Echanges commerciaux en 2009

Le commerce extérieur n'échappe pas à la crise

  • Publié le 16 juin 2010 à 03:00

Les services de la préfecture ont présenté ce mardi 15 juin 2010 les chiffres du commerce extérieur pour l'année 2009. Des chiffres en baisse par rapport à 2008, à cause de la crise économique. Le déséquilibre entre les importations et les exportations reste quant à lui important. Malgré ces mauvais chiffres, l'heure est à l'optimisme. En effet, sur le premier trimestre 2010, les chiffres de l'exportation de l'île se redressent avec une progression de 48% de la vente vers les pays tiers (hors métropole).

Comme tous les pans de l'économie réunionnaise, le commerce extérieur n'a pas échappé à la crise en 2009. "Ce fut une mauvaise année", reconnaît Michel Lalande, préfet de La Réunion qui rappelle que l'économie locale a vécu une année "sous perfusion", grâce au plan de relance, aux avances sur la TVA ou encore au protocole Novellli.

Pour Vincent Hec, directeur adjoint des services des douanes, deux éléments marquent l'année 2009. D'une part, le "fort déséquilibre" des échanges commerciaux. En effet, les importations sont 17 fois supérieures aux exportations (4,2 milliards d'euros d'import contre 247 millions d'euros d'export). Conséquence, le taux de couverture de La Réunion (indicateur mesurant l'indépendance économique) reste à 6% en 2009, contre 7% en 2007.

Autre élément clé que note Vincent Hec, les échanges commerciaux en 2009 sont en baisse par rapport à 2008. Ainsi, les chiffres de l'importation s'élèvent à 4,2 milliards d'euros en 2009 contre 4,5 milliards en 2008 (soit une baisse de 7,60%). En ce qui concerne les exportations, ce chiffre est de 247 millions d'euros en 2009 contre 260 millions d'euros en 2008 (soit une baisse de 4,99%).

Dans les détails, les principaux produits importés sont les produits pétroliers (7,60% des importations, soit 471 000 tonnes de carburants), les voitures de tourisme (6,49% des importations) malgré une baisse du nombre d'automobiles importés (29 000 en 2008 contre 21 900 en 2009), les médicaments (5,77% des importations), des composants électroniques (3,04% des importations) ainsi que les véhicules de transport (2,26% des importations). A noter que si tous les produits importés connaissent une baisse ou une légère hausse, l'importation de composants électroniques connaît une hausse importante par rapport à 2008 (+116,92%), du fait notamment de la croissance du marché du photovoltaïque à La Réunion.

Les avions font également partie des principaux produits importés (6,96%) mais il s'agit d'un chiffre épisodique lié à l'achat en 2009 de deux boeing 777 en 2009. Ce chiffre a même tendance à fausser quelque peu les résultats de cette étude. Selon Pascal Chevalier, directeur de l'Insee, "sans ce chiffre, l'importation serait en baisse de 13% par rapport à 2008 au lieu des 7,60% enregistrés".

Les importations arrivent principalement d'Europe (près de 65%) dont 54,21% de la métropole. Puis arrive l'Asie avec 18,76% des importations, l'Amérique avec 7,98% des importations (ce dernier chiffre est toujours lié aux deux boeing 777 achetés en 2009) et l'Afrique avec 4,85% des importations. Vincent Hec souligne cependant que les produits venant de la "zone Océan Indien" (îles voisines, Afrique du Sud, Inde et Australie) ne représentent que de 5,05% du total, "ce qui montre la faible implantation au niveau régional". Les produits importés arrivent principalement par bateau (80%).

Les chiffres de l'exportation sont également à la baisse. La canne à sucre reste le principal produit exporté. Il représente 30,24% du total, soit une baisse de l'export de 8,87% alors que la récolte de 2008 était meilleure que celle de 2007. Les produits de la pêche arrivent en 2ème position des produits exportés (18,45%). "Leur exportation est favorisée par les aides européennes", indique Vincent Hec. Les voitures de tourisme , essentiellement des voitures d'occasions qui sont sorties du marché réunionnais, et le rhum, qui se porte très bien avec une hausse de 10,83% de son exportation, complètent le classement en tête.

A noter que les chiffres de l'exportation ne représentant pas complètement la réalité puisqu'ils intègrent le transit, c'est à dire des produits destinés à d'autres marchés mais qui passent par La Réunion. C'est notamment le cas des voitures de tourisme ou encore des téléphones qui sont destinés aux pays de la zone. "Les chiffres du transit restent relativement faibles. Ils ne représentent pas plus de 10% du total des exportations", précise Vincent Hec.

Là encore, les produits locaux sont essentiellement destinés au marché européen (56%) dont 42,41% pour la métropole. Contrairement aux importations, La Réunion est bien implantée dans la zone Océan Indien (îles voisines, Afrique du Sud, Inde, Australie) en ce qui concerne les exportations puisque 24,18% des produits locaux y sont exportés. Le bateau est le principal moyen de transport privilégié pour les exportations (71%).

La baisse des exportations se retrouve également dans les chiffres du nombre de sociétés réunionnaises exportatrices. Elles étaient 635 en 2008 contre 593 en 2009.

Thierry Blin, directeur régional du commerce extérieur, note tout de même une reprise depuis la fin de l'année 2009 et qui s'est poursuivie au premier trimestre 2010. "Sur les 3 premiers mois de l'année, les exportations vers les pays tiers ont progressé de 48%", signale t-il. "De mars 2009 à mars 2010, la hausse est de 10%", poursuit-il.

Ces études ne prennent pas en compte la valeur des exportations de services. "Nous n'avons pas d'outil statistique pour mesurer ces chiffres", affirme Pascal Chevalier, au grand désarroi des professionnels du secteur des services qui souhaitent la mise en place de ce genre de statistiques. "Une étude menée dans les années 2000 montrait qu'on pouvait considérer que le niveau des exportations de services en valeur était plus ou moins comparable, à 5 ou 10% près, au niveau des exportations des biens", indique Thierry Blin. Les services de la préfecture ont néanmoins annoncé qu'ils allaient "faire le nécessaire" pour que les exportations de services soient prises en compte dans les prochaines études.

Mounice Najafaly pour
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