Une enquête de l'Insee

Commerce : les pôles de centre-ville très présents, les pôles de périphérie se développent

  • Publié le 10 décembre 2021 à 09:45
  • Actualisé le 10 décembre 2021 à 09:51

Le paysage commercial continue de se transformer à La Réunion et ressemble de plus en plus à celui de la France métropolitaine, avec l'implantation de pôles commerçants en périphérie des villes. "Mais les pôles commerçants de centre-ville sont encore très présents à La Réunion : ils regroupent encore quatre emplois du commerce de proximité sur dix fin 2015, contre moins de trois sur dix dans les agglomérations de l'Hexagone de taille semblable" précise l'Insee dans u communiqué publié ce vendredi 10 décembre 2021. De plus, l'emploi salarié y augmente légèrement entre 2009 et 2015, alors qu'il se rétracte ailleurs. En particulier, l'emploi dans les pôles de centre-ville reste prépondérant dans les microrégions Nord et Sud. Nous publions ci-dessous le communiqué d 'insitut de la staitstiques

À La Réunion comme ailleurs en France, les zones commerciales se développent à l’extérieur du cœur des villes, à proximité des grands axes routiers. Ce phénomène résulte de l’étalement urbain, conjugué à l’accroissement de l’équipement automobile des ménages et au manque de surface commerciale suffisamment grande en centre-ville. Le commerce de proximité, qui répond aux besoins de consommation de la vie courante, n’échappe pas à cette évolution. À cela s’ajoute l’émergence de nouvelles formes de commerces (livraison à domicile et commerce en ligne).

De plus, à La Réunion, l’offre commerciale se diversifie en termes de taille des magasins ou d’activités proposées, sous l’effet notamment d’une convergence progressive du pouvoir d’achat des consommateurs sur celui de la métropole. Tous ces bouleversements dans le paysage commercial ne sont pas sans conséquences, notamment sur les pôles commerçants des centres-villes et leur dynamique par rapport à ceux situés en périphérie des agglomérations.

, dont 10 % d’indépendants, situés dans 7 700 points de vente. Ces commerces du quotidien tels que les grandes surfaces alimentaires (hypermarchés ou supermarchés), les restaurants, les boulangeries, les boutiques de vêtements ou les agences bancaires concentrent 15 % de l’emploi salarié marchand de la région. Parmi ces emplois, deux sur trois s’insèrent au sein d’un pôle commerçant, qu’il s’agisse d’un regroupement de petits commerces proche d’un centre-ville ou de plus grands magasins au sein de zones commerciales, en périphérie des agglomérations. Ainsi, 14 800 emplois se situent dans l’un des 31 pôles de centre-ville et 11 000 dans l’un des 42 pôles de périphérie. Les 12 800 autres emplois sont plus dispersés sur le territoire, parfois localisés dans des zones moins densément peuplées.

Très dynamique, l’emploi dans le commerce de proximité est porté par la forte croissance des pôles de périphérie, surtout dans l’Ouest où sont créées plusieurs grandes zones commerciales autour d’hypermarchés. En revanche, l’emploi dans les pôles commerçants est stable au Nord, tant dans ceux de centre-ville que de périphérie. Comme en métropole, les pôles de périphérie à La Réunion sont davantage spécialisés dans l’alimentaire et l’équipement de la maison, tandis que ceux de centre-ville le sont dans l’équipement de la personne et la restauration.

• Les pôles de centre-ville ont encore un poids important à La Réunion

Comme en France métropolitaine, les pôles de centre-ville regroupent quatre emplois sur dix du commerce de proximité à La Réunion et ceux de périphérie, trois sur dix. Cependant, dans l’Hexagone, les dynamiques commerciales sont très différentes selon les agglomérations.

Ainsi, dans les grandes métropoles, les pôles de centre-ville prospèrent tandis que dans de nombreuses agglomérations de plus petite taille, les commerces sont désertés ou ferment. Aussi, afin de mieux appréhender la situation à La Réunion, un référentiel de comparaison est construit. Il repose sur un ensemble d’aires urbaines métropolitaines de taille intermédiaire (entre 50 000 et 200 000 habitants), dont la structure et la taille sont proches de celles des microrégions de La Réunion. Dans la suite de l’étude, les comparaisons sont effectuées par rapport à ce référentiel.

La situation des commerces des pôles de centre-ville est moins dégradée à La Réunion que dans ceux du référentiel. En effet, dans ces territoires, moins de trois emplois sur dix du commerce de proximité se situent dans les pôles de centre-ville.

