Conseil économique, social et environnemental

"Il faut une politique énergétique cohérente"

  • Publié le 27 novembre 2010 à 10:00

"Les différents acteurs de l'énergie doivent établir une politique énergétique cohérente". C'est ce que préconise le CESER (conseil économique, social et environnementale régional) dans son dernier rapport intitulé "l'électricité : un enjeu de développement pour La Réunion". Augmentation des capacités de stockage des énergies intermittentes (éolien et photovoltaïque), possibilité pour les habitants de consommer l'électricité produite par leur installation photovoltaïque ou encore innovation technologique, ce sont autant de propositions faites par l'organisme économique pour que le défi de l'autonomie énergétique à l'horizon 2030 soit réussi.

Les projets GERRI et Réunion Ile Verte fixent un objectif : atteindre l'autonomie énergétique d'ici 2030. Pour ce faire, les pouvoirs publics veulent miser notamment sur les énergies intermittentes, à savoir l'éolien et le photovoltaïque. En quelques années, la filière photovoltaïque a explosé, au point qu'aujourd'hui les énergies intermittentes constituent 26% de l'énergie alimentant le réseau réunionnais. Or, ce type d'énergie ne peut pas représenter plus de 30% de l'énergie, selon EDF, au risque de déstabiliser le réseau.

D'où cette problématique : "comment atteindre l'autonomie énergétique si l'énergie intermittente ne peut pas représenter plus de 30% de l'énergie alimentant le réseau?", s'interroge Patrick Bayronneau, président de la commission développement durable au Ceser. Première solution proposée, augmenter la capacité de stockage des énergies intermittentes. A l'heure actuelle, il n'existe qu'un centre de stockage d'un Mégawatt. Le Ceser préconise la multiplication de ce genre de centres afin de permettre d'accroître la quantité disponible d'énergie intermittente sans dépasser ce fameux seuil des 30%.

Autre proposition faite par l'organe économique, permettre aux habitants de consommer l'électricité produite par leur installation photovoltaïque. Ce qui est impossible pour l'heure. En effet, la législation oblige le propriétaire de panneaux photovoltaïques à vendre cette électricité à EDF. "Si l'habitant consomme lui même l'énergie produite par son matériel, ce sera autant d'énergie en moins sur le réseau électrique", commente Patrick Bayronneau. Parallèlement, le Ceser propose une augmentation du prix de rachat de l'électricité auprès des professionnels. "En cette période de crise, cela peut aider les entreprises", affirme Jean-Raymond Mondon, président du Conseil économique, social et environnemental.

Le Ceser préconise aussi de "miser sur l'innovation technologique". Une innovation qui passe par l'installation sur l'île d'entreprises spécialisées dans la construction de panneaux photovoltaïques, le développement des fermes agri solaires ou encore l'installation de "compteurs intelligents" à la place des compteurs traditionnels.

L'ensemble des ces mesures doivent être chapeautées par "un schéma énergétique global cohérent", précise le président de la commission développement durable. En effet, à l'heure actuelle, "l'Etat et les collectivités ne travaillent pas dans le même sens", regrette le représentant du Ceser. Il rappelle que l'organe économique s'était opposé à l'installation d'une usine thermique à la Possession. Un projet inscrit dans le programme pluriannuel d'investissement (PPI) de l'Etat. "On ne peut pas vouloir privilégier le développement des énergies renouvelables et en même temps mettre en place une usine fonctionnant au fioul", explique Patrick Bayronneau. "Il faut que l'Etat et les collectivités discutent et fassent des propositions pour mettre en place un schéma cohérent capable de répondre aux enjeux du développement démographique", termine Jean-Raymond Mondon.

Mounice Najafaly pour
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