce qui n’était pas du tout le cas l’année dernière. Si c’est stratégique, je trouve ça déplorable."
Si le candidat possessionnais de l’union UMP-UDI-Objectif Réunion assure que "ce n’est pas ma philosophie d’utiliser le malheur des gens", tous n’ont pas les mêmes scrupules et tentent de surfer sur les vagues ravageuses de Bejisa. Ainsi, au Tampon, la question de l’eau tourne à la polémique entre le maire Paulet Payet et le député PS Jean-Jacques Vlody, candidat à la mairie, le premier ayant diffusé à la presse ce lundi une diatribe contre le second, qui est aussi président de la Saphir (Société d'aménagement de périmètres hydroagricoles de l'île de La Réunion), l’accusant "d’immobilisme" et de "se répandre en rumeurs sur les réseaux sociaux" plutôt que "d’assumer ses responsabilités".
Ce n’est là qu’un des exemples de passes d’armes qui ne manqueront pas de survenir dans les prochains jours. Mais s’il a bouleversé bon nombre de foyers réunionnais, le météore Bejisa modifiera-t-il pour autant la donne dans la perspective des élections municipales ?
Pour Paul Vergès, la seule certitude est que "ce cyclone a inauguré dès le 1er janvier le fait que 2014 sera pire que 2013 à tous les plans : chômage, hausse des prix..." En ce sens, les conséquences sociales et économiques du passage de Bejisa ne manqueront pas d’avoir des répercussions politiques, qui pourraient se retrouver dans les urnes dans quelques mois.
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