• Équipement de la personne en centre-ville, alimentation en périphérie

À La Réunion comme dans les aires urbaines de taille intermédiaire de l’Hexagone, trois secteurs sont très présents dans les pôles de centre-ville : l’équipement de la personne (habillement, chaussures, pharmacies, etc.), la restauration et l’alimentation. Ces secteurs concentrent ainsi six emplois sur dix du commerce de proximité. Toutefois, les emplois de la restauration y sont relativement moins nombreux à La Réunion (18 % contre 22 % des emplois des pôles de centre-ville de métropole).

Par ailleurs, La Réunion est davantage pourvue en emplois des commerces et services automobiles dans ses pôles de centre-ville et également, dans une moindre mesure, en équipement de la maison. L’implantation en centre-ville de commerces et services automobiles tels que les stations-services reste importante à La Réunion. Et la main-d’œuvre est nettement plus élevée dans les stations-services à La Réunion qu’en métropole : elles offrent davantage de services de proximité (restauration rapide, boulangerie, etc.) et la distribution de carburant reste assurée par des employés et non par les automobilistes eux-mêmes [Grangé, 2020].

À l’inverse, les agences bancaires et immobilières sont deux fois moins présentes dans les pôles de centre-ville de La Réunion que dans ceux du référentiel hexagonal.

Dans les pôles de périphérie, les commerces emploient nettement plus de personnes que ceux de centre-ville (11,4 emplois par commerce contre 4,3), car leurs surfaces sont plus importantes. La répartition par secteur des commerces de périphérie est très similaire au niveau national, le commerce alimentaire regroupant la part la plus importante des emplois (36 %).

En effet, 12 des 16 hypermarchés de l’île en 2015 sont implantés dans un pôle de périphérie et exercent ainsi une attraction importante sur les consommateurs, en complément de supermarchés localisés dans d’autres pôles. L’équipement de la maison est également fortement ancré en périphérie (19 % des emplois). Ces commerces nécessitent de grands espaces, plus souvent disponibles en périphérie des zones urbaines denses, afin d’y exposer par exemple des meubles. C’est également le cas des commerces et services automobiles, notamment les concessionnaires qui ont besoin de vastes surfaces commerciales pour exposer et entreposer les véhicules.

Les secteurs du commerce de proximité les plus présents en dehors des pôles sont l’alimentaire (25 % de l’emploi), les commerces et services automobiles (19 %) et la restauration (17 %), comme dans le référentiel d’aires urbaines métropolitaines.

• Des emplois fortement ancrés dans les pôles de centre-ville du Nord et du Sud

Les microrégions du Nord, de l’Ouest et du Sud comprennent une vingtaine de pôles chacune, employant une dizaine de milliers de personnes. À l’Est, territoire le moins peuplé et qui connaît davantage de difficultés économiques, une dizaine de pôles regroupent 4 000 emplois. Les pôles de La Réunion se concentrent sur la bande littorale et dans les villes de plus de 30 000 habitants. Seuls font exception les pôles de centre-ville de Cilaos, de L’Entre-Deux, du Tampon et les quartiers de Saint-Gilles Les Hauts et Plateau-Caillou à Saint-Paul, ainsi que la Ravine des Cabris à Saint-Pierre.

Dans le Nord et le Sud, les pôles de centre-ville regroupent une part importante de l’emploi des services de proximité. Ainsi, 45 % de ces emplois dans le Nord sont localisés dans ses pôles de centre-villes, et 41 % dans le Sud. Dans chacune de ces microrégions, plus de 5 000 personnes travaillent dans un commerce de proximité d’un pôle de centre-ville, dont 3 000 au cœur de Saint-Denis et 2 000 au cœur de Saint-Pierre, qui sont les pôles de centre-ville les plus développés.

Au Nord, la part des emplois dans les pôles de périphérie est également élevée du fait notamment d‘une population plus proche des pôles qu’ailleurs sur le littoral. Ce n’est pas le cas dans le Sud : 35 % des emplois du commerce de proximité se trouvent en dehors des polarités, au plus proche des nombreux habitants des Hauts.

Dans l’Est et l’Ouest, l’emploi dans les pôles de centre-ville est moins élevé, tandis que les emplois situés en dehors des pôles sont relativement plus nombreux : quatre emplois sur dix se situent dans des commerces éloignés les uns des autres ou dans des zones où sont regroupés moins de 20 commerces. En effet, à l’Ouest, une part importante de la population vit dans les Hauts et à l’Est, la densité de la population est moindre qu’ailleurs.

