Baisse de 2,7% du produit intérieur brut

La croissance en berne

  • Publié le 2 juillet 2010 à 12:00

"La Réunion a été durement touchée par la crise économique en 2009", c'est le constat dressé par les services ce l'Insee lors de la présentation de son 5ème "bilan économique" ce vendredi 2 juillet 2010. Comme au niveau mondial (-0,6%) et au niveau national (-2,6%), la croissance sur l'île chute de 2,7%. "C'est le recul le plus important depuis 1993", note Michel Brasset, représentant de l'Insee. Le Produit Intérieur Brut (PIB) de La Réunion s'établit à 14,4 milliards d'euros. Causes de cette baisse, "l'investissement s'écroule, les moteurs de l'activité des années passées connaissent des difficultés (BTP, service aux entreprises), l'emploi salarié marchand chute et le chômage s'envole, la hausse du revenu des ménages ralentit, le crédit se resserre, les importations et les exportations diminuent". Seule bonne nouvelle dans ce "tableau sombre", la consommation des ménages résiste.

Premier facteur de cette baisse de la croissance, l'investissement est en chute libre de 6,5% en 2009 (contre +4,6% en 2008 et +7,5% en 2007). La faute à la fin des chantiers comme la route des Tamarins, l'annulation d'un certain nombre de projets (hippodrome, Pôle Océan, Zénith) et à une crise de confiance des investisseurs dans la construction de logements. L'investissement des entreprises est également en baisse (-7,8%). Ce chiffre est boosté grâce à l'acquisition par Air Austral de deux avions gros-porteurs. Sans cette donnée, la baisse de l'investissement atteint 17,8%.

Les principaux secteurs d'activités touchés par la crise sont le BTP (-12%), l'industrie (-4%)et les services marchands (-2%). Le secteur non-marchand connaît une hausse légère (+2,3%) tandis que le secteur de l'agriculture enregistre une bonne progression (+7,7%) grâce à l'octroi de la prime bagasse.

Selon l'Insee, les banques n'étaient pas non plus à la fête puisqu'en 2009, elles ont enregistré un "fort ralentissement de l'activité", que ce soit en matière de collecte d'épargne, (-0,1%), le plus fort repli depuis 40 ans, ou en matière de crédits consentis (+1,9% en 2009 contre + 8,2% en 2008). Les banques enregistrent également une forte montée des risques avec une hausse des créances douteuses de 38% (contre +19,4% en 2008). Conséquence, le bilan agrégé des principales banques de l'île montre une perte d'1,7 millions d'euros, un chiffre modeste au regard des sommes collectées par ces établissements.

L'emploi marchand a également connu une forte baisse en 2009. Le nombre de chômeurs inscrits à Pôle Emploi en catégorie A a augmenté de 24%. Une hausse qui a commencé à la fin de l'année 2008 jusqu'au 3ème trimestre 2009. Les embauches ont ensuite repris timidement. La hausse du chômage coïncide avec la forte augmentation des prestations sociales (+9% contre +4% en 2008), surtout des allocations chômage (+32,2% contre +9,1% en 2008 et -5,3% en 2007). A noter que sur les 98 500 allocataires de minima sociaux recensés par la CAF, 65 600 bénéficient du RMI, un chiffre en baisse de 1,8%.

Selon les services de l'Insee, "il y a eu des signes avant-coureurs de la crise" si on analyse les chiffres de l'emploi par secteur d'activité. Le premier secteur qui a enregistré une baisse sensible des embauches est celui de l'intérim, dès le 4ème trimestre 2007. Puis les secteurs de la construction et du transport au 3ème trimestre 2008. Les secteurs de l'industrie, des services aux entreprises et du commerce ont suivi le mouvement au 1er trimestre 2009. Certains secteurs ont connu une reprise à la fin de l'année 2009, notamment le service aux entreprises, les transports, le commerce de détail et l'intérim.

Concernant le commerce extérieur, les chiffres de l'importation et de l'exportation sont en baisse en 2009, respectivement de 13,5% (sans compter les avions commandés par Air Austral) et de 3,5%.

Enfin, malgré une hausse ralentie du revenu des ménages en 2009 (+1,3% contre +2,4% en 2008), la consommation des ménages résiste malgré tout à cette spirale négative. Elle a augmenté de 1%. Cette consommation est soutenue par une inflation "très sage" de 0,5%, le taux le plus bas de ces 20 dernières années. En effet, la majeure partie des postes de consommation enregistre une hausse modérée par rapport à 2008, sauf l'énergie et en particulier les produits pétroliers qui ont connu un recul avoisinant les 15%.

Selon Pascal Chevalier, directeur de l'Insee, "globalement, les indicateurs disponibles montrent que l'année 2010 sera un peu meilleure que 2009". Interrogé sur les conséquences sur l'économie réunionnaise du plan de rigueur adopté par le gouvernement, Pascal Chevalier répond : "ce plan a pour objectif de corriger le déficit de l'Etat. Son impact sur l'économie locale est à relativiser".

Le bilan économique 2009 de l'Insee et le bilan 2009 de l'Iedom (Insitut d'émission des DOM) seront disponibles en kiosque à partir de ce samedi 3 juillet.

Mounice Najafaly pour
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