• Davantage de restaurants dans les centres-villes de l’Ouest

Dans l’Ouest, le secteur de la restauration est le plus pourvoyeur d’emplois dans les pôles de centre-ville. Ce secteur est également très présent hors des pôles commerçants, à proximité des résidents habitant à mi-pente ou dans les Hauts. Les emplois dans les agences immobilières ou bancaires sont également bien représentés ; ils sont localisés dans des stations balnéaires ou au centre de Saint-Paul, où l’activité touristique est particulièrement développée et tire donc l’activité.

Dans les pôles de l’Est, un tiers des effectifs sont tournés vers l’équipement de la personne. En revanche, le nombre d’emplois est faible dans la restauration et dans les commerces et services automobiles. Le Nord, de même que le Sud à un degré moindre, offrent une plus large gamme d’activités au sein de leurs pôles de centre-ville. Le commerce de proximité y est moins spécialisé qu’ailleurs en termes d’activité, même si l’équipement de la personne prédomine.

Les secteurs d’activité des pôles de périphérie sont relativement semblables d’une microrégion à l’autre. L’alimentaire domine cependant à l’Est. Quant aux emplois des services de restauration, ils sont davantage présents au Nord.

• Forte croissance de l’emploi dans les pôles de périphérie, quasi-stabilité dans ceux de centre-ville

À La Réunion, l’emploi salarié dans le commerce de proximité est très dynamique : il progresse en moyenne de 1,5 % par an entre 2009 et 2015, contre seulement + 0,2 % dans les aires urbaines métropolitaines de taille intermédiaire. La croissance est la plus forte dans les pôles commerçants de périphérie : + 3,9 % en moyenne annuelle sur la période, soit deux fois plus que dans les villes de taille moyenne de l’Hexagone. L’emploi salarié en périphérie gagne ainsi du terrain au détriment du centre-ville.

L’offre des zones commerciales réunionnaises converge en effet vers celle de la métropole, avec notamment l’implantation progressive d’enseignes nationales du grand commerce spécialisé. De plus, entre 2015 et 2020, l’emploi en périphérie augmente encore avec la création de nouvelles zones commerciales en 2019 à Saint-Joseph et 2020 à Sainte-Marie.

Les pôles de centre-ville réunionnais continuent de créer des emplois salariés entre 2009 et 2015, mais faiblement (+ 0,6 % en moyenne par an). Dans l’Hexagone, sur la même période, les pôles commerçants de centre-ville perdent au contraire des emplois (- 1,4 %), traduisant une déprise du commerce de proximité des centres-villes.
 

C’est dans l’Ouest que les pôles de périphérie sont les plus dynamiques en termes de créations d’emplois entre 2009 et 2015 : + 9,7 % par an en moyenne, soit +1 250 emplois salariés. Pour autant, cela n’a pas totalement nui au développement des pôles de centre-ville, dont l’emploi salarié augmente de 1,7 % (.

Dans ces pôles de périphérie de l’Ouest, il s’agit principalement de créations d’emplois dans de nouvelles implantations, l’emploi diminuant dans les magasins pérennes entre 2009 et 2015. C’est l’alimentaire qui contribue le plus à cette croissance (+ 19 % en moyenne par an sur la période). Il est en effet stimulé par la création de zones commerciales : le Portail à Saint-Leu en 2014 et un hypermarché Jumbo Score à Savannah à Saint-Paul. Dans les pôles de centre-ville, seule l’installation de nouveaux magasins entre 2009 et 2015 induit des créations d’emplois.

En revanche, au Nord, l’emploi dans les pôles stagne entre 2009 et 2015, que ce soit en centre-ville ou en périphérie. Les quelques créations nettes d’emplois salariés dans de nouveaux magasins sont ainsi contrebalancées par des destructions d’emplois dans les magasins en activité. Le Nord reste néanmoins le mieux pourvu en commerces de proximité avec un plus grand nombre d’emplois salariés par habitant à la fois dans les pôles de centre-ville et de périphérie.

Cela pourrait s’expliquer par une offre appropriée aux besoins locaux, une difficulté à trouver du foncier disponible ou le fait que les groupes commerciaux souhaitant s’implanter en périphérie préfèrent se développer ailleurs sur l’île où le potentiel de développement paraît plus important.

Dans le Sud et l’Est, les évolutions se situent dans la moyenne régionale : l’emploi est stable dans les pôles de centre-ville tandis que dans les pôles de périphérie, il progresse de 3 % à 4 % en moyenne par an entre 2009 et 2015.

 

 

 

guest
1 Commentaires
Gg
Gg
2 ans

Bonjour Ne faisons pas les même bêtises qu'en métropole, la réunion a ses spécificités, trop de voitures , pas de cohérence de transport urbain, nous aurons bientôt des villes dortoir comme en métropole. Belle